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J’étais à Bordeaux, au Congrès du Parti de Gauche. Et qu’entends-je sur la route du retour ? Jean Luc Mélenchon aurait tenu des propos antisémites à l’égard de Moscovici. Mélenchon antisémite, ça c’est une première de taille ! En fait, de propos antisémites, Jean Luc a dit que notre ministre des finances n’avait pas pensé en français mais en financier pour ce qui concerne les mesures appliquées par les 17 – je n’ose pas dire salopards comme l’a fait François Delapierre – ministres des finances de la zone euro et Draghi, le directeur de la BCE qui ont ordonné, oui ordonné à ce pays souverain de prélever une taxe directement sur le compte bancaire de leurs citoyens  en dépit de l’opposition du parlement. Alors que les autorités de la petite île n'avaient plus, dimanche, que 24 heures pour valider un accord avec l'Union européenne et le FMI - afin de trouver les 5,8 milliards permettant de débloquer l'aide internationale de 10 milliards et éviter ainsi la banqueroute de l'île - la nouvelle mouture prévoyait selon plusieurs médias chypriotes d'appliquer une décote de 20% aux comptes supérieurs à 100.000 euros de la Bank of Cyprus. Il serait aussi prévu d'imposer une taxe exceptionnelle de 4% sur les comptes dépassant ce montant dans toutes les banques du pays. La version initiale, qui avait provoqué la colère des Chypriotes, prévoyait une taxe de 6,75% pour les comptes inférieurs à 100.000 euros et de 9,9% au-dessus[1].

C’est-à-dire que quand un Etat est réticent à obéir aux ordres de la Troïka (Commission européenne, FMI, BCE), elle prélève directement à la source pour renflouer les banques en faillites. Avec votre argent, sur votre compte bancaire. Bien sûr, devant le tollé soulevé par cette mesure qui fait fi du droit démocratique des représentants élus des peuples, on ne prélève qu’au-delà de 100 000 €. Ce seraient donc les spéculateurs Russes qui seraient les victimes de la mesure. Il y a bien longtemps que ceux-là ont mis leur fric à l’abri ! Et puis, les avoirs financiers sont épargnés.

Ce qui s’est produit-là, n’est-ce pas une saloperie ? Et ceux qui l’ont faite, ne sont-ils donc pas des salopards ? Demain cela, peut arriver chez nous, lisez ce qu’en dit le Figaro (un journal pas vraiment à gauche) :

Questionné sur la faisabilité de cette nouvelle approche pour d'autres pays de la zone euro où le secteur bancaire est similaire à Chypre, comme Luxembourg ou Malte, voire d'autres pays où les banques sont en difficulté comme la Slovénie, Jeroen Dijsselbloem a estimé que ces pays devaient envisager une réduction du poids de leur secteur bancaire. En fin de journée, il est revenu sur sa déclaration, en soulignant dans un communiqué que «Chypre est un cas spécifique, (présentant) des défis exceptionnels, qui nécessitait les mesures de sauvetage sur lesquelles nous nous sommes mis d'accord hier[2]».

C’est-à-dire que le Luxembourg comme Chypre, ou Malte, ou la City de Londres, sont des paradis fiscaux, mais qu’on ne leur applique pas les mêmes dispositions. Le président de l’eurogroupe dit calmement que cette nouvelle approche pourrait-être appliquée à d’autres, donc à vos propres économies déposées sur votre compte bancaire. Certes il s’en dédit après, mais n’avaient-ils pas déclarés, au moment du traité de Lisbonne, du TSCG, que c’était impossible, parce qu’il aurait fallu mettre fin au secret des transactions bancaires et contrôler les mouvements de capitaux. Pas d’entraves au marché et à sa main invisible qui régulerait tout, très gentiment. Un nouveau miracle du capitalisme !

« Tout devenait impossible, augmenter les impôts décourageait les »entrepreneurs ». Se protéger du dumping commercial des pays à bas salaires contrevenait aux accords de libre-échange. Imposer une taxe (minuscule) sur les transactions financières exigeait que la plupart des Etats s’y rallient. Baisser la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) requérait l’aval de Bruxelles.

…la BCE, le FMI, l’eurogroupe et le gouvernement allemand de Mme Angela Merkel ont tordu le bras (tremblant) des autorités chypriotes afin que celles-ci exécutent une mesure qui, décidée par Hugo Chavez, aurait été jugée liberticide, dictatoriale, tyrannique, et aurait valu au chef d’Etat vénézuélien des kilomètres d’éditoriaux indignés…[3]  » comme les commentaires justificatifs de Laurent Joffrin du Nouvel Observateur, de la « gauche » bien-pensante, plus prompte à fustiger Mélenchon que de condamner les dirigeants européens.

