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Elles sont diverses et ne peuvent-être résumées à une seule raison.

Entre 1848 et 1981, les taux de participation électorale sont restés élevés et stables, entre 70 et 80%. Depuis, ils déclinent régulièrement, particulièrement pour les scrutins considérés sans enjeu national, hors les municipales. La chute de la participation est néanmoins antérieure à l’arrivée de la gauche au pouvoir : « la participation (dans une cité d’Aubervilliers) est devenue nettement plus faible que dans le reste du pays[1]. »

Avant les années 1970, les classes populaires, qui se reconnaissaient fièrement dans la notion d’appartenance  à la classe ouvrière, votaient assez massivement pour la gauche, le Parti communiste et la SFIO, le PSU. Les votes d’extrême droite et d’extrême gauche étaient peu significatifs.

 

Causes sociologiques et sentiment d’appartenance

Aujourd’hui, si 60 % des salariés appartiennent, par leur travail comme par leur rémunération, aux couches populaires[2] (environ 27 % d’ouvriers et 30 % d’employés), leur conscience d’appartenance de classe est devenue très diluée pour une grande proportion de ces couches sociales. Le fait de partager les mêmes hypermarchés, et pour les catégories les plus élevées les mêmes zones d’habitations pavillonnaires, leur donne le sentiment d’appartenir à des classes moyennes dont on ne sait pas bien où elles commencent ni où elles finissent.

« …le sentiment d’appartenance à un groupe social soudé par un ensemble d’intérêts communs est le plus souvent redevable du travail d’éducation et d’encadrement de représentants syndicaux et associatifs[3]. » Or, Si les associations fonctionnent bien et sont multiples, les effectifs syndicaux  comme ceux des partis politiques se sont réduits considérablement depuis la Libération. Les personnes s’engagent maintenant à la carte, comme pour un produit de consommation ; les militants fidèles dans le temps ne constituent plus qu’un noyau autour desquels gravitent des adhérents, des sympathisants, voire des clients pour certains partis en proie au clientélisme.

Par ailleurs, les conditions du travail ouvrier ont très largement évoluées. Plus, où plutôt  moins, de grandes concentrations de personnel, les mines, les grands sites sidérurgiques ont disparu. Elles demeurent dans l’automobile par exemple, mais avec des méthodes de travail postés qui ne font plus appel au taylorisme, le boulot à la chaîne. Même s’il persiste dans des tâches comme le découpage des poulets et si on peut le considérer comme tel dans les plateformes d’appel téléphoniques. Aujourd’hui, les tâches sont cependant très parcellaires, et les salaires deviennent très différenciés.

Un tiers des emplois occupés sont des emplois précaires. Chômeurs, temps partiels, exclus, représentent 12 millions de personnes qui vivent cette situation de manière différente de ceux qui ont un emploi stable.

Cet ensemble de modifications des conditions de travail, avec également l’élévation du niveau d’études, (on embauche un travailleur ayant un Bac+3, comme simple ouvrier professionnel, des détenteurs de licence comme employés), rend plus difficile le sentiment d’appartenance à une classe ayant des intérêts communs à défendre et à faire progresser.

On ne peut pas occulter les conséquences de l’immigration, celles du travail, puis familiale, régulière puis clandestine. La classe ouvrière française d’origine, la vit comme une concurrence déloyale, pesant sur leur emploi et le niveau de leurs rémunérations. Il ne s’agit évidemment pas ici d’apporter de l’engrais aux arguments nauséabonds et populo-racistes du FN et de leurs frères jumeaux de la droite populaire de l’UMP, mais d’effectuer un constat sur le sentiment des personnes appartenant aux classes populaires, notamment ceux qui sont quotidiennement au contact de ce nouveau prolétariat, qui vivent dans des conditions semblables au sein des cités.

Quel est la nature du sentiment d’appartenance commune à une classe ayant les mêmes intérêts, entre chômeurs, exclus, travailleurs précaires, ouvriers au SMIC, ouvriers qualifiés, techniciens, employés ? Et pourtant ! Ne sont-ils pas les victimes exploitées des mêmes exploiteurs ? Au travail, comme dans les supermarchés…

Il y a des gens dans les cités et encore plus dans les zones pavillonnaires qui se prennent pour des bourgeois alors qu’ils vivent dans des conditions de prolétaires et votent comme ceux auxquels ils s’identifient. Ce que Jean Luc Mélenchon appelaient les «  petits blancs… ».

