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Contrairement aux promesses du gouvernement, le prix de l’électricité devrait augmenter dans de considérables proportions. La commission de régulation de l’énergie (CRE) lance le démantèlement du service public de l’électricité. Objectif : transférer la rente publique nucléaire d’EDF, dont le tarif est moins élevé que les autres producteurs européens, vers le privé.

Le 7 février, la CRE a annoncé une hausse de 5,9% des tarifs règlementés[1] pour les particuliers comme pour les entreprises, « au plus tard le 1er juin 2019 ». Le prix du MWh pourrait passer de 42 à 50,8 euros ‘en plus des taxes, compteur etc...) : 8,8 euros de plus, soit 19,7 % de hausse ! Pourtant, le premier ministre s’était engagé le 30 novembre à ne pas augmenter les tarifs pendant cet hiver.

« C’est une proposition injuste pour les consommateurs particuliers, contestable selon les principes de la régulation et, par conséquent, attaquable juridiquement », a dénoncé la CLCV[2]. Elle estime les dispositions contraires à la loi. Elles visent à subventionner illégalement les fournisseurs alternatifs dont les tarifs sont supérieurs à ceux de l’ancien monopole du service public. Donc, le service public, c’est moins cher, mais par idéologie libérale, il faut l’abattre parce qu’il serait trop concurrentiel, bénéficiant de son avantage de producteur. Les fournisseurs d’énergies renouvelables ne représentent que 15,6 % de la production électrique en France, un développement insuffisant à coût exorbitant, parce que l’on a toujours privilégié le nucléaire produit par EDF. Selon la Cour des Comptes, ces contrats représentent à peine 0,7 % de la production électrique faisant ressortir un prix de 480 euros/MWh...Le vent coûte très cher... D’ici à 2025, les fournisseurs privés doivent avoir le temps de s’installer et construire leurs propres équipements de production.

Le pouvoir libéral veut, alors que les contribuables ont payé le nucléaire, ne pas permettre de profiter de cet avantage financier. En attendant de nous faire payer aussi le démantèlement.

Sous Sarkozy, la loi Nome a prévu de mettre à disposition des nouveaux entrants sur le marché de l’électricité une partie de la production nucléaire : 100 TWh, soit environ un quart de la production d’EDF, leur sont réservés. Par pure idéologie libérale, il s’agit de transférer les bénéfices de la rente nucléaire, jusqu’alors redistribués à tous, à quelques groupes privés. C’est pourquoi, la CRE veut séparer les activités, comme cela a été fait pour la SNCF et autres entreprises publiques, afin de démanteler plus facilement, privatiser le rentable et laisser au public, au contribuable ce qui coûte.  L’activité de distribution d’EDF n’aurait plus le droit de facturer que 75 % de l’électricité fournie aux 25 millions de ménages et aux 3 millions de PME au prix du nucléaire. Les 25 % restants devront être facturés selon un prix de marché.

Même la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a contesté ces nouvelles dispositions imposées par une CRE faisant fi des lois existantes pour imposer par voie réglementaire ce qui relève du pouvoir législatif. Mais obéissant en fait, en catimini, à la volonté du gouvernement. Les distributeurs alternatifs ont opté, sauf quelques écologistes, pour une activité purement financière. Pour attirer les clients, ils proposent des rabais par rapport aux tarifs réglementés imposés à EDF. Ils ont ainsi capté quelque 6 millions de clients, soit environ 20 % du marché. Ils s’approvisionnent auprès d’EDF à 42 € pour aller en revendre une partie sur le marché et empocher la marge. Si le prix de marché est inférieur, ils vont s’y approvisionner, laissant les pertes à la charge d’EDF, sans que celui-ci ne puisse jamais bénéficier des hausses... Curieuse conception de la concurrence !

A l’avenir, la facture supplémentaire pour les ménages pourrait s’élever de 600 millions à 1 milliard d’euros. Pour les entreprises et artisans, cela dépasserait largement le milliard d’euros. La CRE assure  à ces fournisseurs privés, sans effort, leurs marges, une augmentation de leurs résultats et de leurs dividendes. Le tout sans contrepartie.

 

 « Les changements que veut imposer la CRE, que ce soit en interdisant à EDF d’avoir accès à sa propre production électrique, la décision de priver les ménages de tarifs stables liés à la rente nucléaire et de les exposer à la volatilité des prix de marché s’inscrivent dans le grand projet de transformation d’EDF visant à en finir avec le service public de l’électricité »,assure un responsable d’EDF[3].

La désintégration et la fin du service public d’EDF est ainsi programmée, avec une hausse considérable des tarifs. Rappelons que la privatisation de GDF a entrainé une hausse de 60 % qui n’est pas uniquement due à l’augmentation des prix mondiaux.

Cela ne garantit en rien la transition écologique, puisque le gouvernement veut aussi prolonger la vie des centrales nucléaires, accroissement les risques pour la population, au lieu de programmer la fin progressive du nucléaire.

La facture risque d’être lourde, en ajoutant à la surfacturation du kw/h, le prix exorbitant des démantèlements à venir qu’il faudra bien mener, et la gestion des déchets.

Allain Graux

Le 12 mars 2019

Nota : et je ne suis pas pro-nucléaire : j’ai installé une éolienne de toit (ce qui n’est guère rentable) et des panneaux solaires ( pour le chauffage ; ça c’est très rentable).

 

 

 

 

 

[1] https://www.cre.fr/Documents/Deliberations/Proposition/Proposition-des-tarifs-reglementes-de-vente-d-electricite

[2] Association nationale de défense des consommateurs et des usagers

 

Tag(s) : #POLITIQUE, #actualité
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