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Si on peut contester le principe d’organisation de « primaires » étendues à toute la population, pour départager, dans un parti politique, les concurrents qui souhaitent se présenter aux suffrages des citoyens, il serait difficile de nier que ces élections ont recueilli un succès auprès d’un grand nombre de sympathisants du PS, allant au-delà de leurs propres adhérents, et même en allant puiser chez des électeurs écologistes ou du Front de Gauche. Ceux-là souhaitaient favoriser l’élection ou influencer le choix pour un candidat proche de leurs propres conceptions. Ils pensent que le match final, lors du scrutin officiel, sera inévitablement un affrontement entre le représentant du parti majoritaire de droite et de celui du parti hégémonique à gauche. Ils pensent aussi  éviter le risque d’une présence au deuxième tour de la présidente du Front National, comme ce fût le cas en 2002.

Les officines de sondage, un an avant le scrutin, et sans même connaître la réalité et le contour politique des candidatures, dessinent le paysage politique et l’influencent, notamment en provoquant des remous médiatiques horrifiés autour d’une hypothétique montée de l’extrême-droite. En réalité, le FN ne fait que récupérer une partie de ses électeurs, déçus par la politique de Nicolas Sarkozy. Et ce n’était pas la division de la gauche au 1° tour qui avait provoqué l’élimination de Lionel Jospin - contrairement à que les caciques socialistes ont déclarés - mais sa dérive trop libérale aux yeux d’ouvriers et d’employés qui se sont estimées délaissées au profit des exclus comme des plus aisés. Lors de l’élection de François Mitterrand, il y avait autant de candidats à gauche qu’en 2002 (7 et 8).

La question de la victoire d’un candidat de gauche ne se pose pas uniquement en termes du nombre de candidatures mais en la capacité de rassemblement autour d’une alternative crédible. Or quelles sont véritablement les différences entre Hollande et Aubry, issus du même moule de la sociale démocratie chrétienne ? Quel changement entre le social-libéralisme des uns et l’ultra- libéralisme de Sarkozy ? Les trois sont libéraux. Et, il n’y aurait pas d’autre choix possible qu’entre ceux-là, dans la perspective de primaires institutionnalisés ? Car c’est un des enjeux de ces primaires manipulées, celui de passer du mode de désignation dans un parti au choix institutionnel généralisée, comme aux Etats-Unis, en oubliant les conditions géographico-historiques qui avaient prévalues au temps des pères fondateurs. C’est oublié bien rapidement ce qui est arrivé à la gauche italienne, sa quasi disparition.

Cependant, au-delà de ces considérations de principe, il est nécessaire d’analyser ce qui s’est passé le dimanche 9 octobre. Pour beaucoup de votants, c’était :

-          « Pour une fois, on nous demande notre avis ».

-          « Il faut virer Sarkozy, pour que ça change ».

Les débats ont intéressé, c’est incontestable. Le PS s’est mobilisé et à donner un regain d’activité militante à un parti d’élus et de clients. Il a capté l’attention des médias et des citoyens, au grand dépit des dirigeants de l’UMP, agacés par une publicité qui leur était octroyée auparavant. La droite ne fait plus l’actualité, ça c’est un changement. Et cela prouve que les Français s’intéressent à la politique. Ce qui ne les intéresse pas, ce sont les magouilles politiciennes. Ce qui ne les mobilise pas, c’est l’autisme des dirigeants à l’égard de leurs problèmes quotidiens, ce sont les cumuls,  les prébendes de certains. Mais, est-ce que le rôle d’un parti politique - pièce indispensable et nécessaire de la démocratie - se résumerait maintenant, à l’exercice de primaires aux échéances électorales, négligeant le travail militant d‘éducation populaire et de politisation des citoyens, au sens noble de la politique : assumer les choix sociétaux de gestion de la cité ?

Les primaires ont certes permis à des candidats décrétés marginaux, utopistes, de faire entendre leur voix et leurs propositions. Ce fût en particulier le cas pour Arnaud Montebourg, arrivé en 3° position avec près de 17 % des suffrages, sur des idées proches de celles exprimées par le candidat du Front de gauche, Jean Luc Mélenchon, son ex-camarade de la gauche du PS, et partisan tout comme lui du Non au traité constitutionnel européen. Mais s’il a obtenu 17 %, ce n’est cependant pas un vote majoritaire. Pas plus lui que Ségolène Royal  n’ont mobilisé les classes populaires résidant dans les quartiers, les banlieues périphériques.