 

Si le sentiment d’appartenance devient flou, l’identification, la reconnaissance dans un parti politique qui représenterait ses intérêts, immédiats, ou à long terme, devient aussi floue.

Ceci d’autant plus que le modèle idéologique d’un changement de société a disparu avec le totalitarisme soviétique, l’échec, l’effondrement, de ce qui a représenté longtemps un espoir de changement pour des millions de prolétaires.

De ce fait, l’impact du Parti communiste qui incarnait cette idée, ne subsiste plus, en France comme dans la plupart des pays européens, que pour une poignée de militants, alors que ce Parti et son environnement culturel, social, avec ses nombreuses organisations de masse, constituait une véritable contre-société. Son influence électorale, qui était de 28 % à la Libération, est tombée à

1,93 % aux élections présidentielles de 2007[4], et avoisine les 5 % aux législatives. Son score n’a pu s’améliorer récemment que grâce à son alliance avec le Parti de Gauche, depuis les dernières élections européennes, dans le cadre du Front de Gauche, où ensemble, avec un élargissement aux petites formations de la gauche de transformation sociale (FASE, une partie du NPA, du MRC), ses candidats obtiennent des résultats en moyenne à 7 %. Ils demeurent cependant très éloignés des scores d’antan, 20 % avant François Mitterrand, encore 15 % avec Georges Marchais.

Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, l’espoir était grand, il s’est envolé au fil du temps de la présidence Mitterrand, pour s’effondrer complètement aux législatives de 1993, après les tournants libéraux de 1983 et ceux de 2005 sous le gouvernement de la gauche plurielle de Jospin. En France, Le parti socialiste a fini par se « social-démocratiser », et n’offrir en pâture au peuple de gauche, qu’une pâle version d’un accompagnement plus social des dogmes néolibéraux. Le soutien indéfectible à l’Union Européenne, avec les traités de Maastricht, de Nice, de Lisbonne, a remplacé l’idéal socialiste et effacer toute perspective d’un changement véritable ainsi que la perspective d’une Europe sociale, toujours promise et jamais réalisée, tombée aux oubliettes, même quand la social-démocratie européenne gouvernait 12 Etats sur 15. Le succès du Non de gauche au référendum sur le projet de traité constitutionnel européen (TCE) aurait du être un avertissement. Il n’en fût rien alors que les classes populaires s’étaient prononcées majoritairement contre la version ultra-libérale d’une l’Europe gouvernée par les seuls intérêts financiers, corsetée par les diktats imposés par la Banque Centrale européenne (BCE), dirigée par une Commission, aux dépends d’une assemblée européenne élue par les citoyens européens, mais sans pouvoir réel.

Les classes populaires n’ont plus confiance dans cette gauche là. Nous pouvons le constater au fur et à mesure de scrutins où le PS perd des voix même s’il gagne les élections locales. Les couches moyennes qui constituent maintenant sa base électorale se portent sur les Verts d’Europe Ecologie, alors que les électeurs populaires s’abstiennent.

La gauche de transformation sociale, du fait de ses divisions, n’a pas concrétisé son succès de 2005 au référendum européen, en particulier à la présidentielle de 2007 où elle s’est divisée à l’extrême entre ses différents courants, soit que les uns veuillent affirmer leur identité, soit que les autres refusent l’hégémonie des plus gros. Un espoir cependant est né, avec depuis la fin 2008, l’affirmation du Front de Gauche qui regroupe le PCF, le PG, la GU (Gauche Unitaire), dont les résultats s’améliorent à chaque scrutin, pour dépasser les 7 %. Mais à l’évidence, le FDG ne décolle pas, alors que la candidate du FN se pavane dans des scores à deux chiffres. Manque de crédibilité dans les  solutions proposées, pesanteur des valises du passé de sa composante communiste ? Espérons que son élargissement à la FASE, Socialisme et République (fraction du MRC), Convergence démocratique (Unitaires du NPA), divers mouvements locaux (Solidarités 21, ADS, etc…) pour les élections de 2012, autour de la candidature de Jean Luc Mélenchon, le coprésident du Parti de Gauche, créera enfin une dynamique unitaire et populaire.

