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Le 17 janvier 2024

A l’heure où les bombardements de poursuivent, en particulier sur Khan Younès où se seraient retranchés des dirigeants du Hamas, les attaques contre des Palestiniens de Cisjordanie se poursuivent également. Plus de 16 bergers et leurs troupeaux ont été expulsés de leurs maisons ; des paysans, en pleine saison de la récolte des olives - une activité économique essentielle – sont empêchés de se rendre dans leurs oliveraies.

Dans le nord de la bande, où les destructions par l’aviation et l’artillerie atteignent 70 à 80 % des immeubles d’habitations et des structures, après l’intervention de chars qui tirent sur tout ce qui bouge, des bulldozers qui rasent tout, l’infanterie tire à vue, assassinant des personnes qui persistent à demeurer sur ce territoire. C’est l’application de la doctrine « Dahiya » qui avait été appliquée au Liban en 2006, du nom d’un quartier de Beyrouth. L’armée israélienne ne doit subir aucune perte, donc on tire, car l’autre est l’ennemi, même s’il s’agit de civils qui ne sont pas des combattants du Hamas.

Le nombre de morts à Gaza dépasse 24 328 personnes tuées sous les bombes.

À Rafah, aux portes de l’Égypte, un million d’êtres humains campent jusque sur la plage, dénuées de tout. Les déplacés vivent dans les mosquées, sous des tentes, voire dans la rue. « Il pleut, et il fait froid » déclare une enseignante de 42 ans, qui s’était promis de ne pas quitter son appartement de Khan Younès, mais le 21 décembre, elle a dû se résoudre à tout abandonner .

Selon l’ONU, plus de la moitié des hôpitaux de l’enclave ne fonctionnent plus. On ignore le sort exact des 136 otages israéliens ; deux sont morts sous les bombes israéliennes selon le Hamas.

La phase intensive de la guerre "se terminera bientôt" dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant . « Le futur gouvernement de Gaza doit émaner de la bande de Gaza et doit être fondé sur des forces qui ne menacent pas l'Etat d'Israël ». Un discours qui change un peu des déclarations jusqu’au-boutistes de Netanyahu et autres ministres extrémistes. Mais de quel gouvernement s’agirait-il ?    

La diplomatie occidentale

Après 3 mois de guerre, la diplomatie occidentale semble s’activer pour mettre fin à une situation de guerre qui menace les intérêts des nations occidentales, avec un risque d’extension régionale, avec les échanges de missiles et roquettes entre le Hezbollah libanais et l’armée israélienne, les attaques des Houthis yéménites contre les navires transportant des marchandises vers Israël. La flotte armée constituée autour d’unités navales américaines et de la Grande Bretagne, a riposté en menant des frappes aériennes contre les Houthis au pouvoir dans la capitale Sanaa, et les gouvernorats de Hodeidah, Taïz, Hajjah et Saada. Les 73 raids effectués dans la nuit du 11 au 12 janvier, ont visé des sites militaires, faisant cinq morts et six blessés, a indiqué le porte-parole militaire des Houthis, cité par l’AFP. La dégradation de la situation pourrait impliquer le Pakistan qui a accusé « l’Iran d’une frappe aérienne sur son territoire ciblant le quartier général du groupe jihadiste Jaish al-Adl. Téhéran a confirmé avoir visé un « groupe terroriste iranien ». Les Etats-Unis ont annoncé mercredi 17 janvier, désigner à nouveau les rebelles yéménites Houthis comme étant une entité « terroriste ».

LE PLAN BORRELL

Dans ce contexte dangereux pour la Paix mondiale, après la visite du secrétaire d’Etat américain, c’est Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, qui s’est rendu au Moyen-Orient, à Jérusalem et Ramallah.

Il propose, dans une tribune au « Monde », un plan pour éviter une extension du conflit israélo-palestinien au Liban et briser la spirale de la violence au Moyen-Orient. Car, « A Gaza, une solution purement militaire ne suffira pas si elle ne débouche pas sur un projet politique » a t-il déclaré. Ajoutant :

« La guerre n’est inévitable que pour ceux qui ont un intérêt politique à la perpétuer.

