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 Sarkozy, pour les raisons électoralistes que l’on sait, poursuit sa course effrénée derrière le FN en développant les concepts éhontés de ce mouvement fascisant. Cette surenchère, la violence des propos, les injures prononcées, les mensonges proférés et répétés à satiété pour en faire des évidences, font les choux gras des médias français et européens, pour notre honte. Ce n’est pas digne de la fonction présidentielle.

Mais jugeons son fameux bilan à l’aune du miroir européen.

La France s’en serait mieux sorti que le reste de l’Europe.

Et comme il était le Président, ce serait grâce à lui, évidemment. Si les Français ont évité - partiellement - le sort peu envieux des Grecs, des Espagnols, des Portugais, des Irlandais, écrasés par les dogmes austéritaires de la « troïka » (FMI, BCE, Union européenne), ce n’est pourtant pas grâce à lui qui a signé le plan « Merckozy » qui consacre cette austérité. En effet, la France fait moins bien que nombre de ses voisins. La Belgique comme l’Allemagne résistent mieux que nous. Si la France s’en tire mieux que les plus affaiblis, c’est plutôt malgré Sarko que grâce à lui ! Son gouvernement n’a pas pu détruire – encore complètement - les Services publics et la protection sociale héritée des conquêtes sociales et démocratiques de la Résistance à la Libération, et par la lutte des salariés et de leurs organisations syndicales et politiques. Ce sont ces services républicains qui ont permis d’amortir le choc de la crise du système capitaliste déclenchée par la spéculation financière.

Si le chômage n’atteint pas les records espagnols (25 % - 50 % chez les jeunes), la situation serait meilleure sans la loi sur la RGPP qui supprime un fonctionnaire sur deux aux mépris des besoins non satisfaits dans l’éducation, la santé, et même la police, sans la loi sur la défiscalisation et la subvention aux heures supplémentaires qui a restreint les embauches : cela représente 400 000 emplois par an. Il faut y ajouter 150 000 emplois publics supprimés depuis 2007. Or, il aurait été nécessaire de créer 620 000 emplois pour les nouveaux entrants sur le marché du travail entre 2007 et 2011. Faites le compte !

Si l’emploi a moins baissé en France, c’est à cause de la relative rigidité du marché du travail hexagonal et grâce aux 35 heures : elles ont effet donné beaucoup de flexibilité aux entreprises pour s’adapter à ce genre de situation sans devoir licencier[1].

Championne du monde de la productivité, la France souffre paradoxalement de ce record, car il incite les patrons à dégraisser et ne pas embaucher. Si bien que dans des pays comme la Grande Bretagne, la Belgique ou l’Allemagne qui ont vu baisser leur productivité, les salariés ont moins subi de licenciements. Pour l’Allemagne, la pratique du chômage partiel, moins répandu en France, a permis aux entreprises de garder leurs travailleurs qualifiés et de redémarrer plus facilement leur production quand le carnet de commandes se remplit. En outre, les travailleurs ayant conservé leurs salaires, la consommation s’est maintenue. Ce qui contredit tous les discours sur la nécessaire flexibilité. Pendant cette période, la faible hausse de la productivité française (+0,3%) a contribué à limiter le recul de l’emploi. Un chômage qui est néanmoins passé de 8,2 % à 10,1 %, un résultat moins bon que dans tous les pays européens économiquement comparables, sauf l’Italie qui fait pire avec une hausse de 3,7 %, mais qui n’atteint que 9,8 % et la G.B +3% avec un taux de 8,2 %.

Et pour les inégalités[2] Sarkozy est vraiment mauvais ; en Europe, c’est en France qu’elles ont le plus progressé avec l’Espagne : + 0.6 % entre 2007 et 2010 selon Eurostat, la moyenne de la zone euro étant de + 0,1 %.

