La bataille juridique contre le mur des Palestiniens de Battir
C’est en 2007 que le village de Battir assigna le ministère israélien de la Défense en justice pour changer le tracé de la barrière de séparation qui aurait coupé le système d’irrigation. La direction israélienne de la Nature et des Parcs avait donné son accord en 2005, mais il changea son avis et publia un document disant que les terrasses de Battir formaient un site historique israélien et devaient être préservées. Ce document affirmait que les techniques agricoles millénaires de la région seraient endommagées de manière irréversible par la construction de la barrière, quelle que soit la largeur de son emprise sur le terrain. C'était la première fois qu'une agence gouvernementale israélienne exprimait son opposition à la construction de la barrière de séparation.
En mai 2013, la Haute cour de justice israélienne statue en demandant pour quelles raisons le tracé prévu par le ministère de la Défense ne pourrait pas être annulé ou modifié. Il doit produire un nouveau plan avant le 2 juillet 2013. La colonie de peuplement de Betar Illit, voisine du village, a fait aussi un recours contre la barrière de séparation, mais c’est parce qu’elle craignait d'être empêchée d'agrandir la colonie. Apparaissent là, les véritables objectifs du tracé initial et la concussion de l’armée et des colons.
En déposant une demande auprès de l'UNESCO de classer Battir au patrimoine mondial, le village de Battir espérait empêcher toute destruction de son système d'irrigation lors de la construction de la barrière de séparation. Il a obtenu en juin 2014 que les terrasses cultivées et le réseau de canaux d’irrigation alimenté par des sources souterraines ont été classés au patrimoine mondial et sur la liste du patrimoine mondial en péril.
La Cour suprême annonça que le ministère de la Défense affirmait avoir renoncé à construire la barrière à Battir. "A ce stade, la position du ministre de la Défense est que la construction de la barrière à cet endroit, même s'il elle est importante sur le plan sécuritaire, n'est pas une priorité", a affirmé la Cour. L'Etat devait informer les signataires de la pétition présentée à la Cour suprême au moins 60 jours à l'avance s'il élaborait de nouveaux plans de construction dans le secteur.
La région de Battir est l'une des dernières, entre le sud de Jérusalem et la Cisjordanie occupée, qui ne soit pas encore bloquée par la barrière[1].
C’était "Une lueur d'espoir pour un meilleur futur dans notre région"
Malgré le classement de l’Unesco, les décisions de la Haute-cour, des menaces pèsent toujours sur la petite ville de Battir, ce site historique, ce patrimoine de l'humanité, cette jolie vallée, en passe d'être dévastée par la construction du mur qui avait été interrompue sur huit cent mètres. C'est une zone calme où il ne pèse aucune menace pour la sécurité, mais elle est dans un secteur que veulent s'approprier les colons. Tout comme dans la Cremisan valley voisine, où en Août 2015, des religieux chrétiens sont expulsés pour agrandir la colonie voisine[2]. Des manifestations ont lieu contre ces nouvelles expropriations en raison de la construction du mur:
Affrontement avec les forces israéliennes au Manifestation après la messe du dimanche (Palestinian Chronicle - 30 août 2015)
Les chrétiens palestiniens se sont affrontés avec les forces israéliennes qui suit la messe le dimanche lorsque des manifestants, y compris des prêtres, ont défilé pour protester contre le renouvellement des travaux sur le mur de séparation controversée dans la ville à majorité chrétienne de Beit Jala, en Cisjordanie occupée.
En mars dernier, une série de protestations avaient eu lieu à travers les quartiers de la ville-district de Bethléem où les forces israéliennes prolongent le mur de séparation, qui est considéré comme illégal en vertu du droit international.Les forces israéliennes ont tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants et des altercations physiques ont éclaté lorsque les forces israéliennes ont tenté de réprimer la protestation.
Deux manifestants ont été arrêtés pour avoir prétendument lancé des pierres sur les soldats qui gardaient la zone de construction, a indiqué la police. Plusieurs membres du clergé ont participé à la manifestation dont l'archevêque et ancien patriarche latin de Jérusalem, Michel Sabbah. Il a dénoncé le travail qui a commencé plus tôt ce mois. "Cette terre nous appartient", at-il dit.
"Quoi qu'ils fassent, quelles que disent leurs tribunaux, cette terre nous appartient et nous reviendra un jour. Vous êtes plus fort avec vos armes, mais vous n'êtes pas les plus fort quand il s’agit des droits de l'humanité ".
En plus du mur de séparation, les manifestants ont également condamné les colonies israéliennes illégales à proximité de Gilo et Har Gilo, ils craignent qu'elles soient étendues si la construction sur le mur va de l'avant.
Mgr Sabbah a exhorté le monde à soutenir le peuple de Beit Jala dans sa bataille contre le mur de séparation et a appelé l'Autorité palestinienne à attirer l'attention sur les violations israéliennes contre les Palestiniens.
