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LES MOTS :

Le retard français

Il s’agit d’une légende utilisée par la majorité de droite et le Medef pour imposer des réformes rétrogrades jugées indispensables pour éviter le naufrage de l’économie française. Car si on observe les chiffres publiés par le FMI ou l’INSEE, on constate que les performances françaises sont tout à fait honorables.
Le PIB*réel par habitant : il n’a été supérieur en Allemagne que pendant deux ans (2006/2007) sur les dix dernières années. En 2008, il est égal (1,8). Si on prend le PIB tout court, l’écart est nettement favorable à la France : 2,3% an contre 1,5% en RFA. Quant à la zone euro, sa moyenne est identique à celle de la France sur les 20 dernières années...
Il paraît encore plus surprenant de constater que l’écart avec les Etats-Unis n’est que de 0,1% sur les dix dernières années. Cet écart devrait être rapidement comblé en faveur de la France en 2008/09, selon les prévisions du FMI.
L’Allemagne
est souvent citée comme performante grâce aux réformes entreprises par Schröder. En fait, c’est le renoncement à cette politique qui permet le retour à la croissance, en particulier les hausses salariales obtenues par d’importants mouvements sociaux, la pression syndicale et politique de Die Linke* sur le SPD et Angela Merkel. Ce qui sera d’ailleurs profitable à l’économie de la France. La période restrictive précédente avait entraîné la croissance européenne vers le bas, l’Allemagne pesant le quart de l’économie de la zone euro.
La dette
.* Les actifs, (la richesse que détient l’État) sont positifs: ils représentent 37% du PIB. La France peut donc s’endetter comme n’importe quelle entreprise, financer un plan de relance comme Sarkozy l’a fait avec le paquet fiscal. Malheureusement, ce cadeau de 14 milliards aux plus riches n’a pas provoqué le choc escompté sur la croissance.
La dette publique a augmenté avec la globalisation ; depuis1980, elle est passée de 20,7% à 63,9% du PIB. Elle serait trop lourde, il faudrait donc la limiter à 60%, réduire les dépenses publiques, le nombre de fonctionnaires (enseignants, personnel de santé. Quel progrès social !). C’est stupide, l’Allemagne est au-dessus de 60%, la Belgique à 84,9%, l’Italie au-dessus de 100%, la moyenne européenne à 68%, les Etats-Unis à 62,2% et le Japon à 180%... Elle a fortement progressé pendant les années de faible croissance, particulièrement entre 91 et 96, (années où Sarkozy fut ministre du budget en 93 et 95). Elle a été réduite de 2,5% sous la Gauche plurielle, entre 98 et 2001, grâce à la croissance impulsée par le gouvernement Jospin. Car c’est la faiblesse de la croissance qui génère L’endettement : la France consomme beaucoup moins qu’elle produit et ne vit pas à crédit.
La dette publique n’est pas la dette de la France : la dette est la contrepartie des actifs (les biens publics) qui eux sont bien réels. De plus, pour s’endetter l’Etat émet des bons du trésor qui sont achetés par ceux qui peuvent épargner, les plus aisés. Ils appartiennent à la même génération que celle qui emprunte. On ne lègue donc pas que la dette aux enfants puisqu’ils héritent aussi des titres. En réalité, le transfert est nul entre génération. Le transfert s’opère entre classes sociales car tous les contribuables paient les intérêts de la dette (15% des dépenses de l’Etat) alors que les intérêts profitent aux détenteurs des Bons du Trésor. Avec la diminution de l’impôt sur le revenu (progressif) dont bénéficient largement les plus riches, c’est une redistribution fiscale inversée qui s’opère.
Quant aux dépenses publiques (52,37% en 2007), ce monstre du loch Ness brandit pour justifier tous les sacrifices et les coupes sombres dans les services publiques et la protection sociale, elles n’ont augmenté que de 0,59% de PIB en 22 ans. Difficile d’y voir l’explosion de la dette!
Auparavant, l’accroissement des dépenses de l’Etat, toujours inférieure au taux de croissance de l’économie (sauf en 2002 et 2003), compensait la faiblesse de l’activité économique, pour la relancer. La nouveauté, c’est que ce mécanisme compensateur est grippé depuis 2002, année d’arrivée de la droite au pouvoir et de la croissance molle avec une moyenne de 1,8%...Les Français en paient les conséquences en terme de chômage et de précarité.
En fait, comme pour les détenteurs de capital la volonté d’épargner est supérieure à la volonté d’investir, l’argent trouve toujours à se placer auprès de l’Etat au lieu de s’investir dans les entreprises. Surtout quand on constate que le taux d’intérêt est passé au-dessus du taux de croissance depuis 1980. Il est donc devenu plus intéressant de gérer des titres de rente ou de spéculer que d’investir. Ce dont souffre la France ce n’est pas de la dette ou du déficit public de l’Etat, mais du manque d’investissement.
Le modèle anglais
: la GB qui n’est pas dans la zone euro n’a jamais respecté le pacte de stabilité européen qui fixe le déficit budgétaire à 3%. Pour relancer son activité et rectifier les aberrations du Thatchérisme, Tony Blair a créé 560 000 emplois publics dans la santé et l’éducation, accroissant de 5 points  la part des dépenses publiques dans le PIB.Les recettes fiscales engrangées ont permis alors de réduire le taux d’endettement. En France, la redistribution se fait à l’inverse, en direction de catégories qui épargnent au lieu d’investir.

