Divers dispositifs d’aménagement ne sont que des farces et attrapes...
- l’augmentation de la durée de cotisation des retraites sera de faire baisser le montant de la pension des personnes attendant 67 ans.
- augmenter la part des seniors dans les entreprises. Le taux d’emploi des 55-64 ans est seulement de 56 % en France, bien moins que dans nombre de pays européens. Une des principales raisons de ce constat réside dans la politique des employeurs français qui préfèrent se séparer des plus de 55 ans, aux salaires plus importants que les nouveaux venus sur le marché du travail.
AUCUNE SANCTION N’EST PRÉVUE, comme d’habitude, POUR LES ENTREPRISES LES MOINS MOTIVÉES POUR GARDER LES PLUS ÂGÉ·ES.
- Carrières longues » : le dispositif visant les carrières longues sera « renforcé ». Dans les faits pourtant, la majorité de celles et ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans devra attendre plus longtemps pour avoir droit à la retraite.
avoir cotisé à partir de 18 ans ne permettra plus que de partir à 62 ans. Seules celles et ceux ayant commencé avant 16 ans pourront partir dès 58 ans, comme aujourd’hui (mais en ayant cotisé seulement une année de plus que la carrière complète, contre deux ans aujourd’hui). Si la carrière a démarré entre 16 et 18 ans, le départ pourra se faire à 60 ans, « sous réserve d’avoir cotisé la durée d’assurance requise majorée d’une année ».
Or, comme le pointe Patrick Aubert, chercheur de l’Institut des politiques publiques, les gains annoncés ne devraient concerner que peu de monde : il devient aujourd’hui de plus en plus rare de prendre sa retraite en ayant cotisé une année complète avant ses 18 ans (cela concerne environ 2 % des personnes nées en 1966, et encore moins pour les générations suivantes). Et dans toutes les générations nées après 1974, on compte seulement environ 10 % des travailleurs et travailleuses ayant cotisé une année avant leurs 20 ans.
- Handicapés : comme pour les personnes qui doivent attendre 67 ans pour ne plus subir de décote, le mécanisme de la « proratisation » jouera dans le sens d’une réduction du montant de la pension, en raison de l’augmentation générale de la durée de cotisation.
- Pénibilité : dès son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron a réduit le champ du compte pénibilité qui permet un départ anticipé. Selon les décomptes du gouvernement, seules 12 000 personnes ont jusqu’à présent utilisé leur compte.
Sur les dix critères pouvant à l’origine donner droit à des points pénibilité, les quatre qui avaient été supprimés par ordonnance (port de charges lourdes, postures pénibles, exposition à des vibrations ou à des agents chimiques) sont ceux qui donnent lieu à la quasi-totalité des reconnaissances en maladie professionnelle…Un « suivi médical renforcé » sera mis en place pour les salarié·es exerçant des métiers identifiés comme exposés à la pénibilité – alors que là encore, les ordonnances de 2017 ont fait passer de deux à cinq ans le délai maximum légal entre deux visites médicales professionnelles.
La prise en compte de la pénibilité continuera pour tous les métiers dits en « catégorie active » : policiers, surveillants pénitentiaires, pompiers, aides-soignants, éboueurs et égoutiers principalement. Ces travailleurs et travailleuses auront toujours droit à un départ anticipé, 5 à 10 ans avant l’âge légal.
Source : Médiapart
Espérance de vie
L’âge de départ recule plus vite que l’espérance de vie
C’est un argument classique, et on l’a encore entendu le 10 janvier dans la bouche du dirigeant de la CPME, l’organisation patronale des petites entreprises : il faudrait travailler plus longtemps parce que la durée de vie des Françaises et des Français augmente. Ce serait « la réalité de la démographie ».
Les Français·es ont certes gagné environ quinze ans d’espérance de vie depuis 1950 : les femmes nées en 2021 ont une espérance de vie de plus de 85 ans, contre 79 ans pour les hommes. Mais cette évolution stagne, et les réformes déjà votées font reculer plus vite l’âge de la retraite que n’évolue l’espérance de vie. Entre 2008 et 2020, l’âge moyen de départ à la retraite est ainsi passé de 60,4 ans à 62,6 ans. Et comme le fait remarquer l’ancien secrétaire national de la CFDT Jean-Louis Malys, aujourd’hui, « décaler de deux ans le départ, c’est environ 10 % de temps de retraite en moins ».
L’espérance de vie moyenne masque par ailleurs de nombreuses inégalités, selon les classes sociales : l’espérance de vie d’une cadre aujourd’hui âgée de 35 ans s’élève à 88 ans. C’est, comme le relève Le Monde, plus de dix ans de plus que pour un ouvrier du même âge.
