SYRIE
Nouvelles sirènes d’alarme au Moyen – Orient ! Dans le temps, on parlait de bruits de bottes. Pas facile de s’exprimer pour les militants de la gauche anti-impérialiste. Soit, on obéit de manière automatique au réflexe antimilitariste en prônant la paix et les négociations, au risque d’être accusé de soutenir l’infâme Bachar El Assad qui massacre son peuple avec tous les moyens à sa disposition. Soit, on dit qu’après avoir réprimé les manifestations pacifiques d’opposants en mars 2011, avec des grenades et des snippers, en avril il envoyait les chars, en juin il tirait à la mitrailleuse contre les civils. Puis, face aux désertions de militaires écœurés et aux réactions armées, en février 2012 il utilise l’artillerie lourde pour écraser les villes syriennes, avant d’utiliser l’aviation en juillet contre L’Armée syrienne Libre. Pour Noël, en guise de cadeau il envoie les missiles. Maintenant, nous en sommes aux armes chimiques, ne faudrait-il pas l’arrêter par des frappes militaires sur les terrains d’aviation, les casernes ?
Mais, quel que soit le prix à payer, Bachar al-Assad veut se maintenir au pouvoir, par tous les moyens. Une partie de la population le soutient ou du moins le tolère, les minorités comme on dit, tellement elles ont encore plus peur des bandes djihadistes soutenues par le Qatar et l’Arabie Saoudite, ces parangons de démocratie armés par les Etats-Unis et la France (pour le Qatar)…
Dès lors, seule la négociation avec toutes les parties en présence, tous les intervenants - et ils sont nombreux – doivent se réunir pour discuter d’une solution pérenne qui établisse la paix et la démocratie. C’est ce que proposait l’opposition laïque de Syrie. Mais, comme à son habitude, le gouvernement américain et les pays occidentaux de l’Otan, ont soutenu les forces les plus réactionnaires au sein du Conseil National Syrien, permettant à El Qaida, aux salafistes, aux Frères musulmans soutenus par la Turquie, les gouvernements tunisiens de s’engouffrer dans la brèche. Chacun arme son groupe. Tous ceux- là ne veulent pas plus la paix que Bachar, ils préfèrent proliférer grâce au chaos engendré par le fracas des armes, comme ce fût le cas pendant quinze ans au Liban, cette ancienne province syrienne avant le découpage colonial français et anglais de la Turquie en 1920. Il est aujourd’hui déstabilisé par le conflit, comme risque de l’être toute la région en cas de frappes occidentales.
Devant le danger d’une déflagration ou de prolifération de pouvoirs islamiques, certains se proposent d’intervenir à minima, se satisfaisant d’un statu-quo qui permettrait de maintenir dans la région une stratégie de la tension pour le plus grand profit et grâce à l’Etat d’Israël, le gendarme américain au Moyen-Orient, tout en conservant les possibilités de poursuivre leur business.
Les gouvernements russes et chinois, membres du Conseil de sécurité, opposent leur veto à toute intervention de l’ONU, pour des raisons qui sont très éloignées de l’anti-impérialisme.
Aussi seule une majorité de pays, à l’Assemblée générale de l‘ONU, pourrait imposer cette conférence internationale qui est l’unique moyen pacifique de résoudre cette question qui met en danger la paix mondiale. La France se grandirait en proposant et œuvrant pour une telle solution au lieu de jouer les va-t’en guerre à bon compte !
Allain Graux
Le 27/08/2013