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Toulon le 30 octobre 1961

Le 17 octobre, j'étais à la base des commandos marine à Arzew où j'attendais avec impatience la libération de mes obligations militaires, de mon engagement dans la marine nationale. J'avais été transféré dans cette base, après un séjour prolongé à la prison maritime de Toulon, après l'affaire de Bizerte et mon incompatibilité d'humeur avec la guerre et l'armée... Je venais d'être "rapatrié" par le Ville d'Oran et j'avais rejoint la chambre que je louais à Toulon. J'ignorais encor tout des tragiques évènements du 17 octobre à Paris.

En achetant les journaux, Le Monde et l’Huma, j’apprends ce qui s’est passé le 17 octobre à Paris, une journée tragique dont je n’avais pas eu connaissance puisque j’ai été embarqué sur le Tartu le 18, sans avoir pu lire la presse.

Lors d’une manifestation pacifique d’Algériens, organisée à Paris par la fédération de France du FLN, la police sous les ordres du Préfet Papon a massacré les manifestants, les arrêtant en masse, mais aussi en les tabassant, en les jetant à la Seine, morts ou vifs ! Les journaux parlent de 38 morts, la police n’en reconnaît que 3 ; certains en évoquent 200...Quelle horreur !

La manifestation était une protestation et un boycott contre le couvre-feu nouvellement appliqué aux seuls Maghrébins. Des attentats frappaient les forces de l'ordre depuis plusieurs mois, les flics se sont vengés. A quoi bon tout cela, alors que l’on parle de négociations de paix avec le GPRA[1] ? Depuis juin, le FLN parisien s'abstenait d'attaquer les policiers et les harkis, respectant ainsi la trêve édictée par le GPRA pendant les négociations avec le gouvernement français.

L’indépendance est en vue, inévitable, mais les ultras des deux camps font des surenchères dans l’horreur, l’OAS comme le FLN commettent des actes meurtriers. Du côté de l’OAS pour empêcher le processus de paix et l’indépendance.

J'allais fêter mes vingt ans, trois semaines plus tard ...Voilà ce que j'avais écrit dans mon journal...

Et deux mois plus tard, allait avoir lieu, en février, l'autre tragédie de Charonne  qui allait faire 9 morts, dont 8 militants et manifestants communistes, massacrés par les m^mes forces policières aux ordres du préfet Papon dont on apprendra qu'il étai aussi un fidèle serviteur de Pétain et des nazis...

 Allain Graux

 

[1] Gouvernement Provisoire de la République Algérienne.

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