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LE SPORT

Comment développer le sport pour toutes et tous dans un contexte d’occupation rendant impossible l’organisation d’échanges ou d’activités sportives et l’accès aux infrastructures sportives ?

L’article premier de la Charte internationale de l’éducation physique, de l’activité physique et du sport de l’Unesco du 17 novembre 2015, rappelle que le « sport est un droit fondamental pour tous ». L’occupation israélienne subie par la population palestinienne depuis plus de 70 ans vient bafouer l’accès à ce droit. Les habitants de la Palestine sont contraints de développer des activités physiques et sportives dans des espaces restreints et limités.

Le sport populaire est engagé depuis plus 40 ans par les petites associations de quartier. Il est très populaire parmi des femmes et des hommes, et bien sûr la jeunesse, avec des rencontres, des moments de partage, des discussions jusqu’au bout de la nuit, des repas, des cafés, des débats sur les règles du jeu, le nombre de joueurs en hand-ball ou au foot, sur comment organiser un marathon, un tournoi, une vie associative.

Le mouvement sportif arabo-palestinien des années 1930 et 1940 faisait partie intégrante du mouvement nationaliste. La dimension nationaliste et masculine du mouvement sportif palestinien est illustrée par les équipes sportives de jeunes qui prennent les noms de commandants militaires musulmans et arabes historiques, tels que Khalid Ibn al-Walid.

La constitution de l’Association sportive arabo-palestinienne, fondée en 1944, interdit explicitement la participation de joueurs juifs alors que la fédération sioniste de football (Palestine Football Association) incite les clubs arabes à devenir adhérents afin de maintenir sa reconnaissance par la Fifa en tant que fédération officiellement représentative du pays, la Fifa ne reconnaissant qu’une seule fédération de football par pays membre.

Parmi les Arabes, certains clubs sportifs au milieu des années 1940 étaient utilisés pour préparer la jeunesse arabe dans la perspective d’un conflit militaire avec les sionistes[1].

La guerre de 1948 a crée une nouvelle réalité sociopolitique qui eut des répercussions considérables sur les institutions sportives, dévastateurs pour les sportifs palestiniens. Avec la guerre, les Palestiniens ont perdu les centres urbains modernes qu’ils avaient sur la côte. En 1947, des dizaines de clubs sportifs arabo-palestiniens étaient en activité principalement en ville, la destruction massive engendrée par la guerre et l’exil forcé d’élites urbaines ont provoqué la disparition de la quasi-totalité des clubs sportifs existants dans le territoire qui devint celui d’Israël.

Le niveau d’hostilité et de déni réciproque entre Israéliens et Palestiniens est tel, que les rencontres sportives entre leurs équipes représentatives sont assez rares. Cependant, Juifs et Palestiniens de citoyenneté israélienne se rencontrent régulièrement sur les terrains de sport. Plus le sport est fondé sur l’affirmation de la masculinité et revêt un caractère guerrier, plus les Palestiniens d’Israël y sont représentés et y réussissent...

Anwar Abu Eisheh, président de l’association des étudiants palestiniens en France (aujourd’hui professeur à l’université d’Al Quds, à Jérusalem-Est, sera le premier porte-drapeau d’une délégation olympique palestinienne à Atlanta en 1996).

L’équipe nationale de football palestinienne a effectué un séjour en France la première semaine de mai 1982, et pour la première fois de son histoire, l’équipe a disputé le 29 janvier 2024, un huitième de finale de la Coupe d’Asie de football, opposée au Qatar (match perdu par 2-1). La Fédération de Palestine de football a été reconnue en 1998 par la Fédération internationale de football association (Fifa) et par la Confédération asiatique de football, cinq ans après la création de l’Autorité palestinienne.

Cependant, le football palestinien, le sport le plus populaire et le plus pratiqué en Palestine, a payé un lourd tribut à l’occupation israélienne. Beaucoup de joueurs de niveau national ou international, ou plus modestes, ont connu la prison, d’autres ont été mutilés ou tués. La plupart des assassinats ont eu lieu en 2009 : Ayman Alkurd, Shadi Sbakhe et Wajeh Moshtaha, tués pendant la guerre israélienne contre la bande de Gaza. Saji Darwish âgé de 18 ans, abattu par un sniper israélien près de Ramallah. Mahmoud Sarsak, membre de l’équipe nationale de football de Palestine, arrêté et torturé par Israël dans une saga douloureuse qui a duré trois ans. Il a gagné sa liberté après avoir fait une grève de la faim qui a duré plus de 90 jours. Ahed Zaqqut, star du football palestinien, tué en 2014 ; le tir délibéré dans les pieds de Jawhar Nasser Jawhar (19 ans), et d’Adam Abd Al Raouf Halabiya (17 ans), alors qu’ils tentaient de franchir un poste de contrôle militaire israélien pour rentrer chez eux après une longue séance d’entraînement. Le ciblage des sportifs palestiniens est un point constant dans les « tâches » des militaires israéliens...

En 2019, l’armée israélienne a attaqué le stade Al Khader à Bethléem en lançant des gaz lacrymogènes sur les joueurs pendant le match. Toujours en 2019, les Palestiniens n’ont pas pu organiser le match final de la Coupe de Palestine, car Israël a empêché l’équipe de Khadamat Rafah, basée à Gaza, de se rendre en Cisjordanie pour affronter l’équipe du FC Balata.

Pour les Palestiniens, le sport – en particulier le football – reste une puissante plate-forme de résistance culturelle. En Palestine, le football est un acte politique[2].

 

 

 

[1] Haim Levenberg, Military Preparations of the Arab Community in Palestine 1945-1948, London, Frank Cass, 1993.

[2] Ramzy Baroud – « Palestine occupée : quand le sport est résistance » – Chronique de Palestine -27 juin 2022

 

Tag(s) : #PALESTINE, #PAIX
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