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Comment en arriver à déclarer la famine en ce début du XXI° siècle ? C’est la question que se pose Cristina Amaral, directrice pour la FAO[1], et c’est celle que nous devrions tous nous poser, non par curiosité mais pour tenter d’y porter un remède durable.

Le monde occidental mobilise des milliards d’Euros et de dollars pour réunir les fonds nécessaires au sauvetage du système banquier international et se révèle incapable de mobiliser les sommes nécessaires au sauvetage de sa propre humanité. Le programme alimentaire mondial (PAM) avait un budget de 6 milliards de dollars, il a été réduit à 2,8 milliards parce que les pays riches ne payent plus leurs cotisations. Pourtant les pays européens ont pu rassembler 162 milliards pour colmater le déficit des banques détentrices de la dette grecque. Fonds perdus ! Car ce n’est qu’une cautère sur une jambe de bois, plus propre à calmer les spéculateurs que de mettre en œuvre une solution efficace qui éviterait d’affamer aussi les classes populaires hellènes. Mais c’est un autre problème.

Pour en rester sur la spéculation, c’est aussi une des causes de la famine subie par les populations de la corne de l’Afrique (Somalie, Kenya, Ethiopie, Erythrée). Les prix alimentaires des aliments de base (riz, maïs, céréales) qui couvrent 75% de la consommation mondiale ont explosé en raison de la spéculation des Hedge funds [2] et des banques. La tonne de blé a doublé en un an, celle de riz plus que doublé, et le maïs a augmenté de 63%. Les pays pauvres, déjà asphyxiés par des dettes qui absorbent quasiment tous leurs revenus, sont privés de ressources budgétaires par les réformes structurelles du FMI, par l’OMC et des accords bilatéraux qui ont diminué le montant des droits de douane qu’ils perçoivent sur leurs importations. Ils ne peuvent plus acheter les aliments que bien souvent ils sont incapables de stocker afin de constituer des réserves alimentaires, pour échapper aux fluctuations du marché. Un marché indécent !

La sécheresse, le dérangement climatique, n’expliquent pas à eux seuls la faim dans le monde. Il s’y ajoutent les problèmes engendrés par le déplacement et les migrations des populations, qu’elles se réfugient dans des camps pour tenter d’obtenir une aide alimentaire, pour survivre, ou en envoyant ceux qui sont éduqués pour tenter leur chance sur les routes peu sûres de l’émigration.

Les investisseurs étrangers accaparent les bonnes terres et y produisent des produits voués à l’exportation. Les petits paysans, expulsés, ou ruinés par le développement de monocultures exportatrices, viennent grossir les bidonvilles[3] des grandes agglomérations où ils ne trouvent que chômage et misère.

« Bien que la moitié des terres arables mondiales soient encore disponibles, l’Afrique, n’a pas ou ne dispose que peu de bonnes terres encore libres[4]. »

Il est possible pourtant de réduire le problème de la faim en aidant ces pays à développer leurs cultures vivrières, en particulier pour la maîtrise de l’irrigation[5]. Il est indispensable d’aller dans le sens d’une démondialisation pour l’autonomie vivrière des nations, de leur souveraineté alimentaire, grâce à des protections douanières, et des aides internationales dévolues directement à la promotion des petites exploitations paysannes répondant aux besoins locaux, et non à des gouvernements mal avisés ou dictatoriaux qui vouent leurs pays à la monoculture exportatrice et industrialisée (coton, bananes, cacao, café, huile de palme, agrocarburants), ou les vendent à l’encan[6].

« Les programmes de protection sociale basés sur l’alimentation peuvent-être un des moyens les plus fiables pour l’achat après des petits exploitants,  dit la directrice du PAM. Ils permettent d’injecter de l’argent dans l’économie locale, d’offrir une occupation et un salaire à ceux qui en bénéficient, tout en construisant des routes, des infrastructures d’irrigation ou des installations industrielles qui rapprochent les agriculteurs des marchés. »

 

Comme en France et en Europe, les pays en voie de développement ont besoin d’une planification écologique du développement économique qui prend en compte les véritables besoins des populations, pour assurer leur bien être, leur éducation, leur santé, au-delà de leur simple survie.

C’est tout le système mondial de production et d’échange qu’il est nécessaire de transformer.

Mais, il y a des urgences immédiates à satisfaire, avant de réussir les révolutions citoyennes qui permettraient d’agir à long terme et de façon durable.

 

Que ceux qui le peuvent - et le veulent – fassent preuve de solidarité et de générosité envers ceux qui meurent par centaines sur les chemins et dans les camps de la faim. On peut donner son obole à l’organisation de son choix, elles ne manquent pas 

-          Médecins du Monde ; médecinsdumonde.org

-          Médecins sans frontières ; www.msf.fr

-          CCFD (Comité Catholique Contre la Faim et le Développement) www.ccfd.asso.fr

-          www.actioncontrelafaim.org

-          www.unicef.fr/

Etc…

 

Allain Graux

Le 28 juillet 2011



[1] FAO : Organisation de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation

[2]Fonds de placement spéculatifs

[3] Le vol des terres des populations rurales du Sud, aurait fait plus d’un milliard de personnes déplacées vers les bidonvilles. ‘Liz Alden Wily – “Whose landis it ? Commons and conflict states.”

[4] Paul Mathieu, expert en gestion foncière FAO

[5] L’eau est un élément essentiel de la production alimentaire. Dans les pays en développement seuls 20% de la superficie agricole sont irrigués ; en Afrique subsaharienne, seulement 4% des terres arables le sont.

[6] REF : lire la Voie, P217-218 – Edgar Morin -

Tag(s) : #politique
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