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Au début de cette année, le gouvernement et les médias présentaient une petite amélioration des chiffres du chômage , comme un signal fort d’une reprise économique due à l’excellence de la sagesse politique de Nicolas Sarkozy. En fait, si la France était moins impactée que d’autres pays européens par la crise financière déclenchée par la spéculation sur les hedge funds et autres subprime, c’était surtout grâce à l’importance de ses services et entreprises publiques que la droite néolibérale au pouvoir n’a pas pu entièrement supprimés, et qu’elle n’a pas cessé de remettre en cause dans tous les domaines : RGPP, éducation nationale, santé, privatisation de GDF, partielle d’EDF.

Le chômage, sur ce premier semestre 2011, s’est en fait stabilisé à un taux de 9,2%, identique à celui de 2010, inférieur de 3 points à 2009 où le nombre de chômeurs s’était accru de 522 000 salariés. Mais la tendance est prévue à la hausse pour 2012[1].

La baisse de l’emploi public et la politique d’austérité pèsent sur la croissance, et les femmes, nombreuses dans le secteur public (Santé, enseignement, administration), en sont particulièrement victimes. Le subventionnement des heures supplémentaires, le retard des départs en retraite avec l’application de la nouvelle loi, dissuade les entreprises d’embaucher des jeunes et des chômeurs. Les emplois aidés non marchands sont en baisse, suite aux restrictions de ces aides (- 15 100 depuis décembre 2011). La baisse du chômage des jeunes s’expliquerait par leur renoncement à chercher un travail sur un marché complètement bouché : « la proportion des 15-24 ans qui ont ou cherchent un emploi a diminué de 1,7 points pour une baisse de 0,8% du taux de chômage des jeunes.[2] Le taux de chômage des seniors (+ de 50 ans) continue de progresser avec une hausse de 52% contre 32% pour l’ensemble des chômeurs depuis juin 2008, date du début de la crise.

La productivité des entreprises, qui progressait peu depuis 2008, devrait remonter à 1,2% en 2011 et 1,4% en 2012 ; soit peu d’embauches, en particulier dans l’industrie dont la part décline régulièrement dans la production française. L’augmentation de l’emploi marchand (+130 00 en 2010 et 2011) ne compensera que partiellement les pertes subies. De plus, quand il y a création, ce sont des emplois précaires et intermittents neuf fois sur dix. Ce sont 1 370 000 personnes qui travaillent dans ces conditions de précarité.

Dans l’industrie, avec les gains de productivité des entreprises, les destructions d’emplois sont quatorze fois supérieures à celles provoquées par l’extension du commerce mondial. Pour produire la même quantité de biens, il faut 4% de travailleurs en moins chaque année. Faut-il pour autant arrêter le progrès, les critères de rentabilité, dans la mesure où ils ne remettent pas en cause la sécurité des conditions de travail et la qualité des produits fabriqués ? Mais c’est un autre débat.

En 2005, l’Insee montrait une perte de 13 500 emplois par an entre 1995 et 2001 du fait de la mondialisation. En 2010, une nouvelle étude concluait à une aggravation de cette situation avec la perte de 36 000 emplois par an entre 2000 et 2005.[3]

Une part grandissante de l’activité des groupes français du CAC 40 s’effectue à l’étranger ; ils ne réalisent en moyenne que 32,6% de leur chiffre d’affaires à l’intérieur, contre 81,9 % pour les américains et 65,9 % pour les japonais.

Ces gains devraient entraîner une baisse des coûts des marchandises, de leur prix, d’un accroissement de la consommation et donc de la production des produits manufacturés et par conséquent améliorer l’emploi. Ce qui ne se vérifie pas dans les faits comme le montre l’évolution des chiffres des statistiques. En France et en Europe, les prix ont tendance à monter avec le renchérissement des coûts des énergies, mais aussi de la spéculation sur certains produits alimentaires, des incidences climatiques (inondations comme sécheresse), la cherté de l’immobilier[4], et aussi de l’impact monstrueux des profits des hypermarchés. Le chômage augmente pour diverses causes, mais également parce que les marchandises proviennent de lieux de production extérieurs, fabriqués par une main d’œuvre à bas-coût. Un coût qui ne prend pas en compte l’empreinte écologique et sociale.

 

Il a été observé que lorsqu’un pays pauvre échange avec un pays riche, ce dernier s’appauvrit

Ce fût le cas avec l’industrie victorienne (britannique) après le décollage marchand des entrepreneurs yankee en 1850. N’est-ce pas à ce scénario auquel nous assistons, dans les pays dits développés, avec l’irruption de la Chine dans l’industrie, de l’Inde dans les services, et plus seulement pour l’assemblage de produits manufacturés mais aussi pour la production de biens à haute valeur ajoutée.

 

 

Quel avenir ?

A défaut de produire des marchandises pour l’exportation comme pour notre consommation, la France pourra toujours faire visiter son patrimoine culturel, artistique, naturel, gastronomique, à des hordes de visiteurs chinois (ce qui a déjà commencé), indiens, japonais, coréens, brésiliens, émiraties. Ils viendront nous observer vivre dans nos villages et nos quartiers historiques, témoins de notre passé, nous admirer danser la bourrée, la java et le quadrille, en costume d’époque. On ne prendra plus la Bastille que dans des spectacles pyrotechniques, et nous organiserons des concours de lancer de pavés au quartier latin, en souvenir de mai 68.

 

Pour une mondialisation du partage et de la coopération

« Les solutions que nous avons voulu apporter aux autres sont aujourd’hui nos problèmes[5] ».

Le système de marchandisation globale des biens mondiaux, non seulement ne fonctionne pas, mais conduit à la catastrophe dans tous les domaines. C’est : « une machine inégalitaire qui mine les tissus sociaux et attise les tensions protectrices ; un chaudron qui brûle les ressources rares, encourage les politiques d’accaparement et accélère le réchauffement de la planète ; une machine à inonder le monde de liquidités et à encourager l’irresponsabilité bancaire ; un casino où s’expriment tous les excès du capitalisme financier ; une centrifugeuse qui peut faire exploser l’Europe.[6] »

Or, il pourrait et il devrait-être mis en œuvre un système de coopération internationale qui rompt avec la compétition outrancière, la concurrence acharnée, libre et complètement faussée par les rapports inégaux entre riches et pauvres, entre pays développés et en voie de développements, entre empires et petits Etats. Une « gouvernance mondiale » sous l’égide d’une ONU démocratisée, aux structures renforcées par des représentants élus par les peuples (et non dirigée par un conglomérat de puissants) pourrait présider au destin commun de l’humanité. FMI, Banque mondiale, OMC, seraient placés sous le contrôle de l’ONU rénovée.

 

La démocratie comme instrument de la régulation mondiale

Les Etats-nations sont dépassés par la puissance de groupes économico-financiers dont les budgets sont aussi importants que celui d’Etats dont les ressources diminuent dans le cadre des politiques libérales de baisse des prélèvements, d’impôts directs de moins en moins progressifs et proportionnels. Ce qui remet en cause la possibilité de contrôle des peuples sur des choix qu’ils ne peuvent plus exprimer et de capacité d’action sur leur destin. Il faut casser ces multinationales, ces monopoles gigantesques, ces oligarchies économiques et financières, comme politiques.

« Qu’ils s’en aillent tous ! »

La « démondialisation » doit s’accompagner d’une refonte de l’économie, de la production, pour une planification écologique à l’échelle des nations, des ensembles régionaux et du monde, pour limiter les échanges à ceux qui sont mutuellement avantageux pour les peuples et supportables pour l’empreinte écologique que nous imposons à notre planète.

Il ne suffit plus de s’indigner, prenons en mains notre avenir commun : Révolutions citoyens !

 

 Allain Graux

Le 1/07/2011

 

 

 



[1] Alternatives économiques – juin 2011 

[2]    «                                           «           p 10

[3] Alternatives économiques N°293 -

[4] Les prix de l’immobilier : +141% en dix ans. Loyers : +3,4% en moyenne entre 84 et 2009, pour une hausse des prix à la consommation de 2,1%. Alter éco Juin 2010 ; p28

[5] REF : E. Morin – La voie

[6] P.Artus et M.-P. Virard – globalisation : le pire est à venir- La Découverte 2008

Tag(s) : #politique
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