Manuel Valls avec Dieudonné !

J’aurai dû faire antisémite disait François Morel ce vendredi matin sur France-inter, inventer un geste pour que l’on parle de moi. Cet humoriste-là, n’a pas besoin de cela, ni de Valls pour exhiber son talent reconnu par tous. Dieudonné, lui, a recours aux pires grossièretés, au plus vulgaire du racisme antisémite pour attirer un public qui jouit de l’interdit moral et du scandale. C’est ce qui se disait, car moi, je ne suis jamais aller le voir, et heureusement on ne le voit plus sur les étranges lucarnes.

Alors pourquoi Manuel Valls lui fait-il la claque en prétendant lui en donner une. En faisant de ce clown grotesque à la triste figure la une de la grande presse médiatique, des radios aux étranges lucarnes, il lui accorde une importance qu’il était loin d’avoir.

M. Mbala Mbala déjà été condamné plusieurs fois. Il n’aurait jamais payé ses amendes. Ne serait-ce pas plutôt l’affaire de la justice et de Mme Taubira de faire exécuter ses décisions ? Ce qui pose une série de questions relatives au subit emballement du ministre de l’intérieur qui s’agite en tous sens pour faire de ce guignol, l’ennemi public numéro 1 de la République, à l’image de l’un de ses prédécesseurs devenu par la suite Chef de l’Etat et non mois agité. La « valls[1] » hésitation de la justice et son instrumentalisation laisse Mme Taubira étrangement silencieuse dans cette affaire où elle devrait avoir sa place si ce n’est la première. Ce qui rend suspectes les « bonnes » intentions du gouvernement. Du gouvernement de M. Hollande, car comment imaginer qu’il n’est pas décidé de cette action avec son ministre.

Cette agitation de Manuel Valls au sujet du racisme ne serait-il pas destiné à nous faire oublier ses propos douteux à l’égard des Roms qui ne seraient pas intégrables à la société française ? Une manière de se dédouaner d’une image un tantinet xénophobe à l’égard de cette communauté d’européens.

Et puis, à deux mois des élections municipales, on peut se poser la question de prurit soudain, de ce contre Dieudonné. N’est-il pas étrange ce déchainement extraordinairement médiatisé contre ce raciste antisémite, alors que bien peu est fait en ce qui concerne la lutte contre le FN de Marine Le Pen qui prend bien soin de se démarquer du personnage tout comme elle l’a fait de son père qui n’en pense pas moins ? N’utilise-t-on pas Dieudonné comme cache-sexe, plutôt que de lutter frontalement, politiquement[2] contre une extrême-droite bien utile au PS pour limiter un succès de la droite dans les urnes. En laissant le Fn à l’œuvre, tout en s’attaquant au racisme, le gouvernement socialiste n’espère-t-il pas éviter aussi la déperdition de voix sur sa gauche, sa base républicaine et humaniste, et à la gauche des solfériniens ?

Si Dieudonné est condamnable, et il l’est, peut-on l’interdire avant qu’il se soit exprimé ? N’est-ce pas remettre en cause la liberté d’expression, avant toute expression, au préalable ? C’est une utilisation des moyens du gouvernement qui peuvent conduire à une dangereuse dérive.

Dieudonné a déjà été condamné, s’il récidive dans ses propos négationnistes, s’il ne s’acquitte pas des décisions de justice, alors il faut les faire appliquer par la force qui doit rester à la juste loi.

Pendant ce temps on parle beaucoup moins, ou peu, du chômage, des mesures d’austérité qui l’aggrave, des licenciements par milliers de gens chez Goodyear, La redoute, Ducrocq et j’en passe, jetés à la porte de pôle emploi.

Le 10 janvier 2014

Allain Graux

[1] Je reconnais que c’est de l’humour facile

[2] Lutte politique, je remarque que c’est d’ailleurs ce que réclame Mme Taubira, soit une différence avec l’action de M Valls.