Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

                                        Photo allainvoyage - Entrée du camp d'Aïda - Bethléem - 2015  -                                                                        la clé symbole des maisons dont les Palestiniens ont été expulsés 

Un cessez-le-feu qui perdure depuis le dimanche 19 janvier avec la première libération de prisonniers et otages israéliens et palestiniens.

Avec néanmoins des entorses et quelques attaques israéliennes à Gaza qui ont fait quelques victimes inutiles de plus. Et puis surtout une offensive très violente en Cisjordanie, dans les camps de réfugiés, en particulier à Jénine et Tulkarem, pour éliminer toute résistance à l’occupant, une invasion d’une agressivité intensive comparable à celle effectuée à Gaza depuis le 8 octobre 2023, entrainant des destructions massives des maisons et des infrastructures, les bulldozers succédant aux chars d’assaut. Les victimes civiles sont très nombreuses, hommes, femmes et enfants comme à Gaza. 40 000 habitants ont été chassés et empêchés de retournés dans leurs quartiers. Là comme à Gaza, le but poursuivi est d’expulser les Palestiniens pour coloniser. D’ailleurs des colons ont participé avec l’armée à cette opération appelée « Mur de fer ».

Selon un rapport de la Commission de résistance au mur et à la colonisation, les forces d'occupation et des colons ont mené 1 705 attaques contre les citoyens et leurs biens au cours du mois de février 2025, où l'armée d'occupation a mené 1 475 attaques. La plupart ont été concentrées dans les gouvernorats de Naplouse avec 300 attaques, Hébron avec 267 attaques et Ramallah et Al-Bireh avec 263 attaques[1].

Des colons ont aussi pris d'assaut la communauté bédouine d'al-Malihat, au nord-ouest de la ville de Jéricho. La communauté d'Al-Malihat est soumise à des raids quotidiens de colons sous la protection des forces israéliennes d'occupation, dans le but de déplacer ses résidents[2].

Des attaques ont eu lieu également au Liban dans les villages frontaliers qu’Israël veut éliminer définitivement, voir s’emparer pour créer une zone tampon. Et aussi en Syrie après la destruction massive de tout l’armement et des structures militaires de l’armée de Bachar el Assad après sa chute et sa fuite en Russie.

Des interventions ont eu lieu dans des lieux de la culture palestinienne, comme le centre Culturel de l’association Al Rowwad du camp d’Aida à Bethléem.

                           (Photo allainvoyage-Le centre culturel Al ROWWAD)

Depuis l’adoption de deux textes qui mettent un terme aux activités de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) sur son territoire et sur le territoire occupé palestinien, le siège est fermé, les visas pour le personnel sont supprimés. L’agence ne peut plus opérer, alors que cette action est primordiale pour l’enseignement dans les nombreuses écoles et centres de santé, d’aide humanitaire, de cette structure créée par l’ONU depuis 1949.

Pour les dirigeants israéliens, supprimer l’UNRWA, c’est supprimer la question du retour des réfugiés Palestiniens votée par la résolution n°194 de l’Assemblée générale des Nations Unies (11 décembre 1948), stipulant dans son onzième article que l’Assemblée générale :

« Décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables. »

Israël perçoit ce droit comme une menace, tant au niveau historique que géographique, qui sape les fondements sionistes (colonialistes) sur lesquels l’État d’Israël a été créé. En effaçant la question des réfugiés palestiniens, les Israéliens veulent perpétuer le mensonge « d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Les Israéliens tentent de faire oublier au monde entier comment leur État a été créé à travers un processus de nettoyage ethnique et le déplacement de 750 000 Palestiniens lors de la Nakba et la colonisation de la Cisjordanie depuis la guerre des six jours en 1967.

Netanyahou, comme ses prédécesseurs, n’a pas oublié que l’UNRWA, de par son statut juridique, est l’agence qui consolide le statut juridique des réfugiés, en établissant les camps de réfugiés comme des unités échappant à la responsabilité des États hôtes, et distincts de leur environnement naturel, avec toutes les conséquences juridiques que cela entraîne.

Ainsi, l’ordre a été donné à l’UNRWA par les autorités israéliennes, le 24 janvier, d’évacuer ses locaux et de cesser toute activité dans la ville de Jérusalem au 30 janvier, les visas du personnel ont été raccourcis. Or, tout personnel de l'ONU, où qu'il soit déployé, doit obtenir une autorisation de séjour de la part des autorités d'accueil. En l’absence de visas, le personnel international n’a eu d’autre choix que de quitter le territoire.                                                                                                                  Une seconde loi de la Knesset, a interdit aux responsables israéliens de travailler avec l’UNRWA et ses employés.

Le gouvernement israélien a profité de l’émotion soulevée dans le monde par l’intervention armée des milices palestiniennes de Gaza, le 7 octobre 2023, pour amplifier la colonisation, en supprimant toute occurrence d’ordre juridique international qui remettrait en cause l’illégitimité de l’occupation, et poursuivre la réalisation du rêve sioniste du Grand Israël.

« À peine 24 heures après l’adoption samedi 8 mars du plan arabe pour la reconstruction de Gaza par l’Organisation de la coopération islamique en Arabie saoudite, le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, a remis sur la table celui de Donald Trump, visant à déplacer les Palestiniens hors de la bande de Gaza, affirmant même qu’il « prend forme ». « Il y a des actions en cours, en coordination avec l’administration » américaine, a poursuivi la figure de l’extrême droite israélienne[3]. Il a toutefois déclaré qu’il fallait encore « identifier les pays » d’accueil. « Des préparatifs sont également en cours pour créer une autorité d’immigration de grande envergure au sein du ministère de la Défense, car il s’agit en fin de compte d’une opération logistique importante.»

La Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance juridique des Nations unies, a rappelé dans un avis en 2024 que la présence israélienne prolongée en Cisjordanie était illicite.

Le bilan à Gaza *                                                                                                 Depuis octobre 2023, il a atteint 48 453 personnes – probablement plus de 62 000 morts si on ajoute les disparus sous les décombres - dont 17 000 enfants et 214 nouveau-nés, avec plus de 111 860 blessés ; 5431 soldats israéliens ont péri au combat. En Cisjordanie : 7 138 palestiniens et 2581 soldats israéliens sont morts. Selon une étude publiée dans The Lancet, potentiellement 64 260 décès directs à fin juin 2024[4].

Ces chiffres reflètent une crise humanitaire qui ne cesse de s'aggraver à Gaza, alors que les attaques se poursuivent dans plusieurs zones. La récente attaque israélienne du 8 mars à Shujaiya n’est qu’une nouvelle parmi une longue série de violations du cessez-le-feu. Cinq morts et 37 blessés ont été transportés aux hôpitaux de Gaza, le 9 mars[5].

En Cisjordanie, les forces israéliennes ont intensifié leurs opérations, en utilisant des tactiques telles que des tirs aveugles et le largage de bombes assourdissantes.

Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, a déclaré dimanche 9 mars, que « la coupure par Israël de l'approvisionnement en électricité de Gaza, signifie qu'il n'y a plus d'usines de dessalement en activité, et donc pas d'eau propre, ce qui est un avertissement de génocide ».

Il s’agit de pressions exercées par le gouvernement israélien sur le Hamas pour qu’il accepte le plan américain de libération des otages israéliens et l’abdication de son pouvoir, lors des négociations en cours sur la deuxième phase de la trêve, sous peine « d’ouvrir les portes de l’enfer » selon Trump. Comme si ce n’était pas déjà le cas pour les populations civiles de Gaza!

L’élimination du Hamas, c’est un objectif qu’Israël n’a pas réussi à faire après 15 mois de guerre intensive. Le Hamas existe toujours physiquement, et encore plus dans les esprits. Le massacre massif de civils innocents et les destructions non moins massives, n’ont fait que renforcer son influence à Gaza et en Cisjordanie. Comme pour l’interdiction de l’Unrwa, l’exil projeté de 2,4 millions est pour le gouvernement israélien une solutions définitive de régler la « question palestinienne », plus de population palestinienne, plus de Palestine, plus de problème ! Le grand rêve sioniste …

La « question » ne peut se régler que par le respect du droit international, le retrait des colons israéliens et de l’armée des territoires occupés, la mise en œuvre du droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Il n’y aura jamais de paix sans la justice pour un peuple dépossédé de la terre où il vit depuis des millénaires, colonisée par des Européens ashkénazes[6] puis des Misrahis[7], de religion ou culture juive (ou pas) au nom d’une légende messianique biblique.

A propos des conditions de détention des prisonniers.                           Les médias mainstream se sont beaucoup étendus sur les régimes d’incarcération des otages israéliens sans référence à celles des palestiniens dans les camps et prisons israéliennes. Ce matin lundi 10 mars, France Inter a révélé ce qui n’était pas un secret pour ceux qui s’informent sérieusement sur l’occupation de la Palestine, qu’un civil Gazaoui avait été arrêté sans motif, battu et torturé avant d’être libéré dans le cadre des échanges de prisonniers. C’est tout à l’honneur d’Inter.

Le rapport de la Commission des affaires des détenus et anciens détenus palestiniens et Société des prisonniers palestiniens, révèle que les prisonniers palestiniens sont soumis à divers types de torture, notamment la famine, une négligence médicale systématique et des agressions sexuelles. Depuis leur arrestation, des femmes sont confrontées à un cycle sans fin de maltraitance qui comprend de violentes perquisitions dans leurs cellules et de graves privations. L’ampleur de ces crimes n’est pas un événement isolé ; elle fait partie d’une pratique systématique dont la gravité et la fréquence ont augmenté. Depuis octobre 2023, 490 cas de détention de femmes palestiniennes, dont des mineures, ont été documentés. Parmi les personnes détenues figurent deux filles, une mère enceinte et plusieurs femmes gravement malades, ce qui met en évidence l'extrême vulnérabilité à laquelle elles sont exposées[8].

Allain Louis Graux

      10.03.25

PS : Le plan d'épuration ethnique "doux" de la population de Gaza : Faciliter les départs volontaires ...

https://lepoing.net/agora/chronique-gaza-urgence-deplace-e-s-a-gaza-le-plan-israelien/

 

[1] WAFA – 10 mars 2025 - https://french.wafa.ps/Pages/Details/229934.

[2] Ibid.

[3][3] L’Humanité - Antoine Portoles -10.03.25 - Gaza : l'électricité coupée par Israël, Bezalel Smotrich affirme que le plan Trump pour déplacer les Gazaouis « prend forme »

[4] Sources : Statista Research Department, 28 févr. 2025.

WAFA : agence palestinienne de presse et d‘information.

[5] https://french.wafa.ps/Pages/Details/229924

[6] Européens de religion ou culture juive, originaires principalement d’Europe de l’Est.

[7] Juifs arabes, et aussi de berbères et Séfarades d’AFN, de Ladinos (juifs portugais exilés en Turquie…

[8] Sources :  Palestina 🇵🇸🇮🇷🇪🇭 - Commission des affaires des détenus et anciens détenus palestiniens et Société des prisonniers palestiniens.

  • teleSUR - alr - BCB WAFA. 8 mars 2025.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :