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RESULTATS ET ANALYSE

Si le nombre d’inscrits a progressé de 379 013 électeurs, ce sont surtout les nombres de votants : 9 654 681 et d’exprimés : 9 315 569 qui ont énormément augmentés, atteignant des records.

Ce qui caractérise ce premier tour, c’est une plus forte participation électorale qui a atteint 66,71% (32 910 888 votants[1]). Il faut remonter à 1997 pour trouver un taux de participation aussi élevé, avec 67,9% des inscrits. Lors des dernières législatives, en 2022, le taux d'abstention avait atteint un niveau largement supérieur, à 52,49% des inscrits.

 

Résultats 2024

Inscrits 49 332 761

Votants 32 910 888

Exprimés 32 060 277

 

Voix

2022

48 953 748

23 256 207

22 744 708

 

379 013

9 654 681

9 315 569

Elus au 1ier tour 2024

RN   : 33,15% dont 3,9% de

LR de Ciotti  = 29,25 % 

9 377 297

4250 000

18,68%

 

+14,47%

5 127 297

39

NFP: 28% 

LFI/PS-Place Publique/écologistes/PCF/NPA                                                                 

8 974 566

5 836 279

25,78%. NUPES

 

+2,22%

3 158 287

32 – LFI 20/Ps5/eco5

ENSEMBLE : 20,04%  

Renaissance/Horizons/Modem                                                           

6 425 217

5 857 264

25,75%

-5,71 %

+567 853

 

LR historique   : 6,57 % + les 3,9 % de Ciotti = 10,23%*                                                              

2104 918 +

Lr Ciotti

10,42%

 

 

Reconquêtes : 0,75%                                                  

 

4,20%                                                  

 

 

 

L’extrême-droite est arrivée largement en tête, avec un RN qui progresse de 14,47 % en deux ans ! Le RN était associé aux partisans LR d’Éric Ciotti dans 70 circonscriptions[2]. Ainsi, dans beaucoup de résultats, on compte deux fois les LR Ciotti, une fois avec le RN, une fois avec les résultats du LR historique. Le chiffre réel du RN seul est de 29,25%, pas si éloigné du résultat du Nouveau Front Populaire : 28%. Le RN a aussi bénéficié du retrait de Marion Maréchal-Le Pen de Reconquêtes qui est laminé, passant de 4,20% à 0,75%. Sa réserve de voix pour le second tour s’amenuise d’autant…C’est très haut, mais pas autant que le proclament les commentateurs.

Le RN a profité de voix venues de la droite et aussi d’électeurs macronistes déçus et d’électeurs en colère, profondément mécontents de sa politique, principalement des classes populaires et moyennes, mais touchant maintenant tous les milieux sociaux. C’est un rejet massif.

En prononçant la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron imaginait sans doute pouvoir bénéficier du report de voix d’électeurs effrayées par les « extrêmes », qualificatif utilisé par ses héraults qui s’évertuaient à le clamer haut et fort dans les médias et les lucarnes, n’hésitant pas à manier la calomnie, le mensonge, l’infamie à propos de l’antisémitisme de LFI et de Jean Luc Mélenchon, excluant ce parti du champ républicain. Ce message favorisant l’extrême-droite s’est retourné contre lui. Cela a été démontré aux élections européennes, car pourquoi ne voterait-on pas pour un parti dédiabolisé ? Et puis aux législatives, comment pouvait-on penser que les électeurs allaient revenir sur un vote de défiance RN, se déjuger trois semaines après avoir voté pour lui !

Cette erreur stratégique, a aussi bénéficié en partie au vote pour le Nouveau Front Populaire, d’une partie de la gauche macroniste revenue pour le coup à ses anciennes préférences idéologiques, y compris pour certains des ministres et députés. Cela aurait dû l’alerter. Il faut croire que l’exercice solitaire du pouvoir rend aveugle et sourd, en tous cas éloigne des préoccupations populaires des plus pauvres, des injustices et des inégalités les plus flagrantes, des peurs du déclassement social qui sont au centre des motivations des électeurs.

Le Nouveau Front Populaire constitué en 4 jours, avec un programme commun de 150 propositions, rassemble LFI, le PS et Place Publique (malgré les réticences de Glucksman de PP), les Ecologistes, le Parti communiste, la fraction Poutou – Besancenot du NPA. Il bénéficie du soutien des syndicats et de nombreuses associations comme Attac.

Il progresse de 2,22 % et de plus de 3 millions de voix sur le résultat de la NUPES en 2022, au premier tour des élections législatives. Avec 28 % il n’est pas si éloigné que çà du résultat sec obtenu par le RN (29 %), mais assez loin derrière l’alliance de l’extrême droite (33,15%).

Ensemble, la majorité présidentielle perd 5,71 % des voix en pourcentage sur le premier tour de 2022 ; si son nombre d’électeurs est supérieur à celui de 2022, c’est parce qu’il y a plus d’inscrits, de votants et d’exprimés. C’est avant tout la chute du parti Renaissance. De quelles voix peut-elle bénéficier au deuxième tour ? Déjà les alliés de l’ex-majorité se placent en vue de la prochaine élection présidentielle de 2027, dans trois ans. A moins que ? Nous ne sommes peut-être pas au bout de nos surprises, après les résultats du deuxième tour, si aucune majorité parlementaire n’émerge. Edouard Philippe, L’ex-premier ministre et chef du parti Horizons, très à droite, est sur les rangs…

Le parti Les Républicains, qui usurpe le nom de la République depuis que l’ultra droite Ciotti s’en est emparé, semble se maintenir avec 10 % des voix. Mais avec seulement 6,57 % pour le parti historique officiel, ce n’est que l’ombre d’un parti qui depuis l’UNR gaulliste, le RPR de Chirac, n’est plus que le lointain vestige de ce courant politique qui a dominé la politique française depuis De Gaulle.