Le district de Bethléem a déjà été coupé sur près de 60 kilomètres de terres palestiniennes a déclaré un rapport du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires. La Haute Cour d'Israël avait statué en Avril pour que le travail de construction à Beit Jala soit arrêté et demandé au gouvernement d’envisager des itinéraires alternatifs.
Cependant, le 6 Juillet la cour a infirmé la décision, jugeant que l'interdiction précédente ne mentionnait qu’une zone de quelques centaines de mètres le long d'un monastère de la Cremisan Valley.[…]
Monsieur Assaf a déclaré que les détails de la confiscation des terres des Palestiniens de Beit Jala devrait-être soumise à la Cour pénale internationale.
Mazin Qumsiyeh, un militant de la résistance populaire, a ajouté que le mur de séparation détruirait la nature dans la région en déracinant des arbres et des plantes nécessaires à son expansion.
Plus tôt ce mois-ci, les missions de l'Union européenne à Jérusalem et à Ramallah ont dit qu'ils étaient «préoccupés» par les travaux de construction du mur dans la vallée de Cremisan, que cela affecterait directement les moyens de subsistance de 58 familles. Une délégation de 15 membres de diplomates de l'Union européenne a ensuite visité Beit Jala pour évaluer la situation. Les propriétaires, des chrétiens ont déclaré que la construction du mur pourrait finalement les forcer à émigrer, ce qui équivaut à nettoyer» la zone de ses habitants chrétiens.
“ Israeli separation wall threatens Battir's ancient terraces”
La barrière de séparation menace les anciennes terrasses de Battir
“Israeli environmentalists and even the state parks authority are backing Palestinian villagers' attempts to preserve landscape that is expected to be declared world heritage site by Unesco (Harriet Sherwood in Jerusalem)”:
Les environnementalistes israéliens et aussi l’Autorité d’Etat des parcs ont appuyé les villageois palestiniens qui tentent de préserver le paysage qui est en attente pour être déclaré héritage mondial par l’Unesco. (Ce qui avait été fait en 2014)
Dans un communiqué, le ministère israélien de la Défense avait déclaré: "La clôture de sécurité a contribué à réduire le nombre d'attaques et de décès Cependant, il y a encore des entrées naturelles, grâce à laquelle des dizaines de infiltrés illégaux sont interceptés chaque jour. "Pour cette raison, les dernières parties de l'enveloppe de Jérusalem (la partie sud) doivent être remplis. Sans ces sections, Jérusalem reste vulnérable à la terreur."
L'itinéraire original à proximité de Battir avait déjà été changé après la reconnaissance des objections des groupes environnementaux. Il était prévu que les villageois seraient en mesure d'accéder à leurs terres sur le côté israélien de la barrière par deux portes, et le système d'irrigation ne serait pas affectée, disait le ministère de la défense. En réalité on sait ce que valent ce genre de promesses, à la « libre » disposition et selon l’humeur des soldats qui gardent les accès et accordent les autorisations de passage de manière pour le moins aléatoires et après la signature d’une dizaine de formulaires administratifs.
Ce tronçon de la barrière a fait face à un certain nombre de défis juridiques, y compris pour les villageois, les moines et les nonnes chrétiennes dans la vallée proche de Cremisan.
"La barrière va détruire le patrimoine culturel et naturel de Battir,"ont dit Bromberg, ainsi que les experts internationaux et israéliens.
Les arguments pour l’efficacité du mur sont pour le moins controversés, y compris par une partie des officiers de l’armée. Lors du jugement dans l’affaire d’Elon Moreh, en 1979, la Cour suprême s’appuya sur les opinions concernant la sécurité opposées à celles avancées par l’armée : elles lui avaient été fournies par les membres du Conseil pour la paix et la sécurité, tous d’anciens commandants de l’armée. Selon eux, non seulement le mur ne contribuerait pas à accroître la sécurité d’Israël, mais la mettrait au contraire en danger : les réserves fermées que créerait son tracé seraient de véritables foyers de haine et de terrorisme par le tort disproportionné fait aux Palestiniens qui y seraient enfermés[3].
[1] Commencée en 2002, elle atteint à terme environ 712 km. Elle se trouve à 85% en Cisjordanie, isolant 9,4% du territoire palestinien, dont Jérusalem-Est occupé et annexé, selon l'ONU. La Cour internationale de justice (CIJ) a jugé le 9 juillet 2004 sa construction illégale et exigé son démantèlement, de même que l'Assemblée générale de l'ONU.
[2]http://www.theguardian.com/world/2015/aug/18/israel-resumes-work-controversial-separation-wall-cremisan-valley
Peter Beaumont in Jerusalem - Tuesday 18 August 2015 10.20 BST Last modified on Tuesday 18 August 201511.35 BST
[3] Les seigneurs de la terre - Idith Zertal- Akiva Eldar - Seuil – P.426