 LES MAUX

La pauvreté
Le seuil du taux de pauvreté en France est fixé à 60 % du revenu médian, soit 817 €/mois en 2005.
Cette année là, 12,1% de la population, soit 7,1 millions de personnes étaient considérées comme pauvres. Depuis la situation se dégrade encore : l’écart entre le niveau de vie médian et le seuil de pauvreté s’accroît depuis le retour de la droite au pouvoir! Le nombre des pauvres les plus pauvres vivant avec moins de 40 % du revenu médian a augmenté de 14% entre 2002 et 2005. Parmi eux, le nombre des travailleurs pauvres, ceux qui ont un emploi, a crû de 21% entre 2003 et 2005 (1,53 millions en 2005)...
Pour remédier à cette situation, le gouvernement s’est fixé un objectif : réduire la pauvreté d’un tiers en cinq ans grâce au RSA du bon Monsieur Hirsch. Et pour être sûr du bon résultat il vient d’adopter un nouvel indicateur : le taux de pauvreté ancré dans le temps. Ce nouvel indice est calculé, non en fonction d’une base annuelle à 60 % du salaire médian mais de l’indice de l’année précédente augmenté de l’inflation. Comme l’inflation augmente moins vite que le revenu médian...
Concrètement cela signifie que si le taux de pauvreté ne baisse que de 3 % entre 2000 et 2005, le nouvel indice, lui, diminue de 22 % pendant la même période. Si vous pensez manipulation, vous avez raison...C’est ce que pense aussi l’ONPES* car :
la pauvreté est un phénomène relatif ...qui doit prendre en compte l’évolution du niveau de vie de l’ensemble de la population, Ce qui se fait partout dans les Etats de l’UE.
On peut aussi se rendre compte de cette
triste évolution sociale de la cinquième puissance mondiale avec ces quelques chiffres:
Minimas sociaux :
nombre d’allocataires de 2002 à 2005 : + 4,6%.
Taux de renoncement aux soins pour raisons financières, à 2004
: + 13%
Taux de demandeurs d’emplois non indemnisés
par l’Unedic ou par l’Etat : de 39,9 en 2001 à 40,3 en 2006,
Ces trois indices de l’ONPES qui s’ajoutent à ceux de l’indice de pauvreté décrivent tout l’aspect de la politique de régression sociale menée par la droite, non justifiée par l’état réel des performances économiques et de la qualité des travailleurs français dont on sait qu’ils sont les plus productifs au monde.