S’il est difficile, sans enquête précise et sérieuse, d’analyser les résultats sortis des urnes, on peut dégager néanmoins quelques tendances :

-          La mobilisation dans les quartiers populaires a été très faible ; C’est un échec patent. Ce qui n’était pas le cas pour le référendum européen. Et paradoxalement, c’est Hollande qui ramasse la mise des maigres votes de la banlieue. Il est également en tête, dans 90 % des départements, en milieu rural, et obtient ses meilleurs résultats dans les villes moyennes. Ce vote reflète l’influence du discours médiatique chez les moins politisés[1] analyse l’universitaire Frédéric Sawicki, spécialiste du PS[i]. Et, à la campagne, un homme ferait-il plus sérieux qu’une femme ?

-          Martine Aubry ne l’emporte que dans cinq départements, au Nord, en Seine maritime, Hautes-Alpes et Paris. D’une manière générale, Martine Aubry a l’avantage au centre des grandes  villes. A Paris, c’est à l’Est qu’elle a bâti largement son succès face à un Hollande gagnant à l’Ouest, dans les quartiers bourgeois. Les jeunes, étudiants, universitaires, ont plus voté pour Martine Aubry.

-          Arnaud Montebourg obtient 56% des 30 000 votants dans son département de Saône et Loire, plus de 20 % en Bourgogne, en particulier en Côte d’Or, à Dijon où il a fait ses études et demeure très connu et apprécié, malgré le soutien de François Rebsamen, maire et président du groupe socialiste au Sénat, à François Hollande.

-          Plus généralement, le trio de tête l’a emporté chacun dans son fief, un vrai plébiscite pour Hollande avec 86% en Corrèze, plus modestement 54% pour Aubry dans le Nord.

-          Le vote a été inégalement réparti, en fonction de l’intensité de la mobilisation militante des appareils fédéraux : 200 bureaux de vote en Saône et Loire pour 220 dans les Bouches du Rhône. Ce qui limite son aspect démocratique.

-          Selon Frédéric Sawicki (déjà cité), «Montebourg représente un électorat composite, mêlant urbains diplômés, anticonformistes économiques, et partisans du renouvellement politique. En cela, il a aussi profité de la porosité de l'électorat de Royal pour lui siphonner ses électeurs. Il a profité à la fois de son profil d'outsider et d'une ligne à gauche qu'il était le seul à défendre sans arrière-pensée».  Il reflète assez la carte du Non au TCE, mais il est handicapé par le vote acquis à Martine Aubry dans le Nord et l’Est.

Ce qu’il est intéressant de remarquer, c’est que ce vote pour des idées proches de celles proposées par le Front de Gauche, idées d’alternative, de rupture avec le système, et non d’une simple alternance, ne sont pas un repoussoir pour une partie importante de l’électorat des classes moyennes urbaines. Ce qu’il a incarné dans cette campagne, et dans une moindre mesure Ségolène, ne peut pas se retrouver dans ce que disent les deux candidats restés en lice.

L’espoir de la mobilisation de la gauche et au-delà, ne se résume pas à la défaite de Nicolas Sarkozy, si c’est pour mettre en œuvre une politique qui ne constituerait pas un véritable changement, une alternative, et non une simple alternance qui consisterait à échanger un homme contre une femme et à continuer comme avant.

L’espoir de la mobilisation populaire, c’est aussi celui d’en finir avec l’éternel recommencement, d’une petite espérance suivie d’une grande déception.

L’espoir, pour une indispensable mobilisation populaire, serait de bousculer l’hégémonie de la social-démocratie libérale, en faveur d’un changement véritable. Ce qui est finalement un échec pour Montebourg au sein du Parti socialiste, peut-être une réussite pour la gauche si les voix de l’espérance rejoignent celles qui l’expriment avec un programme proche, l’Humain d’abord, celui du Front de gauche et de Jean Luc Mélenchon. La véritable cohérence du vote Montebourg serait celle-là. La seule qui peut fléchir véritablement la politique du PS.

Car, s’il s’agit d’élire une copie de gauche à la politique libérale menée actuellement par la droite, qui  conduit à la progression de la précarité, à la misère pour plus de 8 millions de nos concitoyens qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté, non merci !

