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Que s'est-il passé le 9 novembre, lorsque le Congrès de la République, sur la base de dispositions constitutionnelles, a limogé le président du Pérou de l'époque, Martín Vizcarra (également dénoncé pour actes de corruption), de sorte que Manuel Merino (jusque-là président du Congrès) a prêté serment en tant que nouveau président. La réaction populaire simultanée de répudiation dans les rues exprime des vérités profondes et inconfortables qui vont au-delà du fléau endémique de la corruption qui ronge les institutions publiques.

Les membres du Congrès qui ont destitué Vizcarra, appliquant les dispositions de la Constitution politique, ont été récemment élus, dans une large mesure, par les citoyens qui maintenant rejettent ladite action et répudient Merino, les membres du Congrès et les partis politiques. Cela indique que le système de "représentation politique" est épuisé au Pérou. Par conséquent, la «démocratie péruvienne» doit être démocratisée à travers de nouveaux mécanismes de participation qui ne privilégient pas nécessairement les partis politiques.

Le fait que tous les anciens dirigeants péruviens, depuis le début des années 90 du siècle dernier, soient emprisonnés, poursuivis au pénal ou se soient suicidés pour éviter la prison (comme Alan García), indique que ce que vit le Pérou ce n'est pas une crise politique, mais une crise de l'État. L'État péruvien, en plus de ne pas s'occuper des intérêts de tous les Péruviens, fonctionne comme un appendice patrimonial de l'oligarchie péruvienne.

Une nouvelle élection des dirigeants est insuffisante. Un nouvel ordre constitutionnel est urgent

Une crise d'État ne peut être résolue par un processus électoral. Les peuples et les secteurs du Pérou, pour régler les problèmes historiques non résolus, doivent promouvoir un nouveau consensus sociopolitique large et pluriel, pour créer un nouvel État qui exprime la volonté et les aspirations de tous.

L'État-nation actuel, en plus d'être extrêmement exclusif avec les grandes majorités sociales, exprime, dans une large mesure, les intérêts / caprices de l'élite oligarchique, incapable d'articuler / mettre en œuvre un projet de nation en deux siècles de République.

Le Pérou officiel, au cours de ses deux siècles, a eu 12 assemblées constituantes. La première, en 1823. La dernière, en 1993. La plus longue était celle de 1933. Aucune de ces constitutions politiques ne portait, ni ne porte, l'empreinte des secteurs majoritaires du pays. Certains électeurs portaient des noms de famille autochtones, mais politiquement ils obéissaient aux intérêts des patrons.

La nouvelle Constitution politique du Pérou doit être approuvée et rédigée par une Assemblée constituante qui représente tous les peuples et secteurs du pays, comme cela s’est fait au Venezuela avec Chavez, en Equateur avec Corréa, en Bolivie avec Morales, comme cela se fera au Chili. Le plus grand pourcentage possible de la population doit participer de manière décisive à ce processus, à la fois dans le débat sur le contenu de la nouvelle Constitution politique et dans l'approbation du texte constitutionnel par vote populaire.

L'enjeu n'est pas seulement d'avoir une nouvelle Constitution politique, mais de faire participer tous les peuples et tous les secteurs, tous et chacun au processus constitutionnel. De telle sorte que ce processus devienne un espace significatif pour le début de la construction d’une nation plurinationale comme en Bolivie ; deux pays liés d’ailleurs par une histoire coloniale commune et une tentative de fédération...

Parmi les aspirations populaires pour le contenu de la nouvelle Constitution : Établir une démocratie plurielle, y compris une démocratie participative, communautaire et représentative.

Sur le plan économique, la reprise des biens et services privatisés, l'inclusion d'acteurs économiques populaires aux côtés d'entreprises privées sont nécessaires. L'Etat doit cesser d'être une simple «police» qui veille sur les intérêts du secteur privé et devenir l'acteur central de l'économie.

Le pouvoir de révoquer les gouverneurs élus doit être le pouvoir exclusif des citoyens. Cela signifie que la nouvelle Constitution politique doit établir la révocation du mandat de toutes les autorités élues. Des limites doivent être placées sur la voracité immorale de la communauté d'affaires transnationale.

De nombreux droits collectifs et individuels sont absents de la Constitution politique actuelle. Par exemple, le droit à l'autodétermination des peuples autochtones, le droit au consentement préalable, le droit à la terre et au territoire ... doivent faire partie du contenu constitutionnel. Le droit d'accès à la terre, d'accès à l'eau et à l'assainissement doit être intégré dans la nouvelle Constitution.

La conception de la souveraineté, de la sécurité, des relations internationales ..., dans la Constitution politique actuelle, est obsolète pour cette ère d'Internet.

Il est évident que la solution à la crise systémique de l'État que traverse le Pérou ne sera pas résolue avec les prochaines élections en avril. Lors de ces élections, un dirigeant peut être choisi pour permettre légalement le processus d'une Assemblée constituante plurielle, mais la réalisation véritablement participative dudit processus constituant dépend de l'implication responsable de tous les Péruviens dans les différentes phases du processus constituant.

Source : 14 noviembre 2020

| Itzamná Ollantay (Blog telesur)

Tag(s) : #AMERIQUE LATINE
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