LE RSA
L’objectif de ce dispositif  destiné à assurer un complément de revenu aux chômeurs qui reprennent un emploi afin qu’ils gagnent davantage en travaillant plutôt que de rester au chômage, est louable en soi. Encore qu’il serait préférable d’augmenter le SMIC et des bas salaires vraiment trop bas. Il ne paraît pas logique – qui plus est dans un système capitaliste libéral - que ce soit la collectivité qui assure des revenus suffisants aux travailleurs pour reproduire leur force de travail. Ce devrait être aux entreprises de le faire. On me dira que : vous comprenez, la concurrence internationale...
Faire le ménage, servir dans un bar, et tous les métiers mal payés de ce type, ce ne sont pas des activités concurrentielles. Et puis, que veut-on faire : concurrencer les salariés chinois ou indiens? Ramener notre niveau social à celui de ces pays? Comment -être compétitifs avec le Vietnam où le salaire mensuel de l’ouvrier moyen est de 22$ ? Nous ne sommes pas prêts d’y arriver, c’est peine perdue. Et quelle peine! C’est là tout le sens des réformes de régression sociale mises en œuvre dans le cadre de la fameuse concurrence libre et… faussée par les gouvernements européens et la Commission de l’UE, appliquées aujourd’hui à la France, dernier carré de la résistance, par Nicolas Sarkozy, François Fillion et consorts.
Revenons en au RSA: il devrait faire disparaître à terme le RMI, l’API (allocation de parent isolé),
La PPE*(la prime pour l’emploi) et l’intéressement. Les travailleurs des classes modestes devraient pâtir de ce redéploiement, car ils ne toucheront plus la PPE, sans pour autant avoir droit au RSA. Même chose pour les rmistes et apistes s’ils ne retrouvent pas un emploi. En outre les fonds prévus seront insuffisants pour financer le surcoût du RSA et les mesures indispensables d’accompagnement social comme la formation et les contrats aidés.
En fait le RSA, à partir d’un bon principe, revient à faire financer les pauvres par d’autres pauvres
. En outre, il ne manquera pas de créer des effets d’aubaine pour les entreprises et pèsera inévitablement sur les bas salaires.
Avec le RMI*, il s’agissait d’assurer un revenu à ceux dont les ressources étaient inexistantes, aux handicapés, aux invalides du travail, etc...La protection par la société devenait un droit, dans des conditions de solidarité et non de charité. Il est sans nul doute nécessaire d’améliorer le volet insertion, mais on en peut pas s’appuyer sur une supposée paresse congénitale des travailleurs pour imposer à tous des mesures uniformes d’emploi. Dans tous les cas il est nécessaire de prévoir des parcours spécifiques.

Le chômage et la Flexisécurité.
Toute la politique du gouvernement vise à obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi diminution, puis suppression des allocations au troisième refus, sous des conditions d’acceptation qui constituent un véritable retour à la condition salariale du XIX° siècle et au carnet de travail, une atteinte à la dignité et à la liberté des salariés. Les chômeurs sont devenus suspects, des coupables en puissance, alors qu’un sur deux n’est pas indemnisé.
Le taux officiel de chômage en France est actuellement de 7,8%, celui des femmes est de 8,4%; des moins de 25 ans de 18,9%. Le nombre officiel est de 1 905 000 (Insee), le nombre réel de 3 069 300 (UNEDIC, mars 2008), sans compter les emplois partiels, aidés, en formation etc...4,5 millions de sous-employés précaires.
Si le taux de chômage diminue, c’est dû essentiellement au départ en retraite des générations du baby boom. Il faut beaucoup moins de création d’emplois pour satisfaire l’arrivée des jeunes sur le marché du travail. En outre, la France perd des emplois industriels : baisse de -2,6 % de la production selon l’indice INSEE.
La baisse du pouvoir d’achat qui n’est pas dû uniquement à la hausse des prix mais à la faiblesse du niveau des salaires et à la baisse de la protection sociale (franchises médicales, etc...), entraîne une faiblesse de la consommation à laquelle s’ajoute celle des exportations. De ce fait les entreprises investissent peu et n’embauchent pas. Il n’y a que 400 000 emplois disponibles, essentiellement dans les secteurs du bâtiment, de la restauration et du commerce, sous-payés, pénibles, souvent occupés par des travailleurs sans papiers pour ces raisons. Ce qui ne peut pas satisfaire la demande des 3 millions de chômeurs réels. Ce n’est pas parce qu’on diminuera les indemnités de ces chômeurs qu’ils retrouveront des emplois stables qui n’existent pas. Sur 10 embauches, 8 sont précaires.
La Flexicurité.
L’accord sur la modernisation du marché du travail du 11 janvier 2008 signé par certains syndicats* est à cet égard une vaste duperie. L’idée de lier la flexibilité des emplois, avec peu de règles limitant les licenciements et une forte sécurité de revenu grâce à des allocations chômage élevées était séduisante. Hélas, contrairement au Danemark souvent cité en référence, les allocations chômages sont faibles. Et pourquoi vouloir « flexibiliser » un marché du travail déjà très flexible avec 2,5 millions de salariés en CDD, où près de 900 000 salariés en CDI sont licenciés chaque année, souvent à titre personnel (¾ des effectifs). En réalité, il s’agissait pour le MEDEF de diminuer le coût de ces licenciements, car le noyau dur du salariat français est constitué de salariés en CDI avec plus de quinze ans d’ancienneté, chers à licencier et qui n’hésitent pas à contester devant les prud’hommes. D’où l’autre volet : le licenciement dit à l’amiable.
L’accord a fait naître un nouveau contrat de travail qui n’est ni un CDI ni vraiment un CDD. Sa durée est « incertaine ». Il sera plus difficile pour un salarié de contester un licenciement en justice.
Le travail de codification, supposé neutre, a eu en réalité pour principal objet d’adapter l’architecture et la philosophie du code du travail au projet politique de l’UMP. Censé être réalisé à droit constant, il supprime des dispositions, met en cause l’unité du droit du travail, déclasse et fragilise des garanties sociales. Pour le MEDEF, il s’agit de généraliser la précarité à des couches du salariat qui bénéficient encore d’emplois stables, sans améliorer la sécurité pour les autres. On peut citer la clause particulièrement scandaleuse selon laquelle en cas de rupture due à la survenance d’une inaptitude d’origine non professionnelle, l’entreprise puisse échapper au paiement des indemnités de licenciement. Le frein pour « virer » sans indemnité les salariés malades a été levé.
Le système mit en place ne pourra qu’accentuer les fluctuations de l’emploi, substituer des emplois fermes en emplois précaires. Mais il ne pourra pas en soi créer de nouveaux emplois.

