Le gouvernement israélien apparaît de plus en plus confus dans sa stratégie. Sous l’influence néfaste des ministres fascistes, Netanyahou est passé de la contention des Palestiniens, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie, en créant le plus de divisions possibles entre les forces politiques Palestiniennes pour mieux les contrôler. Que ce soit au sein de l’OLP, entre collaborationnistes libéraux (Abbas, Mohammed Dahlan) du Fatah et ceux qui sont favorables à Marwan Barghouti qui croupit en prison, entre le Hamas qu’il a favorisé et même laissé financer, allant jusqu’à assiéger Arafat à l’époque, et peut-être l’assassiner.
Ce qui paraît fonctionner avec la récente décision de Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité palestinienne, âgé de 90 ans, qui sous la pression des pays de la Ligue arabe et en absence d’élections, s’est décidé à faire désigner un vice-président pour lui succéder. La création du poste de vice-président et nomination de Hussein al-Sheikh a été annoncée par l'OLP jeudi 24 avril. Elle suscité les critiques et le rejet d'autres factions de la résistance, qui estiment que la récente réunion du Conseil central de l'OLP ne représente pas le consensus national et qu'elle aggrave les divisions et le contrôle unilatéral, anéantit les espoirs d'unité, malgré plusieurs tentatives en ce sens. Plusieurs factions importantes ont boycotté la session pour protester contre le manque de participation démocratique aux institutions nationales. Hussein al-Sheikh, représente le courant modéré et libéral du Fatah, comme Abbas, une Autorité corrompue détestée par la majorité des Palestiniens, en particulier de la jeunesse.
Aujourd’hui, après le 7 octobre 2023, Netanyahou prétend détruire complètement le Hamas, mouvement religieux proche des « Frères musulmans », et de résistance. Ce qu’il n’a pas réussi à faire après 18 mois de guerre intense à Gaza et contre les organisations des camps de réfugiés de Cisjordanie.
Il est passé de la contention et du contrôle externe au contrôle total, à la volonté d’expulsion et à l’annexion totale de la Palestine.
L’armée israélienne continue à pilonner Gaza et à s’emparer de territoires autour de son périmètre. Chaque jour qui passe voit son lot de massacres de civils, ajoutant de nouvelles victimes au bilan (Plus de 51 000 morts sans compter ceux qui sont encore enfouis sous les décombres). Elle n’hésite plus à tirer sur tout ce qui bouge, camps de toiles, habitations encore debout, secouristes, hôpitaux restant, personnels de santé, déplaçant les populations, les affamant (blocus total des convois alimentaires et sanitaires). Une politique de terreur pour provoquer les départs. Mais seuls ceux qui en ont les moyens financiers peuvent quitter le pays, vers l’Egypte et la Jordanie. Cependant, pour que le “départ volontaire” marche suffisamment afin de permettre l’annexion et le rétablissement de colonies juives dans l’enclave, il faudrait que 70 % des habitants au moins s’en aillent – soit plus de 1,5 million de personnes. Un objectif parfaitement irréaliste compte tenu de la situation politique actuelle à Gaza comme dans le monde arabe.
Les Palestiniens savent que tout départ est définitif, sans droit au retour. D’ailleurs l’un des objectifs de la suppression de l’UNRWA en Israël est de supprimer de fait la qualité de réfugiés en éradiquant cette institution créée spécialement pour eux par l’ONU. Or “selon le droit international, toute personne quittant la Palestine pour travailler ou comme réfugié doit être autorisée à y revenir”.
Smotrich, Katz et [Eyal] Zamir [le nouveau chef d’état-major de Tsahal], comme Netanyahou, savent parfaitement que leur projet de départ volontaire est irréalisable dans l’immédiat. Qu’il n’y ait plus aucun Palestinien à Gaza, cela ne pourra certainement pas se faire en une seule fois. D’autant plus que la Jordanie et l’Egypte sont opposés à cette perspective d’accueil de millions de Gazaouis. Donc, le gouvernement israélien veut créer des zones de contention à Gaza, des camps de concentration de la population, sous la surveillance permanente des forces armées dans des couloirs tampons découpant le territoire.
Les forces du Hamas restantes, à l’abri dans leur ville souterraine seraient peu à peu détruites, privées de tout contact avec la population civile.
Evidemment, une telle politique est très coûteuse en vies humaines de civils innocents. Ce dont se moquent ces barbares sionistes tout à leur dessein final d’annexion totale.
L’objectif déclaré de l’offensive est de faire pression sur le Hamas pour prolonger la phase 1 de l’accord de trêve rompu le 18 mars par Israël, c’est-à-dire la libération des otages sans qu’Israël s’engage à mettre fin à la guerre. Le Hamas, conscient des limites stratégiques d’Israël, refuse de modifier sa position : tout accord sur les otages doit être lié à la fin de la guerre. Dans le même temps, Zamir, qui craint peut-être vraiment de ne plus avoir de troupes pour conquérir Gaza, demeure remarquablement discret et évite toute déclaration substantielle sur les intentions de l’armée.
Dans ce contexte, les négociations se poursuivent. Le Hamas s’est déclaré, samedi 26 avril, prêt à un « accord global » pour la libération en une fois des 58 otages israéliens encore retenus à Gaza et une trêve de cinq ans avec Israël.
Oussama Hamdan, un haut responsable du mouvement, a affirmé auprès de l’AFP que « toute proposition qui n’inclut pas un arrêt complet et permanent de la guerre ne sera pas prise en considération ». Cela implique l’arrêt des hostilités, le retrait complet et définitif des troupes de l’armée israélienne, l’échange des otages israéliens contre des prisonniers palestiniens, ainsi que l’entrée de l’aide humanitaire dans Gaza.
C’est pourquoi, le 17 avril, le Hamas a rejeté une proposition de trêve de quarante-cinq jours en échange du retour de dix otages vivants.
En fait, le gouvernement israélien aligne les offres à la portée limitée pour mieux gagner du temps et poursuivre sa politique génocidaire.
En Israël, cette politique de guerre est fustigée par une opposition sans cesse plus importante qui exige un cesser le feu pour sauver les otages. De nombreux réservistes démissionnent, y compris de haut rang.
La menace d’élargissement de la guerre à toute la région persiste.
Alors que les bombardements israéliens continuent de pleuvoir sur une bande de Gaza déjà réduite à un champ de ruines, dimanche 27 avril, la banlieue sud de Beyrouth a aussi été bombardée, C’est la troisième fois depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre le Hezbollah et Israël. L'Etat hébreu dit avoir ciblé un entrepôt de "missiles de précision" du mouvement islamiste pro-iranien, accusé de "violation flagrante" des dispositions de la trêve pour avoir stocké des armes sur ce site.
Quelle sera la prochaine « fantaisie » de Donald Trump, toujours imprévisible, qui un jour menace d’“ouvrir les portes de l’enfer” sur le Hamas, et le lendemain envoie des délégués pour négocier directement avec lui et qualifie ses membres de “types super sympas”….
Allain Louis Graux
Le 28 avril 2025