Or, en quoi les réponses des deux concurrents, au premier comme au deuxième tour, aux problèmes de la création d’emplois, des retraites, du traitement de la dette et du déficit, de la justice fiscale, de la planification écologique, de la mondialisation, répondent-elles aux préoccupations des citoyens ? Un peu plus de ceci ou de cela, selon la posture de l’un ou de l’autre, pas de licenciements boursiers pour l’une et 60 000 postes d’enseignants pour l’autre, mais :

-          La retraite à 60 ans. Les deux n’y reviendront pas.

-          Ils approuvent le plan d’austérité européen. Et pour Hollande, l’obligation de ramener le déficit à 3% en 2013, selon les critères de Maastricht et le diktat de la commission européenne. Comment faire en si peu de temps sans prendre l’argent là où il est, chez les riches bénéficiaires des remises d’impôts et les actionnaires du Cac 40, en taxant les revenus financiers ? Sans réaliser un audit de la dette, décréter un moratoire, se libérer des marchés financiers qui détiennent 60% de son montant.

-          Qu’en est-il de la nécessaire socialisation des banques, du contrôle de l’usage des fonds publics par la mise en place d’un  pôle bancaire public ?

-          Qu’en est-il de la nécessaire augmentation des salaires ? Du Smic à 1700 € en 5ans, du revenu maximum, comme le propose le FDG ?

-          Qu’en est-il de la VI° République, parlementaire et plus démocratique, participative, si chère à Montebourg, et proposée aussi par le Front de Gauche ? Au contraire avec les primaires, le PS s’enferre dans le choix présidentialiste de l’homme providentiel.

-          Qu’en est-il d’une politique qui favoriserait et développerait les Services publics, en France et en Europe, garant d’un accès égal à tous les citoyens, à la satisfaction de leurs besoins essentiels : l’eau, l’énergie, la santé, l’éducation, la culture ?

Pour les classes populaires, comme pour tous ceux qui en ont assez de l’UMP, ses affidés, et de Nicolas Sarkozy, ce qui serait utile, c’est de voter pour ceux qui votent pour une véritable politique alternative républicaine, démocratique, écologique et sociale, en rupture avec l’Europe libérale, les marchés financiers.

Le vote utile, c’est d’abord de voter. Et donc de s’inscrire sur les listes électorales.

La démocratie, c’est de pouvoir choisir librement après s’être informé, pour s’exprimer sans être influencé par des manipulations « sondagières ». Et chaque bulletin qu'un électeur ne met pas dans l'urne, donne une voix aux partis ou aux candidats opposés à celui qu'il aurait choisi.

S’abstenir c’est voter contre son camp.

Votez, c’est utile !

 

Allain Louis Graux - Le 14 octobre 2011

 

Je viens d’apprendre qu’Arnaud Montebourg, tout en laissant le choix à ses électeurs, apportera son vote à François Hollande. Raison de plus pour ses électeurs de s’abstenir dans cette élection et de voter véritablement pour le seul candidat qui représente leurs idées,  en avril 2012 à l’élection présidentielle.

 

La réponse de Jean Luc Mélenchon au questions posées par Arnaud Montebourg

 

Cher Arnaud Montebourg, 

J’ai lu la lettre que tu as envoyée à tes compétiteurs de la primaire socialiste. Tu as voulu qu’elle soit « ouverte ». Je me sens concerné. En effet, tu t’adresses aux deux socialistes qui pourraient être candidats à l’élection présidentielle. Je le serai pour ma part en toute certitude, au nom du Front de Gauche. Les questions que tu poses concernent toute la gauche et tous nos concitoyens. J’ai donc souhaité y répondre. Le nombre de votants aux primaires organisées par le Parti socialiste pour désigner son candidat à l’élection présidentielle montre une volonté d’intervention populaire. Celle-ci marque je crois les temps politiques nouveaux dans lesquels nous sommes entrés. Car désormais le grand nombre sent bien que les dogmes suivis jusqu’à présent par les pouvoirs en place mènent le monde à une impasse. Chacun se sent dès lors invité à se mêler des affaires publiques. Bonne nouvelle !