Destiné en principe à clarifier le droit et à en faciliter la compréhension, le nouveau code se traduit par une inflation du nombre d’articles et suit un ordonnancement incompréhensible. En juillet, le projet de loi sur « les droits et devoirs des demandeurs d’emploi » est qualifiée de loi médiatique visant à stigmatiser les chômeurs par la députée Vert Martine Billard.Tout chômeur inscrit depuis plus de six mois à l’ANPE sera sanctionné si il refuse une offre raisonnable d’emploi compatible avec ses qualifications, située à moins d’une heure ou 30 km de son domicile, sans distinction du milieu, rural ou urbain !
-         
après trois mois il ne pourra pas refuser un poste rémunéré à 95 % se son salaire, à 85 % au bout de six mois. Ce qui va provoquer une tendance à la baisse salariale. Mais n’est-ce pas le but recherché ?
-         
La radiation est automatique après deux refus. Sur 625 000 inscrits radiés en 2007, dont 184 000 touchaient une indemnité, seulement 10 000 l’on été pour insuffisance de recherche et 15 000 pour refus. Ce n’est donc pas dans le refus de recherche ou d’emploi que se situe le problème : 25 000 sur 625 000. Pour 4% de chômeurs professionnels, on va pénaliser tous les chômeurs.
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La contrepartie serait l’accompagnement, un suivi individuel renforcé. Avec quels moyens ?
Une récente étude de la CFDT-ANPE démontre que le personnel en nombre insuffisant ne permet pas de réaliser un suivi personnalisé mis en œuvre depuis… 2006 et qui reste très virtuel. .

