Agressions abominables
J’ai signé des pétitions pour dénoncer les agressions policières contre les jeunes des quartiers populaires, les contrôles d’identité répétés qui exaspèrent les jeunes issus de l’immigration maghrébine et africaine, les manifestants syndicalistes, écologistes, ou autres. Car ces violences exercées par des représentants de la loi, dont la mission est la défense de l’ordre public et des citoyens, sont particulièrement intolérables. Ces actes sont souvent tolérés, impunis, pas ou faiblement sanctionnés par les tribunaux et les agents soutenus par leur hiérarchie. On l’a observé encore récemment avec la mort d’Adam Traoré.
La mission policière est difficile, mais lorsqu’on s’engage dans ce métier, c’est comme l’enseignement, ce devrait être une vocation. Encore faudrait-il que le recrutement soit fait avec des critères qui élimineraient les cow-boys et les shérifs, que la formation soit solide, exemplaire, pour des personnes appelées à utiliser éventuellement des armes létales et même pour celles qui ne le sont pas, comme les tasers[1], mais peuvent blesser gravement et même tuer si elles sont mal utilisées.
Si des policiers se comportent mal, ils doivent-être jugés et sévèrement condamnés ; sévèrement car justement ils représentent la loi, et que se prévaloir de l’uniforme et de l’autorité pour en abuser est doublement condamnable.
Mais ce n’est pas aux victimes potentielles, ni à des bandes vengeresses de faire la loi. Ce sont celles de la République qui doivent être appliquées. Les actes criminels commis comme ceux qui viennent de se produire, en incendiant des voitures de police dans le but d’en assassiner les occupants, sont abominables.
Une situation de guérilla urbaine, certes pas nouvelle, rappelons-nous les émeutes de 2005 qui ont commencé à Clichy-sous-Bois à la suite d'un double événement : la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré le 27 octobre, électrocutés dans l'enceinte d'un poste électrique alors qu'ils cherchaient à échapper à un contrôle de police, puis trois jours plus tard, le jet d'une grenade lacrymogène à l'entrée d'une mosquée de cette même ville par les forces de l'ordre, en réponse à un « caillassage ».
D’une autre manière le djihadisme terroriste d’une petite minorité de jeunes gens ne ressort-il pas du même échec de l’intégration des populations d’origine immigrée, de la ségrégation spatiale et sociale, de la concentration de la misère dans les mêmes lieux, de la politique austéritaire néolibérale qui condamne l’avenir, les espoirs d’une grande partie de cette jeunesse ?
Là, comme dans bien d’autres domaines, toutes les politiques de la ville ont échoué, incurie, insuffisance manque de moyens, de mixité, absence d’un projet à long terme véritablement cohérent en relation avec un projet sociétal global.
C’est Nicolas Sarkozy, qui a supprimé la police de proximité en 2003, au nom de la « culture du résultat » ; il à l’outrecuidance de critiquer aujourd’hui le manque de moyens par dont il est largement responsable. Cette police au contact avait de meilleurs résultats, elle était respectée par la population et préférables aux opérations coups de poing dont le seul but est la médiatisation pour rassurer les gogos apeurés par les gros titres des journaux événementiels. Il ne s’agit pas de revenir « aux pèlerines » de mon enfance, mais ces agents débonnaires vivant quotidiennement avec la population étaient respectés et remplissaient leur mission de gardien de l’ordre. La police de proximité avait été édifiée sous le gouvernement de Lionel Jospin, le budget de la police avait augmenté de 15% et plusieurs milliers de postes créés. Qu’en est-il des mille postes par an promis par Hollande ? « Le développement de la police de proximité vise à substituer à une police essentiellement réactive et mobilisée sur des missions de maintien de l'ordre, une police plus anticipatrice, plus proche et plus à l'image de la population, et de la sorte capable d'apporter des réponses satisfaisantes aux attentes des habitants en matière de sécurité par la mobilisation de toutes les possibilités de la prévention, de la dissuasion comme de la répression[1] ». Evidemment, le temps de la prévention qui caractérise la police de proximité n'est pas le même que celui de la répression dont l'adaptabilité est plus rapide. Sans négliger la répression nécessaire, n’est-ce pas cette prévention qu’il faut mettre en œuvre sur le long terme ?