Le PCF avec la défaite de Rousselle, achève sa lente décomposition qui était le premier de France en 1945. A vouloir imiter le RN dans ses mots et attitudes, il s’est achevé, en confortant le populisme, à la recherche d’une classe ouvrière qui a évolué avec la société et en la réduisant à des attitudes.

Triangulaires

Ces élections ont provoqué un grand nombre de triangulaires en raison de ce taux de participation plus élevé et d’un électorat divisé en trois blocs : Extrême-droite et droite (RN-LR), Gauche (LFI – PS/Place Publique - Verts – PCF - NPA), Extrême-centre (Renaissance, Horizons- Modem). En 2022, sept circonscriptions avaient été concernées par des triangulaires. On en dénombre cette fois 306 :

244 opposent le NFP à ENSEM et le RN, 46 le NFP aux LR et au RN, 16 à d’autres. Tout dépendra du report des voix, de l’existence ou nom d’un Front républicain par le retrait des candidats du centre en faveur du NFP et inversement. Tous les responsables nationaux ont appelés dès dimanche soir au Front républicain, au barrage contre l’extrême-droite. Pas une voix pour l’extrême-droite a dit Jean Luc Mélenchon. Une attitude très républicaine, n’en déplaise à ceux d’Ensemble qui persistent à vouloir isoler LFI des autres candidats du NFP.  Certains font la distinction entre « antisémites » LFI et les autres LFI ou NFP, comme l’ex présidente de l’Assemblée, Mme Yael Braun-Pivet ou Edouard Philippe. Le dernier premier ministre, Gabriel Atal, appelle-lui au Front Républicain. Les attitudes sont diverses et confuses au sein de l’ex majorité, en l’absence de la parole présidentielle…Sans doute pour essayer de favoriser et dégager une majorité relative qui leur semblerait possible avec les anciens PS hollandistes, dont l’ancien président est en bonne voix d’être élu député en Corrèze…Grâce au NFP !

7 duels, classiques opposeront le NFP au RN ; 32, le RN à Ensemble, 28 le LR au RN, 27 le NFP à Ensemble, 5 le NFP au LR, 2 le LR à Ensemble.

Dans cinq autres, il y aura même des quadrangulaires, quatre candidats ayant validé leur ticket pour le second tour.

Ensemble n’est en tête que dans 69 circonscriptions au lieu de 319 en 2002. La chute risque d’être brutale avec moins de 100 députés, environ 70, contre 244 précédemment !

Entre 180 et 265 pour le RN/LR.

De 125 à 165 pour le NFP ; (151 pour le groupe parlementaire actuel avec les 20 des DOM/TOM).

Pour LFI, la question de l’hégémonie et donc du choix d’un éventuel premier ministre, reste soumis au nombre de députés élus pour chaque formation qui compose le NFP. Il est acquis que ce sera un membre du parti arrivé en tête selon l’accord conclu. Ce qui est un principe républicain au sein de la Gauche. Mais est-ce que tous l’accepteront si c’est LFI et que le choix est en faveur de JLM ?

Il a dit et répété qu’il n’est pas candidat. En 2022 il l’était, mais nous ne sommes pas dans le même contexte, après une élection présidentielle, où JLM avait raté de très peu la sélection à cause de la candidature communiste et où le PS était très discrédité, LFI en pleine ascension grâce à sa politique unitaire. LFI pouvait se le permettre car ce parti avait gagné de haute lutte cette hégémonie sur un PS libéral qui avait conduit la gauche à un désastre. Il convenait de la relever avec une vraie politique de gauche. L’hégémonie de la Gauche de transformation sociale acquise, le choix était autorisé et légitime. C’était un de buts du Parti de Gauche et de cette mouvance avec une partie d’Ensemble (le parti de Clémentine Autain) et d’autres réunis dans le mouvement populaire LFI.

Les choses ont rapidement évolué avec le contexte international où sont apparues des divergences d’appréciation sur la guerre en Ukraine et plus récemment sur celle d’Israël contre Gaza et les Palestiniens, le combat pour la paix mondial et la négociation pour y parvenir. Sans pour cela cesser d’aider l’Ukraine contre l’invasion russe. Rappelons que LFI a voté tous les crédits et envoi d’armes à l’Ukraine à l’Assemblée nationale.

En perte de crédibilité du fait de la propagande médiatique et de celle des ardents partisans de l’Otan, puis d’Israël, il semble que JLM a de nouveau pratiqué une stratégie du bruit et de la fureur pour reconquérir l’hégémonie partidaire perdue. Mais nous n’étions plus dans le même contexte devenu largement émotionnel. De plus, le groupe de direction de LFI a écarté des dirigeants, des anciens et proches compagnons, y compris pour les candidatures aux élections. Il en est advenu un malaise au sein même de LFI et une incompréhension de l’attitude de JLM et de la stratégie mise en œuvre pour retrouver la prépondérance de l’alternative de transformation sociale au sein de la gauche.

Aujourd’hui, face au danger de l’extrême-droite la priorité est à l’Union.

Allain Graux

 Le 1 juillet 2024

 

 

[1] Chiffres du ministère de l’intérieur.

[2] Selon les déclarations de J.Bardella, le Président du RN.

Tag(s) : #POLITIQUE, #actualité, #publication politique
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