Restait alors à
liquider les 35 heures sous le prétexte de travailler plus pour gagner plus, C’est chose faite et en réalité on va travailler beaucoup plus et gagner moins. C’est un retour là encore au XIX° siècle.
Première étape
 : l’exonération des cotisations sociales et la défiscalisation pour faire croire qu’il était nécessaire d’augmenter le gâteau de la production avant d’en augmenter les parts. Mais il ne suffit pas de vouloir travailler plus pour pouvoir le faire. C’est le patron qui en décide, pas le salarié. Les bénéfices de cette mesure seront injustement répartis et renforceront les inégalités entre les salariés et la solidarité devant le chômage, ce sera le chacun pour soi. Les plus bas salaires perdent leur prime pour l’emploi, leur remise éventuelle d’impôt. Les femmes à temps partiel verront leurs heures complémentaires moins revalorisées, confinées dans le salariat d’appoint ou la pauvreté.
Seconde étape
 : le rachat des journées de RTT, soit un allongement de la durée réelle du travail pour des heures supplémentaires subventionnées.
Restaient à mettre en œuvre l’étape suivante pour parachever le chef-d’œuvre de remise en cause progressive des 35 heures dont la majorité de droite ne pouvait pas se débarrasser de front. C’est chose faite avec la nouvelle loi qui permet à chaque entreprise de « négocier » le temps de travail, au détriment de la loi, des accords de branche et des conventions collectives qui en France ont caractère de loi extensive. On pourra travailler 282 jours au lieu de 218, avec un maximum de 235 à défaut d’accord. Pour les cadres et VRP ce sera la suppression de tous les jours fériés payés sauf le 1° mai et un ou deux jours de plus…

Les entreprises pourront porter leur contingent d’heures supp. de 220 à 405 par an : 10 heures de travail par jour et 48 h. par semaine. Quel progrès. C’est à peu près ce que j’effectuais en 1963 ! Et plus de repos compensateur. Pourtant, selon un sondage des Echos, 79 % des salariés du secteur privé ne sont pas intéressés par le rachat de leurs jours de RTT.

Les modalités du passage aux 35 heures s’étaient traduites par une intensification importante du travail pour compenser l’augmentation du salaire horaire. Dorénavant il faudra travailler vite et plus longtemps, au détriment de la santé des salariés, de leur temps de repos, de loisirs, de famille. Les effets sur l’emploi vont être désastreux avec le ralentissement prévu de la conjoncture. Pour les trois derniers trimestres cumulés, l’INSEE ne prévoit que 0,4 % de croissance, 0,3 % en 2009. La subvention de l’allongement de la durée du travail va inciter les entreprises à embaucher le moins possible

Pendant ce même temps, les négociations sur la pénibilité entreprises pour compenser l’allongement de la durée du travail (retraites et 35 heures), ont capoté suite à la mauvaise volonté manifeste du MEDEF d’aboutir à un accord dont les modalités financières du départ progressif ne seraient pas prises en charge par l’Etat à hauteur de 40 % des salaires versés.

Cet accord faisait pourtant partie intégrante de la réforme des retraites initiée par Fillon en 2003…

L’idée répandue est que la panne de croissance, le fameux déclin français serait dû à la faiblesse du taux d’emploi des seniors et à la charge jugée excessive du financement des retraites.

l fallait donc augmenter la durée de cotisation à 41 ans - c’est chose faite - voire 42 ans. Le MEDEF, lui, préconise de reculer l’âge de la retraite à 63 ans.

Pourtant la réalité est tout autre :

-         
le taux d’activité des seniors plafonne à 37,8 % malgré la loi Balladur qui a porté la durée des cotisations à 40 ans. La responsabilité en incombe aux entreprises qui se débarrassent de leurs vieux salariés qui coûtent trop cher en salaires et ancienneté, sans être suffisamment productifs (pensent-ils !).
-         
L’âge moyen du départ en retraite dans le privé est de 58,9 ans, avec une durée moyenne de cotisation de 37 annuités.
Dans ces conditions, l’allongement de la durée de cotisation revient à chaque fois à écarter un grand nombre de salariés du bénéfice d’une retraite à taux plein, en raison de la décote par annuité manquante.

L’allongement de la durée de cotisation a pour but d’éviter d’augmenter les cotisations patronales.

Le financement des régimes des retraites par répartition relève du partage car il s’appuie sur des cotisations basées sur le salaire. Selon le rapport du COR* en 2003, la part du PIB nécessaire pour équilibrer le régime doit croître de 6,5 % d’ici à 2040, soit de 12 à 18, 5 % du PIB, sous l’hypothèse d’une croissance de 1,75% et d’un taux de fécondité de 1,8.

Il s’agit donc d’un choix de la société française sur le mode de financement et de type de financement. Celui d’allonger la durée de cotisation aboutira à réduire le montant des pensions déjà entamé par les réformes Balladur et Fillon.

Il existe d’autres solutions :
-          Le relèvement des cotisations sociales et l’élargissement de l’assiette de financement.
Selon le COR il suffirait d’une hausse de 0,37 points par an jusqu’en 2040, à répartir entre salariés et employeurs, pour assurer le niveau des pensions sans affecter le taux de remplacement.

