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« La guerre à Gaza et les souffrances humaines catastrophiques qu’elle entraîne doivent cesser immédiatement. Aucune paix au Moyen-Orient ne pourra procéder du terrorisme, de la violence ou de la guerre. Elle résultera de la solution des deux États. C’est la seule option crédible pour garantir paix et sécurité pour tous et faire en sorte que ni les Israéliens ni les Palestiniens n’aient à revivre les horreurs qui les ont frappés depuis les attentats du 7 octobre 2023. » Ont déclaré les trois présidents dans quatre médias internationaux. Belles paroles, mais que font ils concrètement pour que le gouvernement israélien arrête le massacre et négocie sérieusement, pour un cessez le feu immédiat et définitif avec un perspective de paix juste et durable pour l’avenir, trouver une solution à la question palestinienne ?

La France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, devrait multiplier les interventions en ce sens pour imposer « la mise en œuvre immédiate et inconditionnelle de la résolution 2728 du Conseil de sécurité des Nations unies », qui exige un cessez-le-feu immédiat. Imposer des sanctions efficaces.

Commencer par arrêter les exportations d’armes ; cela concerne les États-Unis, l’Allemagne la Grande-Bretagne et aussi la France et d’autres nations comme la Serbie[1], etc...Car Israël « ne peut pas mener cette guerre sans le soutien des pays occidentaux donc des États-Unis et de l’Union européenne[2]. » Même le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a suggéré aux États-Unis de réduire leurs livraisons d’armes.

De nombreuses associations[3], des Palestiniens individuellement, ont saisi les tribunaux en France, en Allemagne, en Italie, au Danemark et au Royaume-Uni. Car ces pays ne respectent pas leurs propres obligations dans le cadre de la convention de la prévention du génocide dont la CIJ a constaté les risques plausibles. Tous les pays signataires sont censés prendre des mesures pour l’éviter.

Autre possibilité : reconnaître l’État de Palestine, pas en posture, mais réellement comme s’apprête à le faire l’Espagne, comme l’ont déjà fait de nombreux pays. Ce serait un pas en avant sur le chemin de la négociation, avec un État reconnu internationalement. Resterait à négocier de quel État il s’agit, dans quelles conditions, avec quels droits, quelles frontières. Ou à envisager un État commun pour les deux peuples, sans partition, mais une réelle égalité des droits pour tous les citoyens, sous la forme qu’ils décideraient eux mêmes. Car avant tout, c’est le droit à disposer de soi qui doit s’appliquer en priorité. Ce n’est pas aux autres de décider pour le peuple palestinien comme pour le peuple israélien.

Netanyahou veut étendre la Guerre dans la région, et y entrainer les États-Unis.

Ses troupes frappent au Liban, en Syrie avec le bombardement d’un consulat iranien à Damas (16 morts dont 7 officiers des Gardiens de la Révolution). Il veut provoquer une riposte importante de l’Iran qui amènerait les États-Unis à s’engager contre l’État des mollahs chiites. Si l’Iran arme ses alliés du Hamas et du Hezbollah, les Houthis[4] du Yémen, la Syrie de Bachar el Assad, il ne souhaite pas s’engager dans un conflit armé frontal qui remettrait en cause sa politique nucléaire... «Téhéran n’a jamais cherché à attiser les tensions dans la région, mais l’attaque terroriste du régime israélien [...] et le silence des États-Unis et de la Grande-Bretagne encouragent [le premier ministre israélien, Benyamin] Nétanyahou à poursuivre la guerre et à l’étendre dans la région », a déclaré le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian[5]

Cependant, l’ayatollah Ali Khamenei, avait indiqué qu’Israël serait « puni ». Ce qui a été fait dans la nuit de samedi à Dimanche 14 avril, par les tirs de plus de 300 engins, drones et missiles touchant une base aérienne dans le Néguev et blessant une fillette originaire d'un village bédouin près d'Arad (sud d'Israël), sérieusement blessée par des débris[6]. La frappe était attendue par Israël et ses alliés occidentaux. L'Iran avait même prévenu, pour lui l'affaire est close. "L'opération Promesse honnête a été menée avec succès entre hier soir et ce matin, et a atteint tous ses objectifs", a déclaré le général iranien Mohammad Bagheri. Le régime iranien ne pouvait pas ne pas riposter à l'attaque israélienne contre une enclave diplomatique, c'est-à-dire un morceau du territoire iranien. « Quel pays peut accepter de voir ses responsables assassinés dans une ambassade par un autre pays qui, à cette occasion, n’hésite pas de surcroît à violer la frontière de son voisin ? Quel pays ? Aucun[7] ».

L'armée française, a aussi participé au dôme de fer de la défense israélienne pour "contribuer à la surveillance" de ces emprises. Il en est de même pour la Jordanie pour les engins traversant son espace aérien[8].

Un grave dérapage n’est pas exclu mettant tout le Moyen-Orient à feu et à sang, comme l’estiment de nombreux observateurs comme Bernard Guetta l'eurodéputé Renew Europe : "On imagine mal que les Israéliens ne veuillent pas aller riposter à cela, malgré le quasi-veto des États-Unis"[9]. Il craint "que les Israéliens saisissent l'occasion et essaient de frapper les installations participant au programme nucléaire iranien".

