Michel Barnier, le premier ministre LR, ex commissaire européen, très réactionnaire, nommé par le président Macron, a enfin présenté samedi, 21 en soirée, un gouvernement de 39 nouveaux ministres et secrétaires d’Etat, dont Neuf ont déjà été ministres, Vingt-quatre ont été parlementaires.
Ce gouvernement, composé des représentants des perdants des élections législatives, est soutenu par 213 députés, loin de la majorité requise de 289 sièges.
L'entrée au gouvernement du chef des sénateurs LR, Bruno Retailleau, le maintien de Rachida Dati à la Culture ou l'arrivée de Laurence Garnier à la consommation en font un gouvernement plus à droite que les précédents. Au final, LR hérite de 10 postes, dont trois de plein exercice. La majorité du reste des maroquins est partagé par des représentants des partis de l'ex-majorité d'Emmanuel Macron, Ensemble, le MoDem et Horizons. La seule trace de l'ouverture à gauche promise par le Premier ministre réside dans l'arrivée de l'ancien député socialiste et président de la Cour des Comptes Didier Migaud au ministère de la Justice. Bruno Retailleau, hérite de l'Intérieur, un ministère de premier plan. La députée Annie Genevard devient ministre de l'Agriculture, et le maire de Châteauroux, Gil Avérous, est nommé aux Sports. La députée Laurence Garnier, dont l'opposition au mariage pour tous et à la constitutionnalisation de l'IVG avait fait polémique ces derniers jours, est finalement nommée secrétaire d'Etat chargée de la Consommation.
Si deux des trois courants de pensée présents à l’Assemblée sont divisées, l’alliance gouvernementale autour du groupe central macroniste apparaît comme un assemblage de contradictions, des écuries pour les prochaines présidentielles, suspendues en fait au bon vouloir du RN qui décidera du moment le plus opportun pour voter une motion de censure. L’extrême-droite devient l’allié et l’arbitre de cette coalition profondément divisée, le parti Renaissance étant lui-même divisé en factions, notamment entre ceux issus de la gauche, les centristes, la droite, les ambitions présidentielles de Darmanin et Bruno Lemaire, Les rivalités entre les anciens premiers ministres Elizabeth Borne, Gabriel Attal, et le chef du parti Horizon Édouard Philippe candidat déclaré à la présidence. Chez les LR le torchon brûle entre Laurent Vauquiez et Xavier Bertrand.
Ce qui présage d’une crise gouvernementale inévitable. Ce gouvernement tiendra-t-il 9 mois, jusqu’à une prochaine dissolution où Macron exigera une majorité pour terminer son mandat ? A moins que l’arbitre RN provoque la chute avant l’échéance de juin 2025. Ce dernier, relativement discret joue sur l’image qu’il veut donner d’une solution responsable et stable.
L »’extrême droite peut à la fois profiter d’une légitimation de ses positions (à l’instar de la précédente loi immigration), jouer la carte du parti « responsable » y compris sur le budget, et siffler la fin de la récré quand ça lui chante. Un triple piège face auquel la gauche organise la riposte tant à l’Assemblée que dans la rue[1] ».
Le NFP, bien que divisé, est resté uni et le PS n’a pas cédé aux tentatives de Barnier et Macron, de s’allier avec les sociaux libéraux anti Mélenchonnistes et LFI.
Avant la nomination, LFI et L’UNEF, le PCF, appelaient samedi à des rassemblements pour la destitution de Macron, LFI ayant recueilli la signature d’une pétition par 335 000 personnes. Cependant, faute de présence et d’une majorité au Sénat, bien que cette mesure ait été votée par le Bureau de l’Assemblée, elle n’a aucune chance d’aboutir. De l’agit-prop, avant la prochaine manifestation du 1ier octobre à l’initiative des syndicats !
Allain GRAUX
Le 23 sept.2024
[1] L’Humanité – 23.09.2024