-         
La taxation des stock-options rapporterait 3 à 4 milliards par an.
-         
La création d’une CSG entreprise basée sur la valeur ajoutée, incluant salaires et profits.
-         
On peut aussi augmenter légèrement la CSG.
-         
Prélever des  cotisations sur l’intéressement et la participation.
La combinaison de ces mesures permettrait de répartir l’effort de financement d’une manière plus juste et plus équitable. Ce n’est pas la voie choisie par le gouvernement Sarkozy-Fillon, sans véritable concertation.

Ceci d’autant plus que l’effort à produire est relatif en fonction des critères suivants : l’hypothèse démographique retenue par le COR était basse. L’évolution de la population active est revue à la hausse avec un taux de fécondité proche de 2 enfants par femme, l’immigration est plus importante que prévu (solde de +100 000/an au lieu de 50 000). La France gagne chaque année 350 000 habitants et pourrait atteindre les 70 millions en 2050. Ce qui réduit le besoin de financement de 2 à 5 points de PIB supplémentaires, en fonction de sa croissance d’ici 2050. Le taux de croissance potentiel est supérieur à 3 %, il pourrait donc être amélioré par une politique d’investissements massifs dans les secteurs innovants. Cela engendrerait une hausse de la masse salariale, donc des recettes de cotisations à la sécu comme pour les caisses de retraite.

Le choix qui devrait s’imposer, ce sont des mesures justes et équitables pour :

-         
maintenir le droit à la retraite à 60 ans à taux plein ;
-         
garantir un taux de replacement du salaire de 75 %  et un minimum garanti au SMIC pour les plus basses retraites.
En refusant ces solutions et en créant et creusant le déficit, tant pour le régime des retraites que la celui de la sécurité sociale, le gouvernement prépare le terrain pour en finir avec le système par répartition, pour s’appuyer sur des systèmes à plusieurs vitesses reposant sur trois piliers :
-         
un strict minimum public ; la charité au lieu de la solidarité.
-         
un complément s’appuyant sur les mutuelles et financé par les salariés, dont le montant sera variable selon le taux de prise en charge des entreprises. Fini l’égalité.
-         
Un supplément pour ceux qui en ont les moyens, de s’assurer auprès des compagnies d’assurances qui lorgnent depuis longtemps sur les milliards que représentent les fonds de la protection sociale.
Ce système qui existe aux Etats-Unis est le plus cher au monde, ne fonctionne pas, et laisse des millions de gens sans couverture sociale, sans soins…

Les mesures démagogiques
.
Le président du pouvoir d’achat
ne veut surtout pas augmenter les salaires. C’est ce que nous venons de démontrer. Donc, face à la hausse des prix alimentaires et de l’énergie (pétrole, électricité, gaz) provoquée par la crise financière mondiale et la spéculation sur l’immobilier, le pétrole, les céréales, Monsieur Sarkozy refuse de donner un coup de pouce au SMIC. Il prétend augmenter les revenus par le travailler plus, limiter l’inflation par le contrôle des prix et le développement  des discounters. C’est-à-dire que les travailleurs les plus pauvres doivent se contenter de produits de moins bonne qualité, voire à la limite des périmés dans les hards discounts, notamment pour les banlieues…
Cette concurrence renforcée qui ferait baisser les prix est un autre mythe. Ce n’est pas durable et c’est limité. Quand le plus gros a mangé les petits, les prix augmentent à nouveau…

