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L’élimination de Yahya Sinouar, le chef du Hamas, annonce-telle la fon des opérations militaires israéliennes à Gaza, une trêve, un accord de paix et la libération des otages israéliens et prisonniers palestiniens ?

Tout le monde l’espère, en dehors des ministres de l’extrême-droite israélienne, les autorités internationales, l’ONU, Biden, Macron, Josef Borrel et l’UE. Tous demandent à Netanyahou de négocier le cessez le feu à Gaza et au Liban.

Pour apprécier les véritables intentions et projets du gouvernement israélien, pour l’après-guerre, il faut se souvenir du plan « Gaza 2035 » qui était expliqué le 4 septembre par son auteur, le général israélien Eiland, du club des généraux en retraite : « Ils devront soit se rendre, soit mourir de faim. Cela ne signifie pas nécessairement que nous allons tuer tout le monde. Ce ne sera pas nécessaire, les gens ne pourront pas vive là-bas[1]. »

Ce projet consiste à vider le nord de l’enclave des civils, à assiéger la zone, la coupant de toute aide humanitaire (dont la nourriture et l’eau).

L’objectif est de forcer à la reddition les quelques milliers d’hommes du Hamas encore présents dans le Nord. Le tout au mépris de la vie des civils restés ou revenus dans la zone, errant au gré des ordres d’évacuation de telle ou telle zone soi-disant sûre.

                   (PHOTO OMAR AL-QATTAA, AGENCE FRANCE-PRESSE)

La mise en œuvre est déjà commencée.

L’ordre « d’évacuation » de l’armée israélienne, martelé depuis le 6 octobre, s’est accompagné d’un encerclement du quartier de Jabaliya, où l’armée israélienne revendique opérer au sol pour la quatrième fois depuis un an. Un ultimatum a été aussi adressé aux trois hôpitaux du nord de l’enclave, dont les soignants et les patients ont eu vingt-quatre heures pour fuir. Un appel perçu comme un nouvel indice d’une volonté de Tsahal de dépeupler le Nord de manière pérenne, avec un acharnement particulier sur Jabaliya. En fait, le camp a été bombardé au moins une fois par mois depuis le 7 octobre.

Sur une superficie de 1,4 kilomètre carré, il comprend 26 écoles et 2 centres de santé. Le marché du camp est le plus grand marché commercial de Gaza, il est considéré comme l'un des quartiers les plus animés de Gaza. Le camp abrite aussi une zone résidentielle, la « zone Al-Ternis. 

Ce carrefour très fréquenté a été le théâtre de la première frappe israélienne au lendemain de l’attaque du 7 octobre 2023, faisant 50 morts et plusieurs blessés. Une dizaine d’autres massacres comme celui-ci suivront. Ces massacres à répétition, bien que de plus en plus meurtriers, ne sont pas parvenus à chasser l’ensemble des quelques 112 000 habitants. Selon la Défense civile locale, 30 Palestiniens ont été tués vendredi 11 octobre dans des frappes sur Jabaliya[2]. Le quartier est assiégé depuis le 12 octobre, le dernier massacre en date a eu lieu le vendredi 18 octobre, faisant 33 morts et des dizaines de blessés. 

Israël veut massacrer sans témoins - « Un des derniers journalistes présents à Jabaliya, Hassan Hamad, 19 ans, a été tué le 6 octobre, ciblé chez lui par un tir de sniper. Selon la chaîne Al-Jazira, il aurait reçu des menaces de l’armée israélienne lui ordonnant de cesser de filmer. Fadi Al-Whidi, caméraman pour la chaîne panarabe, filmait lui aussi les bombardements et les opérations militaires au cœur de Jabaliya le 9 octobre, lorsqu’il a été blessé par balle, ainsi que son collègue Tamer Lobod. Le corps de Fadi Al-Whidi est resté plusieurs heures au bord de la route avant qu’on puisse le transporter à l’hôpital. Les deux journalistes se trouvent encore dans un état critique »[3].

En date du 14 octobre 2024, une vidéo (vérifiée par Orient XXI) montre deux ambulanciers évacuant des blessés près de l’hôpital Al-Yaman Al-Saeed qui échappent de justesse à une frappe aérienne. Quelques jours plus tard, les personnes déplacées cherchant refuge dans ce même hôpital ont également été prises pour cibles.

Les écoles comme les hôpitaux qui servent de refuges aux déplacés et sans-abri sont visées. A l’instar de toutes les structures de la bande de Gaza. Le 9 octobre 2024, l’école Al-Rafai a été frappée par une attaque aérienne, entraînant trois morts et 25 blessés.

Paradoxalement et cyniquement, le porte-parole de l’armée Avichay Adraee a écrit dans un message en arabe sur X : « Pour votre propre protection, ne retournez pas chez vous jusqu’à nouvel ordre. Ne vous dirigez pas vers le sud ; quiconque se dirige vers le sud risque de mettre sa vie en danger ». Quitter le Nord, n’allez pas vers le sud, aller où alors ! L’armée a aussi averti les personnels de santé dans le sud du Liban de rester à distance des ambulances qui sont, selon elle, utilisées par le Hezbollah pour « transporter des terroristes et des armes »[4].

