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Créé en 1987, le CAC 40 est un panier composé de 40 valeurs de sociétés françaises choisies parmi les 100 sociétés les plus importantes.  Sa compo­sition varie régulièrement.

Au sein du CAC, le luxe écrase tout. Hermès a vu son cours de Bourse progresser de plus de 30 % en 2020 malgré la crise. Avec ses congénères LVMH (plus grosse capitalisation du CAC avec 260 milliards d’euros), Kering et L’Oréal, le luxe désormais un tiers de l’indice. En 2019, le chiffre d’affaires cumulé des groupes du CAC 40 avait atteint 1 391 milliards d’euros, soit l’équivalent de 57 % du produit intérieur brut (PIB) de la France. Mais peu de chose en comparaison d’Apple qui pèse 2 200 milliards de dollars en Bourse, soit bien plus que tout le CAC 40 réuni !

Les champions tricolores réalisent en moyenne près de la moitié de leur chiffre d’affaires hors d’Europe. Et seulement un quart en France. Ils se sont lancés à la conquête des marchés extérieurs, et d’abord des émergents, dont le dynamisme explique pour une bonne part leur croissance (+ 22 % de chiffre d’affaires entre 2006 et 2019). C’est pourquoi les performances du CAC apparaissent de plus en plus déconnectées de celles de leur terre d’origine. Si elles donnent le sentiment de larguer les amarres de leur mère patrie, c’est aussi que leurs propriétaires ne sont plus qu’à moitié Français. Fin 2019, 41 % des actions du CAC 40 étaient détenues par des « non-résidents », surtout originaires de la zone euro (43 %) et des Etats-Unis (34 %), selon la Banque de France. C’est dans les technologies et les télécoms que le désinvestissement a été le plus fort : pas franchement rassurant pour le potentiel de croissance de l’économie française…Cette internationalisation du capital est le résultat des privatisations amorcées à la fin des années 1980.

En 2018, calcule l’Insee, les 50 premières entreprises françaises par le chiffre d’affaires représentaient ensemble 22 % du chiffre d’affaires cumulé du secteur marchand.

Si l’on retient le critère de l’emploi, les 50 premières entreprises rassemblent 17 % des salariés. Dans l’investissement, leur poids atteint 33 %. Pour les exportations, 45 % !

Les dividendes ont augmenté davantage que le reste.

Ainsi, en 2019, le chiffre d’affaires a augmenté en moyenne de 108 % par rapport à 2005 et les dividendes de 267 %, tandis que les frais de personnel (dont les salaires) sont à 111 % et les investissements à 119%.

80 % : c’est la part des bénéfices du CAC 40 redistribués aux actionnaires, en moyenne sur les 15 dernières années.

Parmi les plus généreuses : EDF, Engie qui accordé en moyenne 196 % de ses bénéfices aux détenteurs des actions de l’entreprise. « En 2015, l’ancienne directrice générale Isabelle Kocher fixait le niveau des dividendes pour les années 2016-2018, sans connaître les résultats économiques à venir, affirme Eric Buttazzoni, coordinateur CGT du groupe jusqu’en 2019, administrateur de GDF dans les années 2000.

Les salaires n’ont pas suivi l’augmentation des profits

Depuis 2005, la part du travail dans l’activité a ainsi augmenté en moyenne de 5 % dans l’ensemble du CAC 40. Cette faible progression s’explique en partie par la réorientation du groupe Vivendi vers des activités beaucoup plus intensives en travail (de la vente de SFR aux achats du groupe d’édition Editis et de celui de jeux vidéo Gameloft). Sans prendre en compte ce groupe, la part du travail dans l’activité a seulement progressé de 2 % en quinze ans au sein des entreprises du CAC 40.

Chez Veolia, cette part a chuté de 15 % depuis 2005. La raison est double. D’une part, la baisse des effectifs, puisque ces derniers sont passés de plus de 280 000 en 2010 à un peu moins de 180 000 aujourd’hui. Les salariés français de l’activité eau ont par exemple connu quatre plans sociaux depuis 2014. « Plus largement, il y a eu des économies sur toutes les fonctions supports ; les cadres, les ressources humaines, les formations. D’autre part, les conditions de rémunération ont été revues, « l’ancien statut a progressivement disparu à partir de 2009, entraînant une diminution drastique des primes et de l’intéressement. In fine, c’est bien le salaire qui baisse », dit un syndicaliste FO. Depuis 2010, Veolia subi aussi des pertes de contrats sur le marché de l’eau en France. Cependant, le chiffre d’affaires est, lui, resté stable en moyenne sur la période, alors que la part qui, en son sein, est dévolue au travail a diminué, entraînant « une intensification du travail », pointe Alain Bonnet. Une illustration que les gains de productivité ne profitent pas aux salariés.

L’entreprise du CAC 40 qui a connu la plus forte diminution (25 %) de la part du travail dans son activité est Hermès, n’en est pas moins la plus rentable des trois « luxueuses » qui sont aussi luxuriantes pour les actionnaires... En quinze ans, les revenus d’Hermès ont  été multipliés par cinq quand son bénéfice a été multiplié par plus de sept, entraînant mécaniquement une hausse importante de sa profitabilité.

 Selon Alternatives économiques de février 2021 : enquête sur les comptes du CAC 40

Tag(s) : #EECONOMIE
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