Quelles leçons tirer de cette histoire amorale ? 

- Ce sont les actionnaires et les créanciers qui doivent supporter les pertes des banques en difficulté, pas les comptes bancaires des salariés. Pourtant, ce n’est pas prévu dans la loi sur la réforme bancaire présentée au parlement français qui laisse le champ libre à une exonération des actionnaires, des créanciers et des dirigeants.

- « Au-delà d'une incertitude sur le sort de l'île elle-même, la crise chypriote a déjà porté un coup sévère à la crédibilité de la zone euro et à sa gestion de crise. Et pour la première fois, bientôt, la BCE pourrait devoir mettre sa menace à exécution et couper les vivres à un pays récalcitrant. [4]»

- Pour la première fois de l’histoire de la zone euro, la Banque centrale européenne a imposé ses vues à un pays souverain en le menaçant explicitement de l’expulser de la zone euro. Ce précédent est d’une extrême gravité.

 

L’écosocialisme

Ce fût un des débats majeurs des congressistes du PG. Avez-vous entendu parler de ce projet alternatif du développement économique et social par la presse ? En dehors de l’Humanité ? Que nenni ! Les journalistes préféraient les petites phrases chocs. Et pourtant :

Je veux que l’immense majorité, la seule majorité : tout le monde puisse parler, lire, écouter, s’épanouir.

Je n’ai jamais compris la lutte autrement que comme un moyen d’en finir avec la rigueur.

J’ai pris un chemin car je crois que ce chemin nous conduit tous à cette aménité permanente.

Je combats pour cette bonté générale, multipliée, inépuisable.

C’est par cet extrait du recueil de poésie « j’avoue que j’ai vécu » publié en 1974 par le grand poète chilien Pablo Neruda, que commencent les propositions du parti de Gauche.

EXTRAITS :

« L’écosocialisme est le mélange détonant entre un socialisme débarrassé de la logique productiviste et une écologie farouchement anticapitaliste.

…Il défend à la fois les droits humains et l’écosystème. Il replace le système productif et l’économie au service du progrès humain et des besoins réels…il nous appartient aujourd’hui de donner corps à ce projet conjuguant justice sociale et préservation de l’environnement…cette alternative a besoin d’un projet crédible et porteur d’espoir. Un projet qui donne à voir qu’une autre société est possible, pour que la colère qui s’accumule dans notre pays ne bascule pas du côté de la haine.

…Le capitalisme impose la marchandisation pour faire de toute chose une nouvelle source de dividendes (NDLA : dont ne profitent qu’une minorité de nantis). Il est ainsi responsable du creusement des inégalités sociales…( NDLA qui s’aggravent) et de la mondialisation à l’œuvre, libérale et liberticide, où règne le dumping social et environnemental avec la délocalisation des pollutions et des altérations de l’écosystème.

…Notre projet écosocialiste prend en compte les besoins les besoins humains et les limites de la planète. Il repense l »’utilité sociale de la production, nos manières de consommer, nos besoins réels, la finalité de nos produits et la manière de produire.

…Nous rejetons la mystification représentée par une certaine vision de l’écologie qui se veut compatible avec le libéralisme. Nous dénonçons le « capitalisme vert », qui …offre un nouvel espace à la mainmise de la recherche du profit maximal…Nous refusons le discours écologiste qui se contente de culpabiliser les individus.

…nous savons que les richesses existent et qu’il n’y a pas lieu d’attendre pour les redistribuer.

…Nous refusons cette logique productiviste qui consiste à produire tout et n’importe quoi dans n’importe quelles conditions pour l’écouler sur un marché par des dépenses publicitaires…des produits programmés pour tomber en panne et devenir démodés de plus en plus vite…

Nous prônons l’appropriation sociale des moyens de production et les propositions alternatives de l’économe sociale et solidaire en termes d’autogestion et de coopératives. Nous défendons la souveraineté budgétaire et la nationalisation comme outil de politique publique, notamment en matière de services bancaires et de crédit…Il nous faut également aller plus loin en matière de réduction drastique du temps de travail : « Travailler moins pour travailler tous et mieux. » …Rien ne sert de travailler davantage que le temps utile à produire ce qui nous est nécessaire. Le temps ainsi libéré pourrait utilement être affecté à des activités considérées aujourd’hui comme improductives et pourtant combien essentielles au bien vivre.

