Le 15 mai, c'était l'anniversaire de la création de l'Etat d'Israël. Et aussi celui de la Nakbah, la catastrophe pour les Palestiniens: l'exil forcé pour 800 000 d'entre eux.
C'est l'occasion de rappeler cette histoire
En 1948, la Palestine sous mandat britannique compte 650 000 résidents juifs. Ce nombre va quintupler pendant les 25 années suivantes. Les origines seront différentes : jusqu’aux années 1970, ce seront des Juifs venus d’Afrique du Nord, d’Afrique, d’Asie. Puis ce seront des Juifs venus d’URSS avec une apogée en 1979.
Le 15 mai 1948, Ben Gourion lit la déclaration d’indépendance, approuvé par les États-Unis. Le lendemain de cette proclamation unilatérale, les États arabes attaquent Israël.
Les autorités juives s’y étaient préparées depuis longtemps. La Haganah, l’organisation clandestine paramilitaire sioniste a été créée dès 1920, pour défendre les communautés juives, participant à la répression britannique lors de la Grande Révolte arabe de 1936-1939. Originellement rattachée à la direction du syndicat Histadrout, l’organisation a été transférée sous le contrôle de l’Agence juive en 1931. Elle en devient alors la branche armée officieuse et sera intégrée dans l'armée israélienne en 1948. La Haganah agrège alors les groupes terroristes de l’Irgoun et du Lehi (groupe Stern), pour former Tsahal, la force de défense d’Israël. Tsahal s’est armé auprès des États-Unis (collectes d’argent) et matériellement en Tchécoslovaquie.
Aucune tradition comparable n’animait la communauté palestinienne[1]. Si les campagnards palestiniens étaient coutumiers des armes, c’était plus pour aller à la chasse ou tirer des coups de feu à profusion lors des fêtes et des mariages. Ils n’étaient pas avares des munitions…Bien commandés, ils auraient pu devenir de féroces adversaires des forces militaires juives, ayant une science instinctive de la guérilla et de l’embuscade.[2] Et puis, ils étaient les plus nombreux et faisaient confiance à leurs voisins arabes. A tort !
La Guerre israélo-arabe
Les armées arabes pénètrent en Palestine et dans un premier temps manquent de faire basculer le cours des combats. La guerre se prolongera, entrecoupée de trêves jusqu’au 6 janvier 1949.
Dans un premier temps, les combats se déroulent au Nord, avec la Syrie, le Liban, la Transjordanie. Mais les armées arabes sont mal équipées et dirigées, en dehors de la Légion arabe commandée par …un Anglais : Glubb Pacha qui a désobéi à l’ordre du roi George VI de ne pas participer à cette campagne. La Légion arabe compte plus de 6 000 soldats, en 1949 le chiffre atteint 12 000 sous le contrôle du gouvernement transjordanien, nouvellement indépendant. Entre le 15 mai 1948 et la fin 1948, la Légion soutenue par des troupes irakiennes prend le contrôle de l'actuelle Cisjordanie, au profit d'un agrandissement de la Transjordanie qui deviendra la Jordanie en 1950. Les forces de la Légion arabe obtiennent la reddition du quartier juif de la vieille ville de Jérusalem, combattent à Latrun, Lydda et Ramleh.
Le 20 mai 1948, le Suédois Bernadotte propose des solutions : arrêter les combats, dépasser le plan de partage jugé impraticable.
Une trêve a lieu du 11 juin au 8 juillet. Ce qui permet à Israël de s’organiser et de se réarmer. Les combats reprennent. Le 17 septembre, Folke Bernadotte est assassiné sur les ordres d’Itzhak Shamir[3] qui dirige le groupe Stern. La veille, le médiateur suédois avait présenté un projet de solution contenant une disposition sur le retour des réfugiés.
Tsahal va bouter les armées arabes hors d’Israël sauf pour ce qui concerne la Jordanie et Jérusalem-Est.
Les raisons de l’échec des armés arabes
Les forces juives ont bénéficié d’un commandement unique, acheté des armes en Occident, joui de l’aide de l’URSS. Les forces des pays arabes, soumises aux rivalités des souverains hachémites et des différents dirigeants, ont aussi été trahies par le roi Abdallah de Transjordanie qui a conclu un accord secret avec Golda Meir pour acquérir la Cisjordanie et ne pas dépasser Jérusalem.
Janvier 1949
C’est la fin des combats. Un armistice est signé pays par pays, sous les auspices de l’ONU et des USA. Avec les accords d’armistice, Israël s’agrandit d’un tiers, passant de 14 000 à 21 000 km², 78 % de la Palestine mandataire. 800 000 Palestiniens ont dû quitter leurs foyers.
L’État Palestinien n’a pas vu le jour, Israël et la Transjordanie se sont partagés la Cisjordanie, Gaza est tombé sous la tutelle de l’Égypte (le 24 avril 1950.
Selon les nouveaux historiens israéliens[4], cet exode fut le résultat d’une politique d’expulsion, de destruction des habitations et de colonisation par des Juifs, 369 villages ont été vidés de leur population....
La loi sur les propriétés abandonnées a rendu possible la saisie des biens de toute personne absente.
Les dirigeants d’Israël, avec la volonté de créer un État juif dans une terre arabe ont procédé au nettoyage ethnique de 90 % de la population arabe sur le territoire dont ils s’étaient emparés : ces Palestiniens victimes de la Nakba disposent d’un droit au retour, qui n’a jamais pu être exercé. Dès juin 1948, David Ben-Gourion a déclaré à son cabinet qu’aucun réfugié arabe ne doit être autorisé à revenir.
Nota :
Extrait de mon livre : "HISTOIRE DE LA PALESTINE , par Allain Louis Graux ( ISBN 978 2 9558 3684 2 ) The Book Edition.com. (10 €) - dec. 2016 .
En cours d'actualisation
[1] Lire O H Jérusalem (déjà cité) p.85 à 90
[2] Ibid - p.88
[3] Terroriste qui deviendra aussi premier ministre d’Israël.
[4] Benny Morris - 1948 and after - Israel and the Palestinians, Clarendon press, Oxford 1990 – The Birth of the Palestinian Refugee problem, 1987
- Ilan Pappé (La guerre de Palestine)