Enfin, les chiffres sont encore moins bons lorsqu’on considère l’espérance de vie en bonne santé, sans limitation physique. Selon le ministère de la santé, en 2018, 23 % des Français·es – et 35 % des ouvrières et ouvriers –souffraient d’une limitation physique lors de leur première année de retraite.
source : Médiapart
L’ÉCONOMISTE ANTOINE BOZIO : Spécialiste du sujet et inspirateur de la première réforme qu’Emmanuel Macron a tenté de faire
« La réforme des retraites « pourrait aggraver » les inégalités »
« On ne peut pas dire que le système est en danger. Le déficit n’est pas explosif, il n’y a pas de dérive des dépenses de retraite. Ces dépenses sont maîtrisées, mais à un niveau qui est supérieur aux ressources qu’on y consacre chaque année. »
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Une partie des économies réalisées sur les comptes des retraites sont annulées par l’augmentation des dépenses pour d’autres branches de la sécurité sociale ou pour les départements en charge d’une partie croissante de l’aide sociale. Eloigner l’horizon de la retraite nécessite, pour certaines personnes, de rallonger les périodes de chômage, d’arrêt maladie ou de RSA. La Dares chiffre à 1,3 milliard d’euros les allocations chômage supplémentaires à verser avec un passage à 64 ans, tandis que la Drees évalue à 3,6 milliards d’euros la hausse du coût des autres prestations sociales ! Au total, cela représente environ 0,2% de PIB.
Le haut-commissaire au Plan, François Bayrou, qui soutient le président Macron, évoque une autre piste que celle du gouvernement. Elle consisterait à augmenter d’un point les cotisations patronales retraite, qui passeraient de 16,5% à 17,5% du salaire brut, et rapporteraient 7,5 milliards d’euros.
Le faible déficit des retraites à venir n’est pas la conséquence d’une dynamique incontrôlée des dépenses, mais bien d’un manque de ressources. L’octroi de primes (non-soumises à cotisation) en concurrence des augmentations de salaires, comme la « prime Macron » par exemple, est monnaie courante, depuis plusieurs années. De même, les exonérations de cotisations sur les bas salaires accordées aux entreprises assèchent la ressource des rentrées de cotisations dans les caisses de retraites et de la sécurité sociale. Est-il juste que les cotisations des salariés, soit un salaire différé, subventionnent les entreprises ?
UNE AUTRE SOLUTION : LE PROGRAMME PARTAGÉ DE GOUVERNEMENT DE LA NUPES
- Garantir une retraite digne.
Restaurer le droit à la retraite à 60 ans à taux plein pour toutes et tous après quarante annuités de cotisation avec une attention particulière pour les carrières longues, discontinues et les métiers pénibles
Maintenir l’équilibre des retraites en soumettant à cotisation patronale les dividendes, participation, épargne salariale, rachats d’action, heures supplémentaires, en augmentant de 0,25% par an le taux de cotisation vieillesse et en créant une surcotisation sur les hauts salaires
Rétablir les facteurs de pénibilité supprimés par Emmanuel Macron
Porter à minima au niveau du SMIC revalorisé toutes les pensions pour une carrière complète, et le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté
Prendre en compte le revenu de solidarité active (RSA) pour valider des trimestres en vue de la retraite
Indexer le montant des retraites sur les salaires
Interdire au Fonds de réserve pour les retraites d’investir dans des secteurs polluants
Augmenter les salaires et réduire les inégalités salariales dans l’entreprise
Porter immédiatement le SMIC mensuel à 1 500 euros net et accompagner les TPE/PME
Organiser une conférence sociale générale sur les salaires ainsi que dans chaque branche, qui aborderont notamment :
les augmentations de salaires, notamment pour les métiers occupés majoritairement par des femmes dans les secteurs du soin, du lien et du contact
les écarts de salaires : limiter l’écart de 1 à 20 entre le salaire le plus bas et celui le plus haut dans une entreprise
- la répartition de la valeur : fixer un seuil minimal pour les revalorisations salariales, afin que la somme consacrée aux revalorisations salariales soit au moins égale à la croissance du retour à l’actionnaire (dividendes et rachats d’actions)
l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (salaires, formations, carrière, promotions…) : augmentation des sanctions financières et pénales (amendes, refus d’attribution de marchés publics), création de commissions de contrôle salarié dans les entreprises
la formation, les parcours professionnels et les conditions de travail
Revaloriser le traitement des fonctionnaires et dégeler le point d’indice
Interdire les parachutes dorés et les retraites chapeaux
Supprimer les stock-options
Lire : article plus complet par Yves Mestas dans : https://lejacquemart.com/2023/01/11/retraites-2/