Les Français n’ont toujours pas retrouvé leur pouvoir d’achat de 2007, d’avant la crise. Et ce recul touche davantage les plus défavorisés qui voient le montant de leurs dépenses contraintes[3] s’envoler, en particulier le logement[4], mais aussi la santé avec des médicaments et soins moins bien remboursés, la hausse des tarifs publics (Gaz, électricité, transports et des carburants).

On peut ajouter :

-          La dette extérieure qui plonge dans le rouge. Entre 2007 et 2011, le solde des échanges extérieurs a baissé de 1,8 % de PIB. La France est l’un des pays qui accuse le plus de déficit extérieur : 3 % de PIB.

-          La dette publique française est une des plus importantes d’Europe, la cinquième rapportée au PIB, du fait des allégements fiscaux décidés par le gouvernement.

-          La population ayant augmenté de 2 millions de personnes depuis 2007, la richesse produite rapportée à chaque habitant a diminué de 2%. L’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, les Pays-bas, la Slovaquie, s’en s’ont mieux sortis que la France. Quant à la Pologne, son PIB par habitant a augmenté de 15 % depuis 2007…

-          La dégradation des finances publiques s’est accentuée, asphyxiées par les baisses d’impôts consenties aux entreprises (surtout les plus grosses), et la couche la plus aisée de la population (les plus riches) : 500 niches, représentant 100 milliards d'Euros. Il juge que 53 milliards correspondent à des dispositifs qui n'atteignent pas leurs % objectifs[5]. Ce n’est pas un journal gauchiste qui écrit cela mais les Echos.

-          Les investissements dans les Services publics (santé, éducation, recherche), indispensables pour l’avenir du pays, ont été nuls, avec la volonté de les supprimer au profit du privé.

-          L’investissement a aussi baissé dans le privé : -7 %, quoique moins que la moyenne de la Zone Euro (-12%),  mais il a progressé en Allemagne, au Luxembourg et en …Pologne.

La France figure parmi les pays qui ont apporté le moins de soutien à l’activité par l’aide des finances publiques.

 

Face à la dégradation de la situation économique et sociale que Nicolas Sarkozy a aggravée, la croissance revient à la mode. Du moins dans les mots, car Sarkozy comme Merkel estiment que :

La croissance doit se faire en se concentrant sur la compétitivité. C’est à dire sur la fameuse baisse du coût du travail, cette fameuse tarte à la crème des libéraux ! Cette stratégie - nous l’avons démontré – produit davantage de suppressions d’emplois que  d’amélioration de l’activité. C’est ce que pense aussi l’OIT[6].

Ce qui serait utile et nécessaire, ce serait de mettre en œuvre un vaste programme de planification écologique de l’économie, des modes de production qui visent à la satisfaction des besoins sociaux tout en encourageant et permettant une reprise de l’activité, qui améliorerait les conditions de travail et d’emploi.

Il serait nécessaire de favoriser une politique industrielle prenant en compte la dimension environnementale et sociale de réduction du temps de travail, avec création d’emplois utiles intégrant les nouveaux besoins économiques et sociaux.

Il s’agirait de redéfinir nos modes de production, de consommation et d’échanges basés sur la coopération, non sur une compétition qui entraîne vers le bas, en fonction de l’intérêt général de l’humanité.

L’HUMAIN d’ABORD !

 

  Allain Graux

 Le 2 mai 2012

 

 



[1] Alternatives économiques – Guillaume Duval – avril 2012

[2] Entre 2004 et 2008, le décile des 0.01% des plus riches a vu ses revenus annuels s’accroître de 33 % !

[3] Pour les plus pauvres, ceux dont les revenus sont inférieurs à 780 € par mois, le poids des dépenses contraintes a doublé en trente ans, passant de 24 à 48 % de leur budget.

[4] Selon le CREDOC , le logement représente aussi 32 % du budget des classes moyennes, contre 20 % en 79.

[5] Les Echos n° 21004 du 29 Aout 2011

[6] OIT: Organisation Internationale du travail

Tag(s) : #politique
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