Jamais une réforme n’a été aussi unanimement contestée et pourtant jamais l’espoir que le mouvement de contestation soit victorieux n’a été aussi ténu. Le fatalisme et la résignation semblent aussi forts que la colère.
- la stratégie de l’intersyndicale serait coupable de ne pas avoir lancé « d’appel clair et net à une grève générale reconductible », notamment après la journée du 7 mars. Et de poser la question : « L’intersyndicale ne serait-elle pas devenue l’otage des centrales réformistes, CFDT en tête ? ».
Le positif :
- L’unité syndicale a permis de ne laisser aucune possibilité au pouvoir de s’appuyer comme il l’espérait sur une partie du mouvement syndical.
Elle a permis aussi, fait historique, de mettre des millions de personnes dans la rue. Le caractère répétitif, mais indispensable, des différentes journées de mobilisation a installé dans le pays un climat de refus du projet du gouvernement.
Cependant : a-t-il produit une lassitude ? Alors que les députés et sénateurs des droites macronistes et Républicains approuvaient la réforme, supprimaient les amendements de l’opposition, que Macron et le gouvernement s’enferraient sur l’âge de départ et le refus d’une véritable négociation.
- Le pays à t-il été à l’arrêt » le 7 mars, et après ? Pas vraiment ... Où cela mène t-il ? Le 11 mars a été en décrue de mobilisation, en correspondance, semble –t-il avec le sentiment que : quoiqu’on fasse la réforme passera comme l’estime une majorité de Français - sensibles à la propagande du gouvernement et des médias complices - alors qu’une énorme majorité s’oppose à cette réforme, notamment 90 % des actifs. Alors ?
« La journée du 7 mars n’a donc pas permis de franchir le saut qualitatif nécessaire dans la construction du rapport de force avec le pouvoir. Dans cette situation un appel lancé d'en haut à une grève générale reconductible aurait été lunaire. Comment penser, alors même qu’il n’a pas été possible de « mettre le pays à l’arrêt » totalement un seul jour, qu’il aurait été possible de lancer une grève générale reconductible par un simple appel ?[1] »
- Les conditions de déclenchement d’un mouvement de grève générale sont en fait assez mystérieuses. On peut simplement après coup l’expliquer ou indiquer que les « conditions objectives étaient prêtes... Ni en 1968, ni en 1936, il n’y a eu une consigne lancée d’en haut de grève générale. Cela part de la base et se répand comme une épidémie... par capillarité à partir des secteurs les plus mobilisés qui décident localement de se lancer.
Aujourd’hui, l’éclatement du salariat et la disparition des grosses concentrations ouvrières limitent ces possibilités d’action générale. Le gouvernement joue sur cette réalité sociale, et la faible implantation syndicale, sauf dans quelques secteurs de services publics ou de l’énergie.
QUE FAIRE ?
Sur les réseaux sociaux, appeler à une contestation économique de masse comme certains le proposent ? Ce n’est pas vraiment dans les méthodes de lutte des syndicats. Mais justement, pourquoi ne pas allier la grève et la manif à d’autres manières d’agir, comme le font les mouvements associatifs comme Attac, les Gilets Jaunes, etc...
- boycotter les banques, retirer son argent, vider les comptes ; changer de banque pour prendre un compte sur un banque coopérative et éthique : Crédit Coopératif, la NEF, Crédit Mutuel, ...
- Arrêter de consommer dans les supermarchés...
- Grèves techniques, de sécurité, administratives, du zèle ... Tout est bon pour éviter de perdre de l’argent et tenir... Dans ma profession, ma boîte, j’avais fait ça avec les camarades de notre syndicat CGT, avec succès. On était 80 % de syndiqués...C’était un peu après 68...Le patron avait cédé après seulement 4 jours de grève alliée à ces méthodes...
- Revenir sur les Ronds-points peut-être ... peu importe la couleur du gilet..
Et si vous avez des idées à proposer, n’hésitez pas ?
Moi je dis ça , mais je ne veux pas donner de leçon; Je suis parti en retraite à 58 ans, il y a 23 ans...Et je vous confirme : la retraite c'est bien ! Pas pour ne rien faire, mais faire ce qui plaît, et des tas d'activité utiles à la vie sociale. Un retraité cela sert à cela aussi. La différence avec certains boulots, c'est que l'on a le choix de l'emploi...
Allain GRAUX
[1] Pierre Khalfa - Ancien coprésident de la Fondation Copernic, membre du Conseil scientifique d'Attac. et ancien dirigeant de Solidaires.