Cyniquement, les soldats israéliens filment leurs propres crimes comme des exploits héroïques.

Les hommes du bataillon Netsach Yehuda, en grande partie recrutée dans les colonies, se sont illustrés en diffusant les images de plusieurs de leurs exactions et de leurs crimes : destruction d’édifices et objets religieux, destruction de l’aide humanitaire et mise en scène de l’assassinat de civils, comme s’il s’agissait d’un jeu vidéo[5], aux cris de « nous allons … leurs mères[6] !

Deir El-Balah : nouveau massacre des tentes dans l’hôpital Al-Aqsa

400 000 gazaoui-es sont assiégées autour de Beit Lahia, Beit Hanoun, Deir El-Balah, Jabaliya et leurs camps de réfugié.es. Les morts s’y comptent par centaines, les blessé.es y sont des milliers, les conditions sanitaires sont extrêmement alarmantes et la famine organisée y est catastrophique.

Dans la nuit du dimanche 13 octobre 2024, les troupes israéliennes ont bombardé un camp de tentes où plusieurs centaines de Palestinien.nes s’étaient réfugié.es dans la cour de l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa à Deir El-Balah[7].

Trois villes ont été gravement touchées depuis un an par l’offensive israélienne : Beit Lahia, près de Jabaliya et de Beit Hanoun, elles ont été la cible de nouvelles attaques, samedi 19 octobre, faisant 87 morts selon le ministère gazaoui de la Santé. « Cela fait suite à des semaines d’opérations intensifiées qui ont entraîné de nombreux décès de civils et un manque presque total d’aide humanitaire pour les populations du nord », a dénoncé Tor Wennesland, le coordonnateur de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient[8].

Lee service internet a été mis complètement hors service.Vaccination contre la polio.[9]

Le jeudi 17 octobre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a dénoncé le blocage de l'accès à son équipe médicale au nord de la bande de Gaza, empêchant ainsi les enfants de la zone de recevoir le vaccin contre la polio.

Rick Brennan, directeur régional des urgences de l'OMS pour la Méditerranée orientale, a détaillé lors d'une conférence de presse au Qatar, le refus d'Israël d'autoriser l'entrée de son personnel au nord de Gaza. Ce qui a retardé la campagne de vaccination. Malgré les demandes présentées par l'OMS, les autorisations nécessaires pour poursuivre la vaccination n'ont pas encore été accordées.

La première phase de la campagne a débuté en septembre et a touché des milliers d'enfants dans les autres zones plus accessibles de la bande de Gaza.

C’est une nouvelle confirmation de la volonté israélienne de procéder à un nettoyage ethnique du Nord, en le vidant complètement de la population, y compris en tuant le maximum de personnes, hommes, femmes, enfants, bébés, pour annexer le territoire et y créer à terme Gaza 2035, une zone économique de libre-échange et sans doute avec un terminal gazier ....

 

Au 20 octobre, au moins 42 603 Palestiniens de Gaza ont été tués, en majorité des civils, et la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés. Deux millions d'habitants se situent sur seulement 11 % du territoire en raison des ordres d'évacuation israéliens."  

          Des Palestiniens fuient le camp de Jabalia à Gaza, 6 octobre 2024 © Omar El-Qataa

La trêve et les otages

La 162e division, qui opérait dans le sud de Gaza, a reçu l’ordre de préparer un assaut majeur sur le camp de réfugiés de Jabalya, dans le nord, même si aucun renseignement ne justifiait cette opération. Les services de sécurité n’ont pas soutenu unanimement cette initiative, et certains membres de l’armée et du service de sécurité Shin Bet ont mis en garde contre le risque de mettre en danger la vie des otages. Des sources ont déclaré à Haaretz que lorsque les troupes sont entrées dans Jabalya, elles n’ont pas rencontré directement de terroristes !

Selon de hauts responsables de la défense, le gouvernement israélien ne cherche pas à relancer les négociations sur les otages. Une pression s’exerce en faveur de l’annexion progressive d’une grande partie de la bande de Gaza. Peu à peu, ce sera un fait accompli. Lors de discussions à huis clos, ces responsables ont déclaré que les chances de parvenir à un accord sur les otages semblaient minces à l’heure actuelle. Depuis la suspension des négociations, aucune discussion n’a eu lieu entre les acteurs internationaux impliqués dans les pourparlers.

Les forces de défense israéliennes avaient prévu une vaste opération dans le nord de la bande de Gaza après l’échec du dernier cycle de négociations avec les otages, dans le but de faire pression sur le Hamas pour qu’il revienne à la table des négociations. Mais la guerre a été redirigée vers le front libanais[10].