La partie droitière de l’électorat populaire, en partie celle du FN, qui avait voté Nicolas Sarkozy en 2OO7, est aujourd’hui déçue par les promesses non tenues du président des riches. Cela s’est traduit par la remontée du vote d’extrême droite aux dernières élections locales et régionales. Mais aussi par une montée prodigieuse de l’abstention.

Marine Le Pen tend, par ses propos empruntés aux thèmes de la gauche et aux altermondialistes, en éradiquant de son langage les propos outranciers et provocateurs de son père, à banaliser un parti qui demeure pourtant d’un extrémisme de droite des plus nauséabonds par son programme et ses objectifs.

Pour les classes populaires il s’agit de ne pas se tromper de Front !

Mais pourquoi donc une partie d’entre-elles choisissent ce vote d’une droite raciste et populiste, sans plus d’état d’âmes, ou l’abstention ? Ce choix électoral ne touche qu’une partie du monde ouvrier, mais il est préoccupant. C’est dans ce sens que je le relie au phénomène abstentionniste, sans tomber dans « le fantasme selon lequel le vote ouvrier se serait déplacé du PCF vers le FN[5]. » Cela s’est produit mais ce n’est pas un fait majoritaire de l’électorat lepéniste. Les ouvriers qui votent Le Pen sont majoritairement ceux qui votaient à droite auparavant. On a pu l’observer aux élections cantonales de 2011 : la forte progression du FN face à un candidat de gauche au second tour, indique qu’une part significative de l’électorat de droite du premier tour a voté pour le FN, alors qu’au 1e tour des régionales 2010, « c’est dans les cantons historiquement les plus frontistes que l’abstention a été la plus forte[6] ». Cette osmose entre UMP et FN est de plus en plus évidente depuis 2007.

Le vote FN attire davantage les couches sociales qui subissent, ou qui considèrent subir, une dégradation de leurs conditions d’existence (travail, logement, insécurité…), et sont victimes d’une disqualification sociale :

- retraités contraints de cohabiter dans des logements sociaux avec des immigrés et habitants de zones pavillonnaires des banlieues, victimes ou se croyant victimes d’insécurité.

Dans les quartiers – comme on dit – « il y a bien moins de mixité sociale que par le passé, mais aussi de moins en moins de mixité ethnique[7]. »

- les Français d’origine « coloniale » se sentent moins concernés par les votes citoyens de la République gauloise.

- les patrons de petites entreprises, artisans et commerçants, en difficultés du fait des restructurations sociales, urbaines, de la crise, de la globalisation.

- les membres de la petite bourgeoisie déclassée, marginalisés dans leur mode de vie et leurs croyances.

L’une des caractéristiques de cet électorat est le faible niveau d’études[8].

L’électorat FN serait très inconstant : « ses électeurs constants représentent seulement 3 % des inscrits[9]. »

La vision générale de cet électorat repose, entre autres, sur le rejet des politiciens coupables de mensonges, corruption, de ne penser qu’à leur enrichissement personnel, ce qu’on appelle le poujadisme (dont est d’ailleurs issu Le Pen).

Si le vote FN est devenu important dans certaines cités, c’est une conséquence directe du départ massif des Français dits « de souche » depuis le milieu des années 1990. Les électeurs réguliers du FN font de leur identité française le point cardinal de leur identité sociale et imputent aux « étrangers », l’essentiel de leurs difficultés. Ils considèrent la gauche comme plus favorable aux étrangers, aux immigrés.

 

« Le premier parti ouvrier est celui de l’abstention. »

C’est ce qu’écrit Blaise Magnin dans le Diplo et c’est ce que je pensais avant de lire son article en référence et la raison même de cet essai d’étude sur l’abstention.

 

La progression de la démobilisation électorale touche très inégalement les milieux sociaux.

Selon une approche géographique qui est aussi sociologique.

Aux présidentielles et législatives de 2002, l’écart pouvait atteindre 20 points[10]. Ce 21 avril, le taux d’abstention dans les bureaux de vote situés en ZUS (Zones urbaines sensibles était supérieur de 13 points à la moyenne nationale[11]). Très variable en fonction des quartiers, dans certains secteurs il pouvait atteindre jusqu’à 64,9 %[12].

Autre exemple : en 2005, au référendum européen, la participation atteignait des niveaux élevés dans les bureaux bourgeois alors qu’elle restait faible dans les bureaux des banlieues parisiennes, malgré un sursaut de l’électorat populaire en faveur du Non. « En région parisienne, la courbe de la participation épousait celle des prix au mètre carré[13] ». On constate également que les bureaux de vote de centre-ville ont enregistré des taux de participation nettement plus élevés que ceux des cités.

Ce qui signifie que par cette ségrégation électorale volontaire, les catégories professionnelles supérieures sont surreprésentées dans les urnes et donc dans les instances républicaines où devrait s’exercer la démocratie, au détriment des habitants des quartiers populaires, au niveau d’études et revenus moins élevés.

Certains territoires rassemblent jusqu’aux deux tiers de non-inscrits, abstentionnistes et électeurs de  l’extrême-droite.

Autre caractéristique dans ces quartiers : le quart environ des Français en âge de voter n’est pas inscrit sur les listes électorales.

L’enquête menée par Céline Braconnier et Jean Yves Dormagen dans «La démocratie de l’abstention» repose « sur le postulat selon lequel les propriétés des groupes et des milieux d’appartenance (cercles familiaux et amicaux, relations professionnelles et voisinage) constituent des facteurs déterminants des comportements en général et des attitudes électorales en particulier ».

«…les mobilisations sociales sont collectives, et c’est l’appartenance à un groupe social qui détermine très largement la participation à un scrutin, ainsi que les choix électoraux[14]. »

Le quart des inscrits seraient en réalité des « malinscrits », c’est-à-dire des personnes qui ont déménagé et n’ont pas modifié leur inscription électorale dans leur nouvelle commune. «L’inscription sur les listes électorales des milieux les plus populaires s’est rapidement dégradée à partir du début des années 1980.

La non-inscription touche traditionnellement en premier lieu les jeunes, les moins diplômés, les ouvriers, les employés et ceux qui ne possèdent pas leur logement[15]

Pour comprendre la portée du problème de la participation citoyenne, nous devons raisonner en terme d’inscrits ; « il y a aujourd’hui entre deux et trois fois moins de votants que dans les années 1970. » C’est de cela qu’il s’agit principalement, car ceux qui votent dans les quartiers populaires continuent de voter majoritairement à gauche.

Sur l’ensemble du territoire national, ce ne sont que 13 % des inscrits qui n’ont pris part à aucun des quatre tours de scrutin en 2002[16]. Contrairement aux électeurs « malinscrits », les bien inscrits ne sont que rarement des abstentionnistes. On note également que l’abstention est marginale parmi les jeunes « bien-inscrits » d’office par la mairie à l’âge légal de 18 ans, c’est-à-dire qui sont restés à leur domicile déclaré. Environ 90 % des « bien-inscrits » participent toujours à au moins un tour de scrutin.

A l’inverse la « malinscription » entraîne un abstentionniste constant : ainsi 37,3 %  des inscrits identifiés comme absents de la cité des Cosmonautes n’ont voté à aucun des quatre tours de scrutin du printemps 2002 et 69,2 % à ceux organisés  entre le 1e tour des régionales 2004 et le référendum européen de 2005[17].

« …la « malinscription » est à elle seule à l’origine d’environ la moitié de l’abstentionnisme permanent (46,6% sur la période 2004-2005). Elle constitue donc bien le principal facteur d’exclusion durable du jeu électoral[18]. »

 

La fin des idéologies ?

Contrairement à une idée répandue, la participation est meilleure dans les scrutins d’affrontement à fort enjeu « sociétable ». Le deuxième plus haut taux de participation à une législative a été enregistré en mai 1936, pour élire l’Assemblée qui donna la victoire au Front populaire, en plein conflit social, mais avec une union politique des forces de gauche (contrairement à 1968, où l’absence d’union a conduit à la victoire de la droite « bleue horizon »). C’est en 1974, lors du duel Giscard-Mitterrand, que le record a été établi avec 87,3 % de participation. « En règle générale, plus l’offre est diversifiée, plus le scrutin est incertain et la campagne disputée, et plus la participation est élevée[19]. »

 

Pratique électorale : elle dépend du sens civique et du degré de politisation pour s’inscrire (ou se réinscrire et aller voter, de l’intérêt que les individus accordent aux enjeux et à leur propre intérêt. En ce sens la non- politisation conduit à l’indifférence. Or la politique « politicienne » n’est pas la préoccupation principale des habitants des cités populaires. L’offre électorale ne passe pas uniquement par les références idéologiques, pour ceux qui ne sont pas politisés et ne distinguent pas clairement la droite de la gauche. Cela peut-être une question d’apparence des candidats et du langage employé.