Dans le contexte actuel, il y a trois priorités. La première est d’empêcher à tout prix une extension du conflit israélo-palestinien au Liban. La deuxième est d’atténuer la situation catastrophique à Gaza tout en reprenant des négociations sérieuses pour libérer les otages israéliens. La troisième est d’ouvrir la voie à un règlement du conflit israélo-palestinien, en commençant par mettre fin à la violence contre les Palestiniens en Cisjordanie. Si ces trois enjeux ont évidemment leurs propres dynamiques, ils sont en réalité totalement imbriqués.

...il existe une base légale à un accommodement. Il s’agit de la résolution 1701. Elle suppose un cessez-le-feu, le retrait des forces du Hezbollah derrière la rivière Litani, le respect par Israël de l’espace aérien libanais et l’ouverture de négociations indirectes sur le différend territorial entre les deux pays, dont la portée est en réalité limitée. Cela pourrait être fait immédiatement. Et l’Union européenne est prête à apporter son aide.

[...]C’est précisément à Gaza que se trouve l’épicentre de la crise régionale. Sur le plan humanitaire, la situation est épouvantable.

Borrell propose :

- Une augmentation de l’aide humanitaire en accélérant l’entrée de vivres, et donc de camions, dans la bande de Gaza ;

- d’empêcher un nouveau déplacement forcé de facto hors de l’enclave, ce qui est juridiquement illégal au regard du droit international et moralement inacceptable.

La réduction de l’intensité des combats suivie par leur suspension.

- Un retour progressif à une économie monétaire afin que la population ne reste pas totalement dépendante de l’aide internationale pour survivre.

Borrell rend hommage à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Ce qui condamne les propos de Netanyahou à ce sujet.

« On ne peut pas invoquer la légalité internationale en Ukraine et la bafouer à Gaza. La légalité internationale est un tout et le respect des Nations unies est partie intégrante de ce tout. » C’est une condamnation de l’évidence du « deux poids, deux mesures ». Mais quelles sont les dispositions pratiques mises en œuvre, en particulier vis à vis du soutien américain à Israël ? Ces belles paroles sont contrebalancées par : « Dans le même temps, les négociations sur les otages israéliens doivent reprendre sérieusement. Il n’est pas réaliste de voir Israël suspendre ses opérations militaires sans garanties tangibles sur la libération des otages israéliens par le Hamas ». C’est-à-dire la reprise du discours de Biden ... Et qu’en est-il des otages palestiniens, les prisonniers administratifs ? Les 3 000 prisonniers supplémentaires emprisonnés illégalement par les forces répressives israéliennes, dont huit d’entre eux seraient morts sous la torture .

- Après quoi une Autorité palestinienne intérimaire soutenue par la communauté internationale devra être mise en place. Le fait qu’il y ait des forces politiques en Israël en faveur d’une solution négociée plutôt que purement militaire est encourageant. Et je continuerai à dialoguer avec eux, ainsi qu’avec les forces palestiniennes et arabes.

- Le règlement du conflit israélo-palestinien est le seul obstacle sur la voie d’une normalisation complète entre les États arabes et Israël.

Voilà qui arrangerait les intérêts gaziers de ces Etats, et ceux des occidentaux intéressés par les gisements gaziers au large de ... Gaza !

- Un arrangement intérimaire devrait être validé cette fois-ci par le Conseil de sécurité de l’ONU. [...]

A l’issue de cette transition, une solution politique globale incluant Gaza et la Cisjordanie devra être négociée entre Israël et l’État palestinien, avec le soutien de la communauté internationale. Ce qui suppose l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie.

[...] il faut poser d’emblée l’impératif des deux États comme solution au conflit. Le second est de ne pas compter uniquement sur les Israéliens et les Palestiniens pour s’entendre. Les conditions de la paix doivent être appliquées et garanties par l’ensemble de la communauté internationale.

A nouveau la solution à deux États qui est brandie, mais aucune allusion au principe d’autodétermination des peuples et donc du choix des Palestiniens comme de celui des Israéliens.

 

 

Tag(s) : #actualité, #GEOPOLITIQUE, #ISRAEL, #PALESTINE, #PAIX
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