En t’écrivant, je veux donc contribuer à ce débat démocratique indispensable pour que l’élection présidentielle ne se réduise pas à une compétition de personnes mais permette aux citoyens d’exercer en toute lumière une souveraineté éclairée par le débat argumenté. Je veux aussi entamer à cette occasion une discussion ouverte à gauche sur les conditions concrètes et précises qui permettront à un gouvernement de mener une politique alternative à celle de la droite, à l’heure où pourtant les gouvernements sociaux-démocrates dans toute l’Europe adoptent des plans d’austérité en tout point contraires à leurs engagements de campagne.

Les trois questions que tu poses me paraissent essentielles. J’y réponds précisément et y ajoute une quatrième qui à mes yeux les conditionne toutes.

1°) Le contrôle politique du système financier

Je défends la mise sous contrôle social des banques afin de soumettre la finance à la loi de l’intérêt général. Le programme du Front de Gauche propose de combattre la spéculation et la financiarisation de notre économie en interdisant les ventes de gré à gré, les ventes à découvert et les produits spéculatifs et en bloquant les échanges de capitaux avec les paradis fiscaux. Nous imposerons également la séparation des banques de dépôt et des banques d’investissement. Nous interdirons les stock-options, les LBO et les engagements hors bilan et obligerons les entreprises à la transparence financière. Les mouvements internationaux de capitaux à des fins de spéculation et de placement financier seront contrôlés et taxés à nos frontières. Nous interdirons la libre d’action des agences de notation et des hedge funds en Europe. Un pôle public financier sera créé pour contribuer à produire et partager autrement les richesses. Enfin, la Banque Centrale Européenne doit prêter aux Etats pour casser la spéculation et mettre le financement des biens publics à l’abri des appétits des investisseurs privés.

2°) Le protectionnisme européen, social et écologique

Je combats le dogme du libre-échange pour des raisons à la fois écologiques et sociales. Je veux réduire les transports de marchandises inutiles pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Et je récuse la réduction des normes sociales et environnementales par la mise en concurrence des systèmes sociaux et fiscaux nationaux. Je prône une relocalisation écologique maximale de notre production agricole et industrielle. Pour cela, le Front de Gauche défend l’instauration d’un visa social et écologique qui permettra de bloquer les productions délocalisées pour des raisons de dumping social et fiscal. Il propose l’institution de protections et de normes sociales et environnementales communes aux Européens, avec, par exemple des prélèvements nationaux concertés sur les réimportations en Europe de productions délocalisées et une taxe « kilométrique » de manière à réduire les transports de marchandises évitables. Nous instaurerons un droit de reprise des entreprises par leurs salariés en cas de délocalisation ou de fermeture. J’ajoute que le contrôle des mouvements de capitaux que nous instaurerons permettra aussi de taxer lourdement les investissements supports des délocalisations.

3°) la VIe République et la lutte contre la corruption

Le Front de Gauche se prononce sans ambiguïté pour une Sixième République parlementaire. Nous voulons en finir avec ce régime qui dépolitise le débat public et organise le dessaisissement des citoyens. La méthode que le Front de Gauche avance pour rédiger cette nouvelle Constitution est celle qu’ont suivie avec succès les peuples qui ont fait avant nous le choix de la révolution citoyenne, la convocation d’une Assemblée Constituante dès le début du mandat. Mon ambition est donc d’être le dernier président de la Cinquième République.

Quant à la corruption, je la tiens pour un symptôme de la décomposition de notre République. Elle prospère en raison du fonctionnement oligarchique des institutions, qui mêlent étroitement possédants et cercles dirigeants de l’Etat. Elle est la conséquence de l’accumulation de richesse par quelques-uns. Ceux-là jouissent de ce fait d’un pouvoir d’influence indécent contraire à l’égalité des citoyens. Elle se nourrit de la colonisation de l’Etat par les intérêts particuliers, permise par la libéralisation des services publics et la confusion qu’elle entraîne entre public et privé. Elle est encouragée par le fonctionnement des institutions européennes, où les lobbies font la loi. Nous combattrons la corruption sur tous ces fronts : mise au pas de l’oligarchie par la création d’un revenu maximum, instauration d’un régime parlementaire permettant le contrôle effectif de l’exécutif, abrogation des libéralisations de services publics, pôle public du médicament, nouveau traité européen conditionnant tout transfert de souveraineté à un contrôle démocratique de son usage.