Le plan prévoit juste une semaine d’évacuation, y compris de la ville de Gaza, avant de déclarer cette zone comme militaire et fermée ! Ceux qui resteraient seraient considérés comme des combattants, ce qui signifie que les règlements militaires permettraient aux troupes de les tuer. Très peu de Palestiniens ont tenu compte du dernier ordre d’évacuation. Certains sont âgés, malades ou ont peur de quitter leur maison, beaucoup sont las d’errer de camp en camp sans être en sécurité nulle part et de ne jamais être autorisés à revenir. Ils sont les descendants de ceux qui ont subi la Nakbah en 1948.

Le plan évoqué le 6 octobre 2024, l’était depuis plusieurs semaines comme une option sérieuse par la presse israélienne, alors que Benyamin Nétanyahou en aurait dit le plus grand bien. Il prévoit de diviser la bande de Gaza en deux, d’occuper le Nord pendant une période indéterminée pour créer une nouvelle administration.

La ligne de partage serait le corridor Netzarim, cette route entre Israël et la Méditerranée qui scinde la bande de Gaza en deux, au-dessus du camp de Nuseirat et en dessous de Gaza City, isolant donc le tiers nord de l’enclave.

La copie du plan indique que si la stratégie réussit dans le nord de Gaza, elle pourrait alors être reproduite dans d’autres zones, y compris les camps de tentes plus au sud abritant des centaines de milliers de Palestiniens.

Une vaste zone de « libre échange ».

Pour le business, guerre ou pas, les affaires sont les affaires ! Le plan prépare le terrain à « Gaza 2035 » avec le soutien des Etats-Unis et des régimes arabes qui ont signé le plan d’Abraham, normalisé leurs rapports avec Israël. Manque encore l’Arabie saoudite, mais elle y serait favorable. Pour tous ceux- là, quid des résistants palestiniens à la colonisation, du Hamas ou autres ! il s’agira de transformer Gaza en un territoire globalisé, industriel à vocation mercantile, reconstruite à partir de rien ! (La Tribune -27 mai 2035).

 Donner les clés de la reconstruction de Gaza à l’Arabie saoudite

L’administration américaine poursuit ses propres objectifs, qui visent à remodeler le Moyen-Orient en éliminant l’influence de l’Iran, aidée par les guerres de Netanyahou, tout en le fustigeant. Très mollement, dans un contexte électoral où les démocrates ne veulent pas perdre une frange de l’électorat attachée aux droits des Palestiniens et à la paix, tout en restant proches de l’électorat juif messianique et favorable à Israël.

« Blinken, et le chef du Pentagone, Lloyd Austin, ont envoyé une lettre au ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, demandant à Tel Aviv d’assouplir l’interdiction d’entrée dans le nord de la bande de Gaza des denrées alimentaires. Cette missive indique surtout que Washington ne veut pas se trouver impliqué dans un plan de purification ethnique. Pour Washington, il convient surtout d’utiliser l’opportunité de la mort de Yahya Sinouar pour reprendre les discussions en vue de la normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite.

« Est-ce que je me soucie personnellement de la question palestinienne ? Non, mais mon peuple, oui , aurait déclaré Mohammed ben Salmane, le prince héritier saoudien à Antony Blinken en janvier 2024, selon The Atlantic. L’idée maintenant étant de donner les clés de la reconstruction de Gaza à l’Arabie saoudite dans le cadre d’une vague entité baptisée Palestine[11] ».

Allain GRAUX

Le 21 octobre 2024

 

 

 

 

[1] Sources : Associated Press -Julia Frankel – 13.10- 2024 – la Presse (vendredi 18 octobre).

Omar Al-Qattaa/Alexandre Horn publié le 9 octobre 2024 (Libération - Check New)

[2] 12.10.24 - M. O. avec AFP – Le Nouvel Obs.

[3] Source : Mahmoud Naffakh, Journaliste d’investigation syrien, dans Orient XXI - 17 octobre 2024.

[4] AFP : Agence France-Presse - 12 octobre 2024 à 14h12.

[5] https://x.com/ytirawi/status/1845815973313401240

[6] Sources : Younis Tirawi / WAFA / Quds News Network -

[7] France-palestine.org - Deir-El-Balah-nouveau-massacre-des-tentes-dans-l-hopital-Al-Aqsa

[8] Source : L’Humanité – le 21.10.2024 – Pierre Barbancey.

[9] Source - teleSUR - NH OMS - Al Mayadeen – 19.10.2024.

 

[10] Source Haaretz (Site AFPS : Des responsables de la défense israélienne : Le gouvernement repousse l’accord sur les otages et envisage l’annexion de Gaza) 16.10.2024.

 

[11] Source publiée le 20 octobre 2024 dans l’Humanité – Barbancey : Pourquoi la mort de Yahya Sinouar n’ouvre pas de perspectives de paix ?

 

Tag(s) : #ISRAEL, #PAIX, #PALESTINE, #géopolitique
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