Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La Turquie d’Erdogan, les Kurdes et Daech

Ankara a lancé à nouveau ses troupes au Kurdistan contre ceux que le gouvernement d’Erdogan appelle des terroristes et qui sont en réalité des combattants kurdes qui luttent pour leur liberté. Les forces spéciales sont en action contre le PKK, faisant de nombreux morts. Le Président turque s’abrite derrière son statut de membre de l’Otan, et de barrière à l’entrée dans l’Union européenne, des réfugiés syriens qui fuient la guerre civile qui ravage leur pays, pour lancer ses opérations meurtrières en toute impunité. Il bénéficie du silence assourdissant des chancelleries occidentales face à ces exactions. Ce sont non seulement les populations du sud-est de la Turquie, essentiellement des Kurdes, qui font les frais de cette politique à destination d’objectifs purement interne de Recep Erdogan pour renforcer son pouvoir autoritaire, sur le chemin d’un régime totalitaire. Sa politique est d’une duplicité effroyablement remarquable quand on apprend que tous les observateurs ont constaté que son pays commerce en toute impunité avec Daech, en achetant son pétrole, alors qu’il prétend combattre cette organisation de fanatiques assassins.

Erdogan, tout à son rêve totalitaire, n’a pas supporté la victoire des kurdes du HDP alliés aux démocrates turcs, qui ne lui avait pas permis d’obtenir suffisamment de députés pour changer la Constitution et renforcer son pouvoir personnel. Il a rendu le pays ingouvernable pour rendre inéluctable une nouvelle convocation du corps électoral, tout en créant un climat de terreur et de peur. Il n’a manifestement pas hésité à manipuler des groupes islamistes de l’EI pour provoquer des attentats en Turquie même, à Suruç puis à Ankara, contre le mouvement kurde mais également contre la gauche turque. Depuis sa victoire acquise dans ce climat de crainte, il a accentué la répression contre les kurdes, pour détruire le HDP autant que le PKK, tuant des dizaines de civils. La résistance kurde s’organise mais c’est au prix de nombreux heurts avec les forces policières, les milices, l’armée, qui se traduisent par des blessés, des morts, des disparitions de militants. Un bâtonnier a même été assassiné en pleine rue par les barbouzes du régime à Diyarbakir. Un enfant de 11 ans a été tué lors d’une opération de l’armée à Cizre. De simples jeunes manifestants non armés qui dénonçaient le couvre-feu en place depuis le 2 décembre dans le district de Sur, ont été tués par balle par la police. Ce sont 52 couvre-feux qui ont été mis en place depuis la mi-août, dans sept provinces du sud-est de la Turquie.

Les troupes turques ont pénétré au nord de l’Irak et se sont positionnées près de Mossoul. Pour défendre l’Irak contre Daech ou pour se battre contre les Kurdes qui eux combattent l’le prétendu Etat islamique ? Bagdad ayant protesté contre cette violation de son territoire national, le doute n’est guère permis. Alors que la Turquie avait laissé des groupes djihadistes en provenance de son territoire, intervenir contre les kurdes à Kobané[1].

Selon ce journal, « certains observateurs se demandent si le positionnement des troupes turques près de Mossoul ne masque pas, en réalité, la tentative de créer un corridor de sortie pour les combattants islamistes positionnés à Mossoul, alors que le siège de la ville est en train de s’organiser. »

Il est pour le moins paradoxal que des pays occidentaux, laissent bombarder et massacrer les combattants kurdes, de nationalité turque mais aussi syrienne, voire irakienne, par la Turquie également membre de l’Otan, alors que les peshmergas et autres guerriers kurdes sont les meilleurs combattants au sol, le meilleur rempart, contre les forces djihadistes. Des combattants du PKK qui étaient venus prêter main forte pour libérer Kobané et secourir les Yézidis en Irak.

Allain Graux

Le 22.12.2015

[1] Témoignage de l’envoyé de l’Humanité

Tag(s) : #géopolitique
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :