Marine Le Pen ne sera sans doute pas candidate à l’élection présidentielle, condamnée par la justice à 4 ans de prison dont 2 avec sursis, 100,000 € d’amende et 5 ans d’inéligibilité dont 2 avec sursis ; ce qui l’empêcherait de se présenter aux élections présidentielles de 2027. Elle ne le pourra pas par décision de la justice conformément à la loi qui est applicable pour tous. Il ne s’agit pas d’arbitraire.
Marine Le Pen ne sera sans doute pas candidate à l’élection présidentielle, MLP ne sera pas présente au scrutin, à moins que le jugement en appel ne contredise celui prononcé en première instance. Tout cela est parfaitement démocratique et conforme aux loi que le FN/RN a lui-même réclamé et voté… Inutile de pousser des cris d’orfraie ! Sauf à vouloir peser sur l’opinion publique et une future décision des juges, ou sur les parlementaires pour changer cette loi qui est une application de la loi européenne. Le Parlement français aurait pu, s’il l’avait voulu, s’écarter de la norme édictée à Bruxelles et à Strasbourg. Mais une large majorité a voté le texte et il a donc force de loi, valable pour tout individu quel qu’il soit.
La production de la loi est certes une affaire de démocratie, mais son application par les juges est une question de respect du droit dans un Etat démocratique.
Un juge n’a pas, au moment où il siège, à juger du caractère démocratique ou non de la loi elle-même. Il ne juge pas au nom de la démocratie, mais au nom de la loi et donc au nom du peuple souverain qui a décidé de la loi.
Le RN s’est approprié illégalement des biens publics qui n’étaient pas destinés à l’usage qu’il en a fait. Il est donc normal que ses 23 responsables et MLP, soient sanctionnés au nom de la loi et du peuple français qui l’a votée par ses représentants démocratiquement élus.
Un juge ne décide pas de la loi, il l’applique, ni le gouvernement ni le législateur ni l’opinion publique n’ont à dicter au juge la manière de se prononcer. C’est un principe de la séparation des pouvoirs dans tout Etat démocratique.
Ce sont les régimes autoritaires qui usent de l’argument que leur élection par le peuple les légitime à dire la loi, et les autorisent à décider qui respecte la loi et qui l’enfreint, qui il convient de punir. C’est le comble d’un populisme qui permet de légitimer les pires infamies. Comme on le voit avec des dirigeants comme Erdogan en Turquie, Orban en Hongrie, comme Bolsonaro le faisait au Brésil, Milei aujourd’hui en Argentine, et Trump actuellement aux Etats-Unis, et bien sûr Poutine en Russie.
Comme Roger Martelli, je pense que la démocratie souffre de tentations dont on ferait mieux de se garder : penser que la souveraineté populaire est au-dessus du respect des droits universels et fondamentaux de la personne ; considérer que la justice est entièrement soumise à la volonté du peuple souverain.
Allain Louis Graux
Le 1ier avril 2025