La situation dans la région est inquiétante prête à exploser :

- Le régime iranien est instable, fragilisé par l’opposition des femmes au port obligatoire du foulard islamique depuis l’assassinat de la jeune kurde Mahsa Amini et la dégradation de la situation économique, avec une inflation considérable sur les produits alimentaires. La riposte frontale à Israël permet de remobiliser le nationalisme de la population. Netanyahou et l’ayatollah Ali Khamenei ont des intérêts opposés mais convergents dans cet affrontement.

- Le Liban est un pays en pleine déliquescence politique. L’État n’existe plus, ne contrôle plus rien et surtout pas un Hezbollah très actif contre Israël et en Syrie.

- l'Irak est un pays explosé, profondément divisé, entre les chiites proches des ayatollahs iraniens et les sunnites.

- La Syrie n'existe plus, très fracturée.

- La politique de rapprochement avec Israël des pays arabes, dirigés par des gouvernements autocratiques, est en complète contradiction avec l’opinion publique de populations très favorables aux Palestiniens.

Pour l’instant les États-Unis ne semblent pas d’accord pour accompagner Netanyahou dans une guerre frontale contre l’Iran, tout comme les puissances occidentales, qui tout en affirmant soutenir Israël, mettent en garde Netanyahou contre une riposte trop importante. Mais Celui-ci a déjà forcé la main à Biden en bombardant le consulat iranien à Damas. Netanyahu n’agissait pas dans le cadre de la réplique au 7 octobre ». Il a provoqué sciemment, une nouvelle étape de la situation de guerre dont le but était d’obtenir une réaction en riposte de l’Iran.

Une nouvelle escalade conduirait à une probabilité de mondialisation dangereusement plus grande de la guerre totale, avec des pays disposant de l’arme nucléaire, à commencer par Israël, le Pakistan et l’Inde, et des « amis » ou alliés comme la Chine, la Russie...

Personne ne veut, en dehors de Netanyahou, de l’escalade. A commencer par l’Iran qui a immédiatement fait savoir publiquement, à travers sa mission à l’ONU, qu’il y aurait une seule riposte, et que c’était “la fin de la question” selon Rym Momtaz, (chercheuse spécialiste du Moyen-Orient au sein de IISS), qui a relevé les « multiples avertissements envoyés par l’Iran en amont qui ont permis aux renseignements israéliens de de préparer « l’efficacité de la défense antimissile israélienne » analyse la chercheuse Héloïse Fayet, de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Imposer le refus de la guerre comme issue à une situation de tensions

Cela commence par le cessez-le-feu, la levée du siège de Gaza et la fin du génocide. La libération des otages en échange de prisonniers se ferait alors tout naturellement puisque leur rétention n’aurait plus de raison d’être.

Des sanctions doivent être imposées à Israël en cas de refus, avec l’accord ferme des États-Unis et de l’UE (qui doit suspendre l’accord d’association), stopper les livraisons d’armes sans lesquels l’État hébreu ne peut pas mener sa guerre.

Il devrait être ajouté la condamnation de l’attentat de Netanyahu en Syrie contre l’ambassade iranienne demandé par les Iraniens, puisque c’est le point de départ de l’escalade. Iran et Israël doivent avoir des garanties mutuelles de non-agression, avec un retour à l’accord sur le nucléaire déjà signé.

Le seul moyen pour les israéliens de culture juive de vivre en sécurité est de parvenir à un compromis politique qui respecte les droits des Palestiniens.

Ils doivent choisir entre :

- un cessez-le-feu et la possibilité d’un dialogue avec les Palestiniens,

- ou une guerre sans fin et un isolement international tel qu’ils n’en ont jamais connu. Et à terme , inéluctablement, la remise en cause de leur État juif !

 

Allain Louis Graux

   le 15.04.2024

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Balkan Investigative Reporting Network (Birn)

[2] Marc Botenga, député européen du Parti du travail de Belgique (PTB), à l’Humanité du 12.04.2024 : « Gaza : comment stopper Netanyahou » Pierre Barbancey

[3] « Une dizaine d’ONG saisissent la justice française afin de suspendre les livraisons d’armes à Israël. Elles dénoncent un manque de transparence du gouvernement, dans un contexte où « personne ne peut ignorer tous les indices de commission de génocide » à Gaza. (Mediapart 11.04 24 - Mathieu Dejean - Livraisons d’armes à Israël : des ONG franchissent le cap judiciaire)

[4] Les houthis, du nom d’Hussein Badreddine al-Houthi sont une organisation armée, politique et théologique zaïdite. Le nom houthi est à l'origine le nom d'une tribu, le véritable nom du mouvement est Ansar Allah ou Ansârollâh ou Ansarullah signifiant « les partisans de Dieu ».

[5]Agence France-Presse (11 avril 2024)

[6] Rapporté par le Wall Street Journal

[7] Jean Luc Mélenchon (blog).

[8] Source : France info le 14.04 - 2024 -Pierre-Louis Caron, Juliette Campion

[9] Sur France – inter le 14.04.2024

Tag(s) : #ISRAEL, #GEOPOLITIQUE, #PALESTINE, #POLITIQUE, #international
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