L’étude des listes d’émargement menée à la cité des Cosmonautes révèle que les électeurs se répartissent en cinq cercles relativement stables :

-          les votants constants ;

-          les quasi constants ;

-          les intermittents à tendance participationniste;

-          les intermittents  à tendance abstentionniste ;

-          les abstentionnistes permanents.

Or, les indifférents et les moins réguliers accordent majoritairement leurs suffrages à la gauche lorsque l’on parvient à les mobiliser.

 

 

 

 

 

L’environnement.

La place de l’environnement citoyen est déterminante quand dans un quartier « près de la moitié des adultes sont soit étrangers, soit français non-inscrits sur les listes. Si on y ajoute les très mal inscrits et les abstentionnistes constants, ce ne sont pas moins des deux tiers des adultes qui ne se rendent jamais aux urnes[20]. »

Si l’acte électoral, le fait de déposer un bulletin dans l’urne après être passé seul dans un isoloir, apparaît, comme un acte purement individuel, en réalité le choix est largement déterminé par l’environnement spatial et social, familial, professionnel, le cercle des relations. On vote en famille et aussi en fonction de ses relations amicales. Les deux tiers de ceux qui viennent voter le font en compagnie d’une autre personne, le plus souvent en couple. « Les conjoints ont tendance à voter et s’abstenir ensemble[21] ». Or, de plus en plus d’adultes ne vivent pas ou plus en couple : familles monoparentales, divorcées. Ce qui constitue une absence d’entraînement vers les urnes.

Les moins politisés sont aussi ceux qui ne lisent jamais, n’écoutent pas les émissions politiques des médias. Ce ne sont donc pas eux qui peuvent les influencer et les convaincre, mais bien plutôt leur entourage, ainsi que les leaders d’opinion.

Ceux qui sont les plus sensibles et les plus réactifs à la politique entraînent les plus indifférents.

On ne saurait donc pas négliger l’importance de l’action militante au quotidien, dans les associations et les réseaux, les entourages, les voisinages.

 

Les déterminants

« Il faut distinguer les ouvriers et les employés évoluant dans les secteurs où dominent les PME et une relative précarité, de ceux qui évoluent dans des secteurs plus concentrés, où le statut de l’emploi est mieux préservé et la syndicalisation plus importante. Les premiers s’abstiennent plus massivement et votent plus fréquemment en faveur du FN, alors que les seconds ont des préférences qui restent nettement orientées à gauche[22]. »

L’exclusion sociale, la précarité, le chômage sont des facteurs importants de l’abstention. Les inactifs sont plus fréquemment non-inscrits : un tiers seulement des retraités, femmes au foyer, chômeurs sont inscrits sur les listes et ils ne constituent que 15% des votants parmi les électeurs inscrits (étude à la cité des Cosmonautes). L’exclusion sociale est synonyme d’exclusion électorale et donc démocratique.

 

Conclusion

L’analyse des résultats électoraux et l’identification des facteurs qui sont à l’origine des évolutions du comportement électoral devraient permettre de mieux cerner et envisager les objectifs et les moyens de l’action  politique.

La démobilisation électorale dépend d’une combinaison de multiples facteurs qui résultent, et c’est logique, des transformations du monde social.

Remobiliser l’électorat, en particulier le plus populaire, est un enjeu majeur pour la gauche. Elle ne peut pas se passer d’une fraction importante et déterminante pour son accès au pouvoir, contrairement à ce que proposent les rédacteurs des thèses de « Terra Nova », institut proche du PS. En Amérique latine, c’est la mobilisation citoyenne de tout le peuple, y compris et surtout des milieux populaires, qui a permis de mettre en œuvre des politiques de changement par des méthodes démocratiques et dont la démocratie était un enjeu principal. Au Moyen- Orient, dans les pays de langue arabe, l’intervention populaire a chassé la dictature dans plusieurs pays.

En France, si les conditions sont différents, cette intervention du « populaire » est néanmoins indispensable pour éviter l’américanisation de la société républicaine. Aveugles sont ceux qui ne voient pas le processus en route avec le quinquennat de Nicolas Sarkozy qui s’achèvera en mai 2012 !

