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Le travail des enfants

En juillet 2014, Alvaro Garcia Linera a fait adopter une nouvelle loi qui règlemente le travail infantile dès l’âge de 10 ans ; l’ancienne législation établissait la limite à 14 ans. Cet âge précoce est surprenant et viole plusieurs accords internationaux ratifiés par le pays. En Bolivie, selon les statistiques de 2012, plus de 850 000 enfants travaillent, soit 17,5 % des 7 à 17 ans, la majorité (72 %) en zone rurale, 27 % des enfants et des adolescents entre 5 à 17 ans occupent une activité laborieuse pendant au moins une heure par semaine. Des gamins crient le nom des destinations des bus, cirent les chaussures, mais il y a aussi 26,7 % des enfants âgés de moins de 14 ans qui effectuent des travaux dangereux, comme le travail à l’intérieur des mines, dans les briqueteries, les champs de cannes à sucre. Souvent employés sans aucun contrôle. Le travail infantile partiel est une pratique courante dans les familles pauvres, mais pas seulement. En septembre 2019, j’ai vu des gamins et gamines âgés de 12 à 14 ans faisant office de serveurs dans un restaurant, et enfants des patrons...Les jeunes travailleurs du secteur informel ne comprennent pas que des organisations souhaitent interdire le travail des enfants. « Ils veulent nous protéger mais, s'ils ne nous laissent pas travailler, comment va-t-on faire pour survivre ? » disent-ils. Travailler, pour beaucoup, c’est la condition pour continuer à étudier. « Sans l’argent que j’apporte, mes parents ne pourraient pas me payer mes fournitures scolaires ni l’uniforme. Je ne pourrais pas aller à l’école », explique Anna, 11 ans, tout en vendant des friandises sur une des principales artères de la capitale[1].

Le gouvernement, avec cette loi, prétend protéger les enfants qui de toute façon travaillent, en leur apportant des avantages sociaux, la dignité et une protection. C’est ce que pense aussi M. Domic, le psychologue social de la Fondation La Paz, pour qui « ce code constitue une grande avancée », car « la loi doit s'adapter aux réalités nationales ». « Exceptionnellement, les services de défense de l'enfance « ensorias de la Ninez » pourront autoriser les enfants et adolescents de 10 à 14 ans à travailler à leur compte et les adolescents de 12 à 14 ans à travailler pour une tierce personne, à la condition que cette activité ne nuise pas à leur droit à l'éducation et qu'elle ne soit pas dangereuse », indique le texte de loi adopté par les parlementaires[2].

Initialement, le nouveau code de l'enfant suivait les traités internationaux en maintenant de manière stricte l'âge minimum de 14 ans, mais le syndicat Unatsbo[3] a multiplié les manifestations pour rendre légal leur travail. Le président Evo Morales a fini par céder, d’autant plus facilement que lui-même a travaillé dans son enfance.

En 2016, selon l'ENNA (Enquête auprès des enfants et adolescents qui exercent une activité professionnelle ou un travail 2016), le gouvernement aurait réussi à réduire de 50 % le travail des enfants et des adolescents de 393 000 sur les 800 000 précédemment recensés. Mais, Estefany Yucra, (15 ans) secrétaire d'Unatsbo, a critiqué ces résultats : « Ils n'ont même pas commencé le recensement ». a-t-elle dit ![4]   

En février 2018, le Conseil constitutionnel a rétabli l’âge minimum de 14 ans, et les responsables du syndicat se battent pour revenir sur cette décision.

 

[1] Travail des enfants en Bolivie - Un autre regard - 28 juil. 2015 - Par Amanda Chaparro – Club Médiapart

[2] Source : Le Monde - La Bolivie autorise le travail des enfants dès 10 ans- Chrystelle Barbier- 05 juillet 2014.

[3] L'Union des enfants et adolescents travailleurs de Bolivie (Unatsbo)

[4] https://www.connectas.org/los-ninos-invisibles/

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