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La passivité politique va-t-elle enfin cesser de l’emporter sur le droit international ?

Très tardivement, le ton des diplomaties occidentales se durcit à l’égard de Benyamin Nétanyahou, alors que le bilan humain approche les 30 000 morts et que le premier ministre israélien menace la ville de Rafah d’une opération d’ampleur.

Joe Biden a tenté de dissuader Benyamin Nétanyahou, ainsi qu’Emmanuel Macron qui a haussé le ton, signifiant mercredi 21 février au chef du gouvernement israélien « l’opposition ferme de la France à une offensive israélienne à Rafah », menaçant de reconnaître l’État palestinien, ce qu’il s’est toujours refusé à faire jusque-là... Chiche !

Longtemps évitée par les chancelleries, mais aussi largement absente du débat public, la question des moyens concrets d’arrêter la tragédie finit par devenir incontournable. La pression est de plus en plus forte, même par ceux qui comme le socialiste Jérôme Guedj, interrogé en novembre par Médiapart sur d’éventuelles sanctions contre Israël, répondait « qu’après le 7 octobre ce serait un renversement de responsabilités terrible et injuste ».

En France, Jean-Luc Mélenchon a été le premier responsable politique à demander clairement, le 14 décembre dernier, des « sanctions économiques contre le gouvernement de l’État d’Israël ». En Belgique, le président du Parti socialiste (PS) belge Paul Magnette a défendu la même chose. Sans prononcer le mot, les premiers ministres d’Espagne et d’Irlande ont évoqué les « mesures adéquates » à prendre par la Commission européenne en cas de non-respect par Israël des droits humains.

Consensus parlementaire pour les Sanctions contre les exactions de colons.

A l’image de la députée PCF Elsa Faucillon, tous les élus pointent le caractère insuffisant des dispositions prises le 13 février par le gouvernement français. PS, PCF, LFI, Écologistes, dénoncent le problème structurel posé par la colonisation illégale, qui mine toute perspective de paix entre Israéliens et Palestiniens. Ce qu’il faut sanctionner, c’est la politique d’un gouvernement d’extrême droite disent-ils. La politique de colonisation n’est pas le seul fait de la droite, c’est une constante, plus ou moins forte, de tous les gouvernements israéliens, à commencer par les travaillistes...

Selon Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, « il ne faudrait pas que le changement de vocabulaire calqué sur les États-Unis vienne à faire oublier que ce n’est pas les seuls colons dit “extrémistes” qui sont le problème au regard du droit international, mais la colonisation elle-même. » « Il n’y a pas les colons “violents” et “les autres”, abonde l’écologiste Sabrina Sebaihi. La colonisation est une violence à part entière, que l’on prenne les terres qui ne nous appartiennent pas par les armes ou à la faveur d’une absence. » Pour Éric Coquerel (LFI), « les sanctions devraient concerner tous les colons qui sont tous en situation illégale par rapport au droit international ». Les dirigeants israéliens eux-mêmes devraient être visés, selon l’avocate Sarah Sameur, qui a déposé une requête en ce sens à Josep Borell, le haut représentant de la diplomatie européenne.

Si la convergence concernant des sanctions économiques contre Israël existe maintenant, ce n’est pas au même rythme. Elles ne concernent pas les pertes humaines et les destructions dans la bande de Gaza. Mathilde Panot, estime qu’il faudrait arrêter les missions économiques et déclarer un embargo sur les produits liés aux colonies et « un embargo sur la fourniture d’armes et de composants militaires à Israël ». Par ailleurs, Manon Aubry (eurodéputée LFI) a demandé au Parlement européen la suspension des accords UE-Israël. Et il faut évidemment arrêter immédiatement toute coopération sécuritaire et militaire de la France avec Israël. » Les communistes vont dans le même sens que LFI. L’écologiste Sabrina Sebaihi fait valoir que l’UE a su prendre des sanctions contre l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, et qu’elle devrait désormais en prendre contre Israël, à commencer par un embargo sur les armes et les produits issus des colonies.

Les sanctions envisagées par le PS et Place publique semblent moins larges que celles envisagées dans le reste de la gauche, le principe de sanctions est accepté, mais en prenant soin de rappeler la condamnation des attaques du 7 octobre menées par le Hamas – « le pire crime antisémite de ce siècle » selon Boris Vallaud ; « le pire pogrom depuis la fin de la Seconde guerre mondiale » d’après Raphaël Glucksmann. Olivier Faure, rappelle la triple revendication de libération des otages, de cessez-le-feu et d’enquête internationale de l’ONU. « Raser le Nord, déplacer les civils à Rafah et maintenant bombarder leur dernier refuge, ce n’est pas lutter contre le terrorisme », abonde Raphaël Glucksmann.

Déposée le 18 janvier, une proposition de résolution de Sabrina Sebaihi et Elsa Faucillon vise à inciter le gouvernement à saisir la Cour pénale internationale (CPI) sur la situation à Gaza. Cosignée par des parlementaires écologistes, communistes et insoumis, la résolution ne devrait toutefois pas être inscrite à l’agenda par la majorité. Les socialistes n’ont pas signé la proposition de résolution.

 « Il ne suffit pas de rappeler mollement à Israël qu’il doit se conformer au droit, souligne Elsa Faucillon. Il faut agir et lui imposer de le faire. Face à ce qui se passe à Gaza, les mots ne suffisent pas. » Ils en « partagent l’intention », assure Boris Vallaud, mais... le PS demande, plutôt qu’une enquête de la CPI, une « enquête internationale sous l’égide de l’ONU », qu’il estime plus efficace[1].

Démission du gouvernement de l’Autorité palestinienne.

Mohammad Shtayyeh, le premier ministre de l’Autorité palestinienne (AP), a formellement démissionné le 20 février. Le président Mahmoud Abbas a accepté cette démission, selon le journal Al-Araby Al-Jadeed. « La décision de démissionner est venue à la lumière de l’escalade sans précédent en Cisjordanie et à Jérusalem et de la guerre, du génocide et de la famine dans la bande de Gaza ». Un gouvernement de technocrates va être formé. « La prochaine étape et ses défis exigent de nouveaux arrangements gouvernementaux et politiques qui tiennent compte de la nouvelle réalité à Gaza et de la nécessité d’un consensus palestinien basé sur l’unité palestinienne et l’extension des prérogatives de l’Autorité sur toute la terre de Palestine », a insisté Mohammad Shtayyeh. Son gouvernement était en place depuis le mois de mars 2019.

Il semble que l’AP, est en attente du résultat des discussions en cours entre Israël et le gouvernement étatsunien, concernant le futur de Gaza. Biden souhaitant un retour de l’AP à Gaza, Mahmoud Abbas s’est rendu disponible pour une telle éventualité...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


[1] Sources : TeleSur, France info, Mediapart (15 février 2024 - Fabien Escalona, Pauline Graulle et Ilyes Ramdani).

 

 

Tag(s) : #ISRAEL, #PALESTINE, #PAIX, #POLITIQUE, #international
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