Si la gauche doit mener campagne contre les thèses xénophobes du FN et de casse sociale de la droite, il ne servirait à rien de diaboliser à l’extrême ceux qui se sont égarés sur ces chemins perdus ou qui pensent les emprunter.

La gauche, celle vraiment à gauche doit convaincre surtout que le citoyen est en capacité d’agir, qu’il est par son action et son vote en capacité de changer les choses, qu’il existe une véritable alternative, une véritable perspective de transformation sociale, démocratique, environnementale. L’histoire ne s’achève pas avec la globalisation, la concurrence libre et faussée, la dictature de l’oligarchie au service des marchés. Le peuple, avec toutes ses composantes, y compris et surtout populaires, les employés, les ouvriers, les techniciens les cadres, les enseignants, les travailleurs culturels, les personnels de santé, les fonctionnaires, les petits paysans, commerçants et artisans, toutes les catégories de salariés et de producteurs exploités les tenants du capital, quelque soit leur origine ethnique, peuvent se rassembler pour la révolution citoyenne et mettre en œuvre un programme partagé de planification écologique, en commençant par élire une assemblée constituante pour une VIe République.

Ce pouvoir citoyen aurait pour objectif une production relocalisée, donnant la priorité à la valeur d’usage, à la satisfaction des besoins plutôt que celle des profits et de la spéculation, à la coopération plutôt que la compétition, à la distribution des services de base (eau, électricité, logement santé, transports publics, éducation et culture) élevés au statut de droits humains parce qu’ils sont jugés nécessaires et non rentables.



[1] Céline Braconnier- Jean Yves Dormagen – La démocratie de l’abstention ; Gallimard, Folio,p.36

[2] REF : rapport INSEE 2009, édité Août 2011.

Le niveau de vie médian s’élève à 19 080 € en 2009, soit pour 50 % de la population et les 10 % des personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10 410 € par an de revenu. Le seuil de pauvreté qui correspond à 60 % du salaire médian (1500 €) s’établit à 954 € mensuels ; 13,5 % des personnes vivent en-dessous de ce seuil, soit 8, 173 millions de gens.

[3] Blaise Magnin - Le Monde diplomatique (sept 2011) – Les urnes et le peuple.

[4] Jacques Duclos avait dépassé les 20 % en1969.

[5] Blaise Magnin - Le Monde diplomatique (sept 2011) – Les urnes et le peuple

[6] Jérôme Fourquet et Damien Philippot (IFOP) – L’Humanité – 15 avril 2010.

[7] Céline Braconnier- Jean Yves Dormagen : « une grande partie des Français qui habitent aujourd’hui la cité sont d’origine africaine. »

[8] Nonna Meyer – Ces français qui votent Le Pen. Flammarion - 2002

[9] Patrick Lehingue –l’objection statistique des électorats : que savons-nous des électeurs du FN ? La politisation-Belin.Paris 2003.

[10] Le taux d’abstention des professions libérales, agriculteurs, cadres, professions intellectuelles, a été de 20 % contre 37 % pour les ouvriers non qualifiés et les employés de commerce. (François Clanché – La participation électorale au printemps 2002- INSEE première n° 877, janvier 2003 )

[11] 36% contre 23,2% au niveau national (Les électeurs des ZUS, des électeurs comme les autres – rapport de la direction interministérielle à la ville, oct. 2005 p.5)

[12] Céline Braconnier- Jean Yves Dormagen – La démocratie de l’abstention ; Gallimard, Folio, p. 407

[13]« « « « « « « « « « « « « « « « «                                                                                                          p.11

[14]. Blaise Magnin - Le Monde diplomatique (sept 2011) – Les urnes et le peuple

[15] Céline Braconnier-Jean Yves Dormagen – La démocratie de l’abstention ; Gallimard, Folio.p.40 et note p.415

[16] INSEE

[17] Voir p.58 : Céline Braconnier-Jean Yves Dormagen – La démocratie de l’abstention

[18] «  p.59

[19] Céline Braconnier- Jean Yves Dormagen – La démocratie de l’abstention ; Gallimard, Folio, p.101

[20]  « p222

[21] «  p339

[22] Dominique Goux et Eric Maurin – Anatomie sociale d’un vote – Le Monde, 14 avril 2004

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