Voici donc mes réponses aux trois points que tu évoques. Je serais incomplet si je n’en ajoutais pas un quatrième. Je crois que tu en seras d’accord puisque, comme nous, tu as voté non au traité constitutionnel européen et à sa copie conforme le traité de Lisbonne. Rien ne pourra être fait de ce que j’ai dit précédemment sans remise en cause du traité européen de Lisbonne. Celui-ci interdit en effet toute entrave à la libre circulation des capitaux, promeut le libre-échange généralisé, fait échapper une part croissante de notre législation à la souveraineté populaire et officialise le pouvoir corrupteur des lobbies. C’est pourquoi nous organiserons un referendum pour proposer au peuple français une liste de dispositions sur lesquels la France désobéira sans attendre aux traités européens, prélude à une refondation de l’Union toute entière.

Reçois, cher Arnaud, mes félicitations pour le combat que tu as mené au sein de ces primaires et qui a permis de faire progresser tant d’idées que nous avons en commun.

Jean-Luc Mélenchon

Candidat du Front de Gauche à l'élection présidentielle


Martine Aubry répond aux 4 questions d’Attac pour 2012


Attac a envoyé le 21 septembre dernier une liste de quatre questions aux candidats actuellement déclarés à l’élection présidentielle.
 1.    Régulation financière
Martine Aubry propose une taxe européenne sur les transactions financières de 0,05% pour financer deux priorités : « le financement de l’aide au pays en développement et leur adaptation au réchauffement climatique, la réduction des déficits des Etats membres ». Nous rappelons que la demande ancienne d’Attac est d’une taxe au taux de 0,1% (repris par la Commission européenne dans son projet de directive) pour le financement des biens publics mondiaux, parmi lesquels l’accès aux droits de base pour tous et la lutte contre le réchauffement climatique.
Par ailleurs, nous accueillons favorablement les propositions de séparation des activités bancaires de dépôt et d’investissement, l’interdiction du secret bancaire et des produits financiers les plus dangereux.
Nous regrettons cependant que Mme Aubry ne reprenne pas nos propositions sur les contrôles de la circulation des capitaux et le retrait de l’agrément aux banques qui spéculent dans les paradis fiscaux.
2.    Financement des urgences sociales et écologiques
Martine Aubry propose la création d’une agence européenne de la dette. Nous remarquons avec satisfaction que cette agence emprunterait directement auprès des ménages européens, mais nous souhaiterions confirmation du fait qu’elle ne solliciterait pas les marchés financiers (banques et autres investisseurs institutionnels). Il nous semble en effet vital d’en finir avec la dépendance des États européens vis-à-vis de ces acteurs financiers.
Nous nous félicitons de la proposition d’un changement de statut de la BCE, qui « aurait la possibilité de financer directement les États » et verrait ses objectifs élargis à « la croissance, l’emploi et la conversion écologique de notre modèle productif », même si nous avons des doutes sur la compatibilité durable entre croissance et conversion écologique. Nous rappelons que ces mesures supposent une réforme fondamentale du traité de Lisbonne.
3. Les banques
 Martine Aubry propose, en cas de besoin (qui nous semble inévitable), une stratégie de recapitalisation des banques « conditionnée à l’inscription des actifs toxiques à leur valeur de marché dans les bilans », de façon à limiter le coût de l’intervention. L’entrée de l’État au capital doit selon elle « servir à contrôler effectivement la stratégie des banques », ce qui est positif, mais elle ne se prononce pas sur notre proposition de nationalisation intégrale du capital, ni sur la durée de l’intervention publique, laissant ainsi la porte ouverte à de futures reprivatisations. Elle ne reprend pas notre proposition d’instaurer un contrôle démocratique sur les banques par l’entrée dans leurs conseils d’administration de représentants des salariés, usagers, collectivités locales et associations.
4.    La dette
Martine Aubry déclare vouloir mettre en œuvre un grand audit des finances publiques, « auquel les experts indépendants et membres de la société civile seront associés ». Elle ne répond pas à la question sur le sort que les services de l’État réserveront aux demandes de la société civile concernant les origines de la dette publique et la répartition actuelle des titres entre catégories d’acteurs économiques. Elle ne reprend pas notre proposition de s’appuyer sur un audit de la dette publique pour examiner les modalités d’une restructuration.

 



[1]Médiapart - Primaire socialiste : qui a voté, où, pour qui ?



 

Tag(s) : #politique
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