Le recours aux compléments salariaux (heures supp., RTT, participation et intéressement exonérés de cotisation) se substitue à la progression générale des salaires, au blocage du taux horaire. Dans ces conditions, avec les gains de productivité, la part du gâteau profitera uniquement aux revenus du capital qui ont déjà repris 10 % sur la part des salaires dans le PIB sur les 20 dernières années.
On peut ajouter aussi la généralisation du livret A à toutes les banques, toujours au nom de la libre concurrence imposée par la Commission européenne. Cela va faire reculer le financement du logement social assuré par les caisses d’Epargne et supprimer la garantie d’accès à l’épargne populaire pour les petits épargnants. Seule La Poste sera tenu de le faire. Pour le plus grand profit des banques qui chercheront à capter les plus gros épargnants. La Poste déficitaire, il n’y aura plus que d’achever sa privatisation déjà en cours. Fini les bureaux de poste dans les villages, les comptes bancaires pour les plus démunis etc…
Ajoutons encore :
-
La disparition du service bien utile de la Direction de la Concurrence, de la Consommation et de la répression des fraudes DGCCRF), par sa fusion avec le Conseil de la Concurrence…
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Les mesures de Christine Boutin pour supprimer à terme la loi SRU qui oblige les villes à construire 20% de logements sociaux.
-
La dépénalisation du droit des affaires, par une législation sur ordonnance pour substituer  de simples sanctions commerciales aux condamnations pénales…On durcit la répression de la petite délinquance dans le même temps où l’on allège celle des cols blancs…
 -
De nouveaux cadeaux fiscaux aux entreprises en créant de nouvelles niches pour 106 millions au moment où il prétend les supprimer …pour les simples  contribuables (assurance-vie etc…). Ces nouveaux cadeaux s’ajoutent aux exonérations de cotisations sociales patronales dont le montant scandaleux s’élève à 32 milliards en 2008 (contre 28 en 2007). Soit plus 12 % !
-La réforme de la carte scolaire vide un peu plus les établissements des quartiers des élèves issus des classes moyennes, selon la conclusion d’un rapport d’octobre 2007 non publié par le gouvernement (Le Monde). Le processus d’assouplissement renforce la ghettoïsation des milieux les plus défavorisés et aboutit à un résultat inverse de l’objectif proclamé.


Toute la politique de Sarkozy ne vise pas à revaloriser le travail, mais à le dévaluer.
L’ensemble des « réformes »constitue une remise en cause du droit social à l’échelon européen aligné sur la doctrine anglo-saxonne des ères Thatcher et Reagan. L’Etat sacrifie peu à peu ses fonctions sociales : éducation, santé, assistance, protection sociale, pour réduire son rôle à celui de la répression pour les mettre en œuvre et contrôler la population: réformes de la justice, développement de la police, lois répressives sur l’immigration, une réforme de l’armée destinée à assumer la police internationale sous contrôle de la puissance dominante, les Etats-Unis, en réintégrant l’Otan.

Le modèle, c’est la concurrence avec les travailleurs les moins favorisés, à l’Est et dans le monde, un modèle où l’on travaille douze heures par jour jusqu’à plus de 65 ans, de nuit, le dimanche, sans salaire minimum, (il est remis en cause par la BCE).

Ce serait l’adaptation au modernisme, en fait de sont de vieilles idées, celles du vieux patronat, le plus réactionnaire. Cette  restauration conservatrice n’est pas une révolution économique, mais le retour à un capitalisme radical régit par la finance, dont le but unique est le profit maximum.

La stratégie présidentielle est d’avancer sur tous les terrains en même temps, par touches progressives, mais en maintenant un rythme très élevé. Cette logique, fondée sur des postulats néo-libéraux a des limites : l’emploi stagne, le pouvoir d’achat régresse, la dette se gonfle. L’accumulation de ces faits marque clairement le contenu de classe de la politique sarkozienne. Elle brise la solidarité nationale, l’équité de la redistribution des revenus, elle défend les avantages du capital contre ceux du travail, poursuit inexorablement le désengagement de l’Etat du Service Public. Les inégalités se creusent.
Pour dissimuler ces faits, le discours officiel brandit le péril d’une mondialisation menaçante, et propose des mesures protectionnistes qui ne seront jamais mises en œuvre. Le Président se sert démagogiquement des faits divers pour asseoir des mesures répressives et moralisatrices : contre les pédophiles, l’immigration illégale, etc…
Pendant ce temps les profits des multinationales et les dividendes des actionnaires augmentent toujours plus vite. :
- Cappegemini, Unibail-Rodamco : + 40% - Sanofi-Aventis : +18.3 % - Lafarge : +33% - etc…
On verse des sommes folles aux actionnaires au lieu de les investir dans la recherche, l’éducation, la formation, les salaires, l’emploi, les techniques et matériaux écologiques, pour dynamiser le développement.
En 2006, sur 97 milliards de bénéfices nets, les groupes du CAC 40, ont reversé 40% de dividendes, rachetés 8 milliards de leurs propres actions pour en faire monter les cours ; 80% de ces profits proviennent des délocalisations dans la zone dollar au détriment des productions nationales ou européennes.
Les richesses produites dans l’industrie en 2007 ont augmenté de 3,3 %, les profits de 7,4 %, le salaire brut de 1,4%...* (Comptes de l’Industrie du 3/04/08)