Produire autrement : relocalisation, réindustrialisation écologique, reconversion de l’outil industriel, et redistribution du travail. Pour satisfaire des besoins qui ne sont pas satisfaits : service aux personnes, agriculture paysanne, souveraineté alimentaire, santé, filières vertes, économies énergétiques, rénovation thermique, énergies renouvelables…

La règle verte : c’est notre indicateur central de pilotage de l’économe. Elle remplace « la règle d’or » des politiques d’austérité et d’ajustement structurel » imposés par la Banque mondiale, le fonds monétaire international, la commission européenne et la Banque Centrale européenne. … Elle associe la nécessaire réduction de certaines consommations matérielles et la nécessaire relance de certaines activités avec la prise en compte systématique de l’empreinte écologique générée… Cela implique la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre et l’arrêt du nucléaire qui produit des déchets radioactifs que nul ne sait gérer et qui comporte des risques inacceptables pour les êtres humains comme pour l’écosystème.

Construire la révolution écosocialiste.

Il s’agit de rassembler et d’agir, non de se contenter d’avoir raison entre convaincus…nous nous situons aux côtés des salariés et des exclus du système qui résistent et sont porteurs de projets alternatifs sociaux et environnementaux…Les citoyens engagés dans ce projet s’impliquent dans le développement d’expérimentations et d’alternatives concrètes : circuits courts, agriculture paysanne, reprise d‘entreprises en coopérative, systèmes d’échanges locaux, monnaies complémentaires, habitat collectif, covoiturage, opérations anti-publicité, réquisition de logements vides, retour en régie publique de la gestion de l’eau, gratuité des services publics.

Mettre en œuvre la Planification écologique.

Une révolution citoyenne est nécessaire pour – donner la possibilité des choixet conquérir la capacité de contrôle citoyen.

…le plan écologique donne la possibilité d’organiser la bifurcation vers un autre modèle de développement en interrogeant nos besoins et en réorientant production, échange et consommation en vertu de leur utilité sociale et écologique. …l’intervention continue des salariés dans la gestion des entreprises, dans le prolongement des luttes sociales et écologiques.

Pas d’égalité et de République sociale possibles sans Constituante !

Le projet réaffirme le rôle de l’Etat, de la collectivité et des services publics, indispensables pour planifier la rupture, construire une société émancipatrice et garantir l’égalité d’accès aux droits fondamentaux pour tous, partout. Ils doivent être refondés par le moyen d’une assemblée constituante. Elle doit renouveler de fonds en comble les formes institutionnelles et mettre en place les moyens démocratiques qui rendront possibles l’implication citoyenne permanente et la souveraineté populaire en tous domaines. C’est procéder au ménagement du territoire à rebours de l’étalement urbain et de la concentration des populations dans des mégalopoles concentrationnaires, à la mise en concurrence des territoires…Refus  de la marchandisation du vivant, des OGM, de la financiarisation des biens communs comme l’eau, l’énergie, et le savoir, de la privatisation des savoirs publics.

Elle implique une refonte radicale des institutions incluant scrutions à la proportionnelle, parité et non-cumul des mandats.

Sur le plan international, il dénonce la compétition organisée en lieu et place de la coopération, le pillage des ressources, naturelles, l’accaparement des terres arables, l’austérité imposée par la Troïka.

Il s’inspire des alternatives, révolutions citoyennes, refus de la dette, assemblées constituante comme en Islande  et au Venezuela, en Bolivie, en Equateur.

Elle se propose de changer les formes de la propriété, le système institutionnel et la hiérarchie des normes juridiques, sociales et environnementales qui organisent la société et l’économie.

Pour l’écosocialisme le peuple est la solution.

 

A suivre : la stratégie pour les élections municipales, Cahuzac, la trahison des élites et la faillite de la Ve république, « le coup de balai » nécessaire pour l’avènement d’une VIe République, participative, sociale et écologique.

  Allain Graux

Le 10 avril 2013

 

 

 



[1] Le Figaro : Anne Cheyvialle – 24.03.2013

[2] «  26.03.2013

[3] Le Monde Diplo avril2013 – Serge Halimi : la leçon de Nicosie.

[4] Le Figaro -Jean-Jacques Mevelle - 24/03/2013 : L'heure de vérité a sonné pour Chypre et l'euro

Tag(s) : #politique
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