Que des policiers désobéissent, manifestent, on ne s’en plaindrait pas sur le principe s’il s’agissait de défendre la population pour s’opposer à de lois scélérates. Mais que réclament-ils ? Plus de répression, plus de droit de tuer, alors que leurs violences se multiplient – avec l’appui du pouvoir – contre non seulement les jeunes mais aussi les syndicalistes. Alors qu’il n’y a jamais eu autant de justiciables incarcérés dans des conditions déplorables qui ont entrainé plusieurs condamnations de la France par la Cour européenne des Droits de l’Homme [2]. En s’affranchissant des règles collectives sans que personne ne puisse les arrêter, ces policiers mettent en péril les fondements même de la démocratie et de la République.
Quand on apprend que ce corps vote à 57 % pour le Front National, qu’un porte-parole était candidat sur les listes du FN, on ne peut que se poser des questions sur leur éventuelle manipulation par les ennemis de la République. Ce qui n’excuse en rien le manque d’effectifs, de moyens, mis à leur disposition par le pouvoir dans le cadre d’une situation critique de crise pour faire face à leurs multiples tâches du maintien de l’ordre. Mais ce n’est pas seulement une question de moyens, et la réponse à leurs exigences ne peut pas être uniquement pénale comme l’affirme le ministre Cazeneuve. Le Garde des sceaux, Jacques Urvoas affirme lui, donner des informations pour : « que les policiers sachent les suites données à leurs interpellations. Ils verront alors que le sentiment d’impunité des délinquants, qu’ils dénoncent, ne correspond pas à une réalité ».
Et que pensent ces manifestants de la nouvelle doctrine du maintien de l’ordre, à base de grenades de désencerclement, de grenades lacrymogènes, de tirs de Flash-ball, d’interdictions de manifester, de l’organisation de nasses géantes pour séparer les manifestants afin de mieux les matraquer, du matraquage des stress médics venus secourir les blessés ? que pensent-ils des « 320 morts causés par la police depuis 1968[3] » ?
Depuis 2010, « les bavures policières explosent. En plus des morts, les blessés et mutilés se multiplient. C’est que non seulement l’armement de la police se perfectionne en puissance et en capacité à faire mal, mais en plus le cadre légal qui entoure l’usage de leurs armes s’assouplit très largement, ce qui leur donne carte blanche pour s’en servir en toute impunité. Les condamnations par les policiers meurtriers comme mutilateurs se font rares. La légitime défense est bien souvent invoquée et reconnue [4]. »
Rappelons que les Bobbies britanniques ne sont pas armés...De quel modèle s’inspirer, du britannique ou de l’américain qui flingue à tout va ? Quelle justice, répressive ou rééducative ?
22 octobre 2016
Des mesures d’urgence pour assurer la justice dans des délais raisonnables, stopper la clochardisation de la justice française.
- Garantir la protection judiciaire de la jeunesse, la justices des mineurs, la politique de prévention de la délinquance et les sanctions éducatives.
- Mettre fin à la paupérisation de la justice et de l’administration pénitentiaire :
- Mise en œuvre d’un plan de recrutement du personnel pour désengorger les tribunaux ;
- Rénover et construire de nouveaux locaux pour les tribunaux ;
- Recruter 2000 agents pénitentiaires pour les escortes des détenus ;
- Mettre fin au tout carcéral par des peines alternatives à la prison et rénover les prisons.
- Remplacer les instructions ministérielles du Parquet par des lois d’orientation de la politique pénale, débattues et votées par le Parlement.
- Remplacer le Conseil supérieur de la magistrature par un Conseil supérieur de la Justice désigné pour partie par les magistrats et le parlement, devant lequel il sera responsable.
- Réformer le dualisme juridictionnel en supprimant la fonction juridictionnelle du Conseil d’Etat et en créant une h juridiction suprême commune aux deux ordres de juridictions ( fusion de la Cour de Cassation et du Conseil d’Etat).
Améliorer la prévention en engageant une stratégie politique pour renforcer les anticorps républicains et supprimer le terreau des communautarismes par plus de République, de laïcité, d’éducation, de justice sociale, et d’implication citoyenne.
[1] Ce texte est celui que l’on trouve sur un site d’admission aux concours de la police municipale...