Si l’on en croît l’opinion publique exprimée par les sondages, la crédibilité politique de Sarkozy et du gouvernement Fillon est en chute libre. Cependant la réplique populaire n’est pas à la hauteur de cette situation catastrophique pour la majorité des citoyens de notre beau pays. Le manque de perspectives, d’alternative crédible ne permet pas d’exprimer le rejet de façon globale.
Il est plus que temps d’y réfléchir et d’organiser la réplique unitaire, l’instrument politique dont les masses ont un cruel besoin.

  Allain GRAUX
Le 20 juillet 2008


*PIB : produit Intérieur Brut
*ONPES : Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale.

*PPE : un impôt négatif discutable, une trappe à bas salaires mises en place par le gouvernement Jospin, suite au refus du conseil Constitutionnel de varier la CSG
*RMI : Revenu minimum d’insertion créé par Michel Rocard (PS) en 1988.
*Dette: lire le Monde diplomatique de juillet 2008 : l’épouvantail de la dette publique (Bruno Tinel et Franck Van de Velde)*
. Quatre confédérations syndicales (CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) sur  huit, et trois organisations patronales (MEDEF, CGPME, UPA) ont fait leur l’accord interprofessionnel sur « la modernisation du marché du travail »; la CGT, n’a pas signé.
En France, à cause d’une loi Fillon du 4 mai 2004, on prétend qu’un accord est « majoritaire » quand il obtient la signature d’une majorité de syndicats même si ces syndicats représentent une minorité de salariés par rapport à ceux qui ne signent pas l’accord. En fait c’est un vote « par ordre » et non pas « par tête » comme avant la Révolution française. C’est comme au temps où le clergé et la noblesse l’emportaient par deux voix contre une, contre le tiers-état. C’est la procédure antidémocratique que Fillon a imaginé pour fausser les négociations syndicales : c’est purement archaïque, scandaleux, mais c’est hélas, comme cela que la droite fait fonctionner notre pays. C’est comme si, pour adopter une loi au Parlement, on comptait le nombre de groupes parlementaires qui la votent et non pas le nombre de députés. Dans la métallurgie, par exemple, FO, CFTC et CGC signent les accords avec l’UIMM, tandis que CGT et CFDT les refusent : ces accords sont réputés « majoritaires » alors que FO, CGC, CFTC représentent moins de 20 % des voix aux élections professionnelles de la branche et CFDT et CGT qui représentent 80 % sont minoritaires.

Pourquoi parle-t-on de 4 syndicats sur 5 alors qu’il y en a huit dans le pays ? Pas parce qu’ils ont obtenu plus de voix de la part des salariés ! Justement non, ça n’a rien à voir avec les voix qu’ils ont obtenues, ni avec l’audience réelle qui est la leur. C’est seulement parce qu’ils figurent sur une « liste » d’un vieil « arrêté » datant de 1966 ! À l’époque, cinq syndicats ont été retenus sur une liste officielle : CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC. La liste de ces cinq syndicats qui sont seuls à bénéficier d’une « présomption irréfragable de représentativité » n’a jamais été mise à jour : ainsi ni la FSU, ni l’UNSA, ni Solidaires n’y figurent. Pourtant ces syndicats sont devenus plus représentatifs que la CFTC ou la CGC par exemple. S’en tenir aux « cinq » syndicats « officiellement représentatifs » de la liste pour déterminer si un accord est majoritaire ou non, est donc une fiction. Mais ça ne fait rien, la mystification est reprise sans le moindre état d’âme. (Gérard Filoche)
*COR : Conseil d’Orientation des retraite

REF :
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alternatives économiques ;
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le Monde diplomatique ;
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Fondation Copernic ; Attac ;
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Le Monde, Libération, l’Humanité ;
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Economistes : Liêm Hoang Ngoc,
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Chercheurs : Michel Husson (